Ces épaves dont plus personne ne veut
A Nice, la filière de démolition se retrouve dans une impasse alors que les décharges sont saturées. Les autos incendiées de la Saint-Sylvestre n’arrangent pas la situation et encombrent les fourrières
Démolisseurs, fourrières, entreprises de broyage… l’ensemble des professionnels chargés du recyclage et de la démolition des automobiles se retrouve dans une situation de blocage inédite. Les épaves de voitures s’accumulent, des salariés se retrouvent en chômage technique et les pouvoirs publics font la sourde oreille… Une situation qui a débuté en septembre, selon David Ferraro, responsable d’exploitation du broyeur de Derichebourg à Carros et de cinq sites périphériques dans la région niçoise : «L’État ne veut plus qu’on enfouisse nos déchets ultimes. Les quotas seraient atteints.» Le broyeur étant contraint à l’arrêt, une quarantaine de salariés ont été priés de solder leurs congés. « Nous allons devoir mettre du personnel en chômage partiel» ,se résout David Ferraro. Il n’y a pas si longtemps, six à sept camions sortaient chaque jour du site de Carros chargés de résidus de broyage.
entreprises au ralenti
Même inquiétude à la Sneg, la société exploitant la fourrière à Nice. «Si la situation ne s’arrange pas, dans dix jours, nous serons saturés », prévient Serge Luciano. Un délai légal contraint les fourrières à garder les épaves au minimum un mois. La Prom’Classic, course pédestre niçoise, et son afflux de voitures enlevées approchent à grand pas. La Ville a été alertée, à (Photo Cyril Dodergny) l’instar de la Région et de l’État sur cette situation kafkaïenne. Les fédérations des entreprises de recyclage, de la filière déchets et des activités de dépollution, soit 400 sociétés, ont rencontré un représentant du conseil régional et exposé leurs propositions en fin d’année pour décrocher 35 000 tonnes complémentaires de capacité de stockage. Mais aucune autorisation n’a été délivrée pour que d’autres sites accueillent ces 5 % de déchets ultimes alors que le reste de la ferraille est revendu aux aciéries. Les opérateurs évaluent « le déficit de capacité de stockage sur la région à 350 000 tonnes pour 2019. » « Les restrictions que nous subissons conduisent déjà à des dangers d’incendie », déplore un casseur automobile. « C’est absurde : avec les primes à la conversion, on pousse les gens à troquer leur vieille voiture contre une neuve. Mais on n’a plus les moyens de gérer cet afflux de véhicules. » Un autre casseur confie avoir refusé vingt véhicules, hier. La filière de recyclage du petit électroménager est également affectée par ces centres d’enfouissement saturés. Machines à laver au rebut et réfrigérateurs hors service ne vont pas non plus tarder à s’accumuler.