Pas la foule à l’ouverture des soldes
Bien qu’avantagés en débutant les soldes d’hiver quelques jours avant la France, les commerçants locaux constatent l’effritement progressif de l’engouement des clients pour ces périodes de prix cassés
Les alertes mails et SMS se comptent par dizaines. À une poignée de jours du top départ des soldes en France, les boîtes de réception débordent de réductions racoleuses, proposant aux clients fidèles des avant-premières avant le jour J. Les poussant ainsi à dépenser leurs étrennes ou une partie de leur prime de Noël. À Monaco – à la grande (et traditionnelle) désolation des commerçants français – les soldes ont débuté hier matin et vont durer jusqu’au 15 février. Dans un calme relatif, à des années-lumière des euphories collectives d’antan. Oui, les soldes ne sont plus un événement en soi. « Avant, les trois premiers jours, il y avait la queue en dehors du magasin. On était obligés de mettre des vigiles pour gérer tout cela, se remémore San Machado, vendeuse depuis quinze ans chez Diesel, rue Grimaldi. On n’était pas que trois employés comme maintenant mais au moins cinq. Il y avait une certaine adrénaline et on prenait des chaussures adaptées pour courir dans tous les sens. Les soldes, c’est fini…»
Des habitudes d’achat qui changent
Un engouement qui s’effrite déjà depuis quelques années, notamment à cause du commerce en ligne, lequel a franchement bouleversé les habitudes de consommation. Et des ristournes proposées quasiment toute l’année à destination du chaland enregistré dans un fichier clients. « Le Black Friday aussi, d’un point de vue marketing, est puissant. Après les fêtes de Noël, les gens n’ont pas forcément tous envie de renouveler l’expérience», souffle une autre commerçante de l’artère monégasque. Mais la présence en magasin est encore rassurante, les clients aimant être conseillés. Alors que les commerces d’à-côté ont dégainé les affiches tapageuses sur lesquelles des pourcentages démesurés (jusqu’à -70 %, parfois) fleurissent, la petite échoppe de Kiwi n’a rien affiché. Et pourtant, la boutique ne désemplit pas. « On n’a rien affiché pour les soldes car la maison mère n’a pas encore donné ses directives. On a ce qu’on appelle des prix ronds», précise Laurence, la responsable, insistant sur la sémantique. Ainsi, un maillot de bain à 110 euros n’en vaut plus que 40. Une belle affaire à quelques mois des premières trempettes.
Un Happy-hour en plus des soldes
D’autres enseignes, surtout les franchisés à vrai dire, envoient du lourd dès le début. Et tous les moyens sont bons pour augmenter le flux. Dans la galerie de Fontvieille, Camaïeu a imaginé un Happy Hour valable vingt-quatre heures : -10% supplémentaires sur tout le magasin dès trois articles achetés, dont la nouvelle collection. Et ce, en complément des soldes. « C’est une opération pour booster, pour augmenter le trafic et ça marche », se réjouit Sandy, responsable du magasin. Laquelle avoue toutefois qu’il y a de moins en moins de monde dans les magasins. «Showroom et Amazon nous ont achevés. En un clic, les clients font leur panier. Les gens ne payent plus au prix fort. Il y a trop de remises tout le temps. Camaïeu pense à en faire moins dans l’année…» Une chose est sûre, si le désintéressement est bel et bien croissant, Monaco bénéficie de quelques jours d’avance salutaires sur la France. «C’est clairement un avantage puisque la clientèle française et italienne vient à Monaco, admet Jean-Pierre Lê, responsable non-alimentation chez Carrefour Monaco, présent hier pour superviser la délocalisation d’une kyrielle de produits soldés dans le passage de la galerie. Les années où on a commencé en même temps, il y a eu une baisse du chiffre d’affaires.»