Budget : début des débats au Conseil national
Le Conseil national a entamé hier soir l’examen du budget de l’État pour l’année 2 019. Avec des doléances, des réclamations, mais un fond constructif pour entamer les débats
Acte I hier soir au Conseil national pour l’examen du budget primitif. La première de quatre soirées qui doit mener au vote du budget de l’État pour l’année 2 019. Un primitif au beau fixe, excédentaire pour la septième année consécutive. Des recettes en hausse de 10,6 % (1,346 milliard d’euros) ; des dépenses croissant de 10,4 % (1,342 milliard d’euros). Et un excédent de 3,9 millions d’euros, contre 2 millions d’euros l’an dernier. Pour autant, la majorité a choisi ce temps de la vie institutionnelle pour confronter ses volontés à celles du gouvernement. « Nous serons attentifs à vos réponses à ce rapport, Monsieur le ministre et l’ensemble de mes collègues en tiendra le plus grand compte pour se déterminer lors du vote, le 19 décembre prochain » a formulé, comme un ultimatum, le rapporteur du projet de loi dans l’hémicycle, Balthazar Seydoux. Pour qui, ces quatre soirées sont «un rendez-vous politique majeur pour évaluer la qualité des relations institutionnelles de notre assemblée avec le gouvernement et faire le point sur les avancées primordiales attendues ».
Moment crucial
Le ton est donné et le rapporteur l’aiguise, en ajoutant que «la première année d’un mandat est cruciale si nous voulons lancer des projets structurants». Parmi eux, des avancées attendues sur la rénovation du quartier du Larvotto, la restructuration du centre commercial de Fontvieille, mais aussi « remettre les Jeux au coeur des préoccupations de la SBM ; faire entendre la voix des clients aux actionnaires de Monaco Telecom ; l’égalité salariale entre les hommes et les femmes ; mieux accompagner
nos jeunes et nos aînés ». Point central de cet inventaire à la Prévert dans ce rapport de 46 pages, le logement. « Nous demandons dans le plan logement, que tout ou partie d’une autre réserve foncière soit affecté à des logements pour les Monégasques. Par exemple, des terrains abritant les serres du Jardin exotique, sur lesquels pourrait être construit un immeuble rapidement. Pour le moment, sur ce terrain, sont exposés des cactus qui pourraient très facilement être délocalisés dans les serres, propriété de l’État, sur le territoire français limitrophe » .Autres doléances ? L’extension de la tour projetée à Testimonio II, un bâtiment similaire à Testimonio III, le démarrage rapide de l’opération Ida et du chantier de l’îlot Pasteur à l’arrêt. «Le gouvernement ne semble pas se donner les moyens d’inverser radicalement
la tendance. Quand va-t-il enfin prendre des mesures concrètes pour que les chantiers se déroulent normalement dans ce pays ? » tance Balthazar Seydoux.
Pas de crispation
Point par point, dans sa réponse de 24 pages, le ministre d’État a évoqué ces thématiques assurant qu’il n’y avait pas de « crispation », et expliquant souhaiter « que nous poursuivions notre travail dans un climat courtois et serein, comme de véritables partenaires au service d’une même cause, dans l’intérêt général, en recherchant des solutions équilibrées en composant avec plusieurs types de considérations, parfois contradictoires ». Exemple ? Si Serge Telle a confirmé la volonté du gouvernement de gagner 30 logements supplémentaires dans l’opération
Testimonio II et acter celle de Testimonio III, sur le dossier Ida, il prône la latitude. « Je persiste à penser que notre réflexion actuelle sur un remembrement à l’échelle du quartier est une bonne chose, d’autant plus que nous disposons désormais du foncier nécessaire. Cela n’empêche malheureusement pas qu’il nous faille encore un peu patienter » confirme-t-il. Même chose pour l’éventualité écartée d’un projet domanial sur les serres du Jardin exotique. Par ailleurs, une solution concrète pour livrer un immeuble de 50 logements doit être dévoilée en début d’année. Sur le fond, le gouvernement promet de travailler « très concrètement pour remettre de l’ordre dans les chantiers. Après une phase nécessaire de diagnostic, nous abordons aujourd’hui la question des relations contractuelles. Évitons donc toute caricature sur notre incapacité supposée en la matière, même si, je le réaffirme, nous devons mieux faire ».
Des travaux rapides au Larvotto?
Ainsi, pour la réfection du quartier du Larvotto, le ministre d’État vise à démarrer les travaux le plus tôt possible, à l’automne 2 019. « Nous pourrions profiter de l’apport financier privé de la SAM Anse du Portier » confirme Serge Telle. « La rénovation du complexe balnéaire du Larvotto renforcera significativement la protection du site de par la mise en place de géotubes et la rehausse du niveau des commerces ». Des questions précises, des réponses claires… le climat constructif serait-il à l’ordre du jour dans l’hémicycle ? Les soirées de débat le démontreront. Ou pas. Dans son intervention, le président Stéphane Valeri a réaffirmé qu’il n’y a pas de « surenchère » de la part du Conseil national. « Nous respectons tout simplement nos engagements et notre rôle institutionnel, en défendant des propositions toujours réalistes et raisonnables, qui correspondent aux attentes et aux besoins légitimes des Monégasques et des résidents. Les avancées que nous demandons, se placent dans un contexte d’excédent budgétaire important et de croissance continue du fonds de réserve constitutionnel. Certes, il ne faut pas que le Conseil national confonde vitesse et précipitation. De son côté, le gouvernement ne doit pas confondre le juste temps utile à la réalisation d’actions, avec un risque de lenteur excessive qui pourraient confiner à l’immobilisme ».