Le vrai secret de la potion magique
« Le secret de la Potion Magique » est le titre du dernier Astérix sorti hier sur les écrans. Souvent comparés aux irréductibles Gaulois, à quoi carburent les « gilets jaunes » pour leur permettre de tenir péages et ronds-points depuis autant de semaines ? A la popularité : % de soutien dans l’opinion publique selon le dernier sondage Ifop-Fiducial. Les scènes de guérilla urbaine dans Paris le week-end dernier, les déclarations de certains d’entre eux, aussi confuses que leurs parcours personnels, n’y changent rien. Les Français sont derrière eux. Jusqu’à quand ? Selon un autre sondage, réalisé par BVA pour La Tribune, % de nos compatriotes considèrent que le moratoire sur les hausses des prix des carburants est une victoire suffisante pour stopper les manifestations. Soulagement à Matignon, aussitôt douché par la troisième consultation de la journée, signée ELABE/BFM : % des sondés poussent à la poursuite du mouvement ! Le Premier ministre aurait pu la jouer hier après-midi, Vercingétorix à Alésia, mettre un second genou à terre face aux députés en rétablissant l’Impôt sur la Fortune. Mais la victoire aurait été trop belle, le désaveu trop cinglant, pour lui et pour un Emmanuel Macron, accroché à cette réforme comme un premier de cordée à son piolet. Edouard Philippe s’est contenté de plier l’échine, refilant le mistigri à « un comité d’experts et de personnalités qualifiées ». Pas sûr, dans ces conditions, que ce soit suffisant pour siffler la fin du match, mais le butin politique des « gilets jaunes » est déjà important. Bien plus conséquent, en tout cas, que bien des luttes syndicales qui se sont soldées ces dernières années par des zéros pointés, malgré des journées entières à négocier, à défiler, à s’épuiser dans la quête de leur propre Graal, l’inaccessible convergence des luttes. Que faire de toute cette popularité ? La convertir en bulletins dans les urnes ? Alors que certains porte-parole seront élus ce week-end, afin de mieux incarner cette colère incandescente, certains rêvent d’un destin électoral, et ce pas plus tard qu’aux prochaines Européennes. Un cauchemar pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, qui ne veulent pas de cette concurrence. Une aubaine pour un Président de la République qui verrait son opposition émiettée. Pas sûr, toutefois, qu’une majorité de « gilets jaunes » s’engagent dans ce pari démocratique, s’il était tenté. Par crainte de se brûler à un jeu politique, qu’ils critiquent si vigoureusement, depuis le premier jour.