Hanoucca, un message universel d’espérance
Des représentants de marque des trois religions du Livre ont participé à l’allumage oecuménique des bougies, hier soir. Ils portent tous le même message, les mêmes valeurs
L’idée que l’espérance est toujours plus forte que la pulsion morbide de l’obscurité, de l’obscurantisme ». Haïm Korsia, le Grand Rabbin de France, explique le message que porte la fête juive de Hanoucca (notre édition du vendredi 7 décembre) .Ilest venu hier à Menton pour l’allumage oecuménique des bougies de Hanoucca, dans le cadre de la quatrième soirée Musique et Lumière. Avec lui, des représentants des deux autres religions du Livre, le frère Louis-Marie, directeur du Service national pour les relations avec le Judaïsme au sein de la Conférence des évêques de France, Hocine Drouiche, imam à Nîmes, vice-président de la Conférence des imams de France. Ils étaient accompagnés d’un représentant de l’État, Franck Vinesse, secrétaire général adjoint de la préfecture des Alpes-Maritimes.
Message de fraternité
Le message de Hanoucca est universel : « Chacun doit faire ce qu’il peut, là où il est, en ayant confiance et dans les autres et dans l’ensemble de la société, poursuit Haïm Korsia. Et je crois qu’aujourd’hui plus que jamais, la société a besoin d’espérance ». D’où cette célébration qui « rassemble toutes les fois, toutes les espérances, sous le grand parapluie de l’État ». Le frère Louis-Marie est d’accord. Car aux origines de Hanoucca, voilà 2200 ans, il y a un combat « pour la liberté, pour la liberté religieuse, souligne-til. [...] On a aussi un message qui est important: le miracle vient après une action des hommes, et pas non plus pour remplacer leur action. Nous avons aussi notre responsabilité ». Une idée particulièrement importante car « les religions, si elles sont bien vécues, aident l’État à construire la fraternité ».
Valeurs républicaines
C’est la bataille d’Hocine Drouiche. L’imam « combat l’obscurantisme que quelques forces et quelques instances musulmanes veulent nous envoyer contre toute sorte d’humanisme, contre l’ouverture ». Il explique son combat d’une seule traite, d’une voix forte: « L’extrémisme, la radicalité, l’enfermement, existent dans toutes les religions, toutes les cultures. Il suffit juste de les diagnostiquer et de les dénoncer avec courage, de s’y attaquer dès les racines, c’est-à-dire dans les textes religieux eux-mêmes. Dans les interprétations, l’histoire. [...] Je pense que ce qu’on prône tous, ce qu’on vit tous, c’est une même vérité. Mais elle s’exprime de plusieurs façons. [...] Il faut réformer les interprétations. Des textes religieux incitent à la haine et à la violence et ne sont pas compatibles avec l’essence même de la foi ». Et « si on veut appliquer des interprétations obscures de l’histoire, rétrogrades, du Moyen-Âge, on est en train de combattre les valeurs de la République, les valeurs humaines ». Autrement dit, le message
dépasse même le cadre religieux. « Hanoucca s’inscrit aussi dans une tradition historique républicaine, si j’ose dire », explique Franck Vinesse. « Ce combat formidable d’un peuple qui dans un grand mouvement d’espérance a réussi à battre l’ennemi et à imposer les valeurs républicaines, à préserver un idéal républicain »