Pourquoi la Côte d’Azur se rêve en terre à licornes Innovation
Avec l’Ecole de Nice, la Côte d’Azur, terre de créativité, a su porter des talents de renommée internationale. Est-elle en mesure de faire la même chose avec le numérique ?
Qu’ont en commun l’artiste Bernar Venet et Eric Léandri, le fondateur du moteur de recherche qui ne s’intéresse pas à votre vie privée ? Une pensée avant-gardiste, selon ce qui est ressorti des échanges, vendredi, au Mamac à Nice. La trente-troisième Matinale Eco de la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur et de la Région Sud à Paris, dont la vocation est de créer du lien avec les acteurs économiques azuréens et favoriser des opportunités de rencontres business, a fait le pont entre la créativité, l’art et le numérique. Berceau de l’Ecole de Nice, la Côte d’Azur peutelle devenir une terre à licornes? Un artiste et quatre entrepreneurs nous donnent leur point de vue.
. Bernar Venet : la créativité pour moteur
Bernar Venet, artiste plasticien niçois de renommée internationale : « Il y a pas mal de similitudes entre un artiste et un startuper. Le processus créatif est le même. C’est d’abord de l’intuition puis de l’expérimentation et beaucoup de tâtonnements qui aboutissent soit à un raté, soit à un chef-d’oeuvre. Il n’y a pas plus seul qu’un artiste dans son atelier, au même titre que peut l’être un créateur d’entreprise à ses débuts. Et un artiste, c’est quelqu’un qui remet
chaque jour en question ce qui a été fait avant. Les startupers niçois ont-ils la capacité à réinterroger le monde suffisamment pour faire émerger leur école ? Je n’en doute pas. »
. Cédric Messina : se fédérer
Cédric Messina, fondateur de My Coach Sports et coprésident de la French Tech Côte d’Azur : « Devenir une licorne, toute startup en rêve secrètement. Mais de manière plus pragmatique, il faut déjà que nos startups
deviennent des scale-ups. Et pour exister, il faut qu’on soit fédérés. C’est vrai à l’échelle des Alpes-Maritimes avec une cohésion entre les territoires de vie de Nice, Cannes, Grasse et Sophia Antipolis. C’est encore plus vrai au national. Avoir une French Tech Côte d’Azur forte, c’est se donner une chance d’être identifié à Paris. »
. Eric Léandri: défendre ses valeurs
Eric Léandri, CEO de Qwant et co-président de la French
Tech Côte d’Azur : « Trouver de l’argent pour se financer, c’est facile quand on a la bonne idée et/ou le bon produit. C’est trouver de l’argent en gardant toutes ses valeurs qui est plus difficile. Tant qu’on n’aura pas compris en Europe, qu’il vaut mieux cent boîtes qui valent un milliard plutôt qu’un géant, acteur unique sur son marché, parce que ces cent boîtes vont en nourrir d’autres et que cela rend l’écosystème plus fertile, on aura du mal à faire passer certains caps à nos innovations,
même les plus pertinentes. »
. Philippe Peyrard : s’engager
Philippe Peyrard, fondateur d’Ellcie-Healthy: «Tout est question d’engagements. Avec Ellcie-Healthy, les lunettes connectées qui luttent contre l’endormissement au volant, j’ai décidé de faire du 100 % Made in France. Avec ce que cela comporte d’avantages et d’inconvénients. Avantage du capital sympathie que cela provoque aux yeux du grand public, inconvénient de mettre trois mois à faire un moule de production là où trois semaines auraient suffi en Chine. Mais j’ai la certitude de voir mes lunettes assemblées par un adulte consentant plutôt que par un enfant de dix ans. Chaque territoire a le choix des valeurs qu’il veut défendre. Si on veut des licornes comme dans la Silicone valley, il faut s’en donner les moyens. »
. Valérie De Jesus: un combat de chaque jour
Valérie de Jesus, fondatrice de MyFlyingBox : « Monter son entreprise est un combat de chaque jour. On évoque souvent la longue traversée des trois à cinq ans, période où l’on peut prétendre à devenir scale-up, mais en réalité, la dépense d’énergie est nécessaire à chaque étape. Être accompagné permet en revanche de faire des pas de géants. Depuis que je suis hébergée au CEEI à Nice, j’ai pris conscience de beaucoup de choses dans mon business modèle des éléments que j’aurais mis des années à cerner si j’étais restée seule. Je me suis aussi aperçue qu’il y avait aussi beaucoup de femmes qui lançaient leur startup sur la Côte. Et licorne, c’est un mot féminin non ? »