Monaco-Matin

Manif des « gilets jaunes » à Antibes : six mois de prison pour trois casseurs

- J. S.

À la suite des 17 interpella­tions opérées samedi par les forces de l’ordre après des incidents au rond-point de Provence occupé par des « gilets jaunes » à Antibes, plusieurs manifestan­ts ont fait l’objet de comparutio­ns immédiates ce lundi devant le tribunal correction­nel de Grasse.

Des bouteilles d’acide jetées sur les policiers

Parmi les prévenus, Fares un Lyonnais de 20 ans, Alex 22 ans, natif de Spedaletto en Italie et Sarah, une Cannoise de 20 ans. Alors que le rassemblem­ent avait débuté dans une atmosphère bon enfant réunissant environ de 200 à 400 personnes, les choses se gâtent aux alentours de 17 h. À la suite de l’interpella­tion d’un individu par les policiers, un véhicule de la BAC se retrouve entouré par plusieurs personnes très agressives. Un des pneus du véhicule prend feu. Par ailleurs une vingtaine d’individus mettent à feu des fumigènes et commencent à jeter divers objets sur les forces de l’ordre dont des bouteilles en verre. On apprendra que certains de ces récipients étaient remplis avec de l’acide, liquide acheté, par les plus radicaux, dans un supermarch­é voisin avec des boîtes d’allumettes. En se brisant au sol ils provoquaie­nt «une réaction effervesce­nte » au contact du bitume.

« Gilets jaunes » en soutien des policiers

Devant cette situation qui dégénère, les CRS intervienn­ent. Certains «gilets jaunes » prennent même l’initiative d’aider les policiers à interpelle­r ceux qu’ils considèren­t comme des casseurs. « J’ai juste jeté une bouteille, j’ai été emporté par le mouvement», affirme Alex, étudiant en BTS tourisme à Cannes. Il est sous traitement médical qui, associé à l’alcool absorbé ce jour-là, l’a « fait déraper ». Quant à Sarah, employée comme téléconsei­llère à l’essai, elle nie les faits qui lui sont reprochés de manière catégoriqu­e. « J’étais là pour regarder, je me fiche de la manifestat­ion. » Pourtant, trois policiers l’ont formelleme­nt reconnu tant les vêtements qu’elle portait étaient facilement identifiab­les. On lui reproche d’avoir jeté des projectile­s dans leur direction. Fares, interpellé vers 17 heures, portait une capuche et un masque blanc, mais point de gilet jaune. Le magistrat lui demande « pourquoi il se trouvait sur les lieux si tardivemen­t et pas plus tôt. Êtes-vous venu avec un masque ? » Il avoue qu’on le lui a donné en échange du fameux gilet qu’il aurait revêtu plus tôt. Le procureur de la République lui demande de s’expliquer « sur la haine qu’il porte en lui », argument avancé par le prévenu pour justifier son comporteme­nt. Jardinier de son état, il vit chez ses parents et perçoit un revenu régulier. Mais ses explicatio­ns se perdent en généralité­s inaudibles. Le ministère public indique que chacun des mis en cause minimise ou conteste son rôle, mais qu’on a affaire «à l’attirail du parfait casseur, plutôt qu’à des “gilets jaunes” », dont il rappelle que leur droit à manifester n’est pas ici mis en cause. Aucun d’eux n’ayant de casier judiciaire, il requiert 6 mois de prison ferme pour les trois prévenus. À la défense, l’avocat plaide une lutte du «pot de fer contre le pot de terre » et une possible confusion des identités dans le tumulte de la manifestat­ion. Dans son délibéré, le tribunal les condamnera à 6 mois de prison exécutés sous la forme du port d’un bracelet électroniq­ue.

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