Monaco-Matin

Ces épaves dont plus personne ne veut

A Nice, la filière de démolition se retrouve dans une impasse alors que les décharges sont saturées. Les autos incendiées de la Saint-Sylvestre n’arrangent pas la situation et encombrent les fourrières

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Démolisseu­rs, fourrières, entreprise­s de broyage… l’ensemble des profession­nels chargés du recyclage et de la démolition des automobile­s se retrouve dans une situation de blocage inédite. Les épaves de voitures s’accumulent, des salariés se retrouvent en chômage technique et les pouvoirs publics font la sourde oreille… Une situation qui a débuté en septembre, selon David Ferraro, responsabl­e d’exploitati­on du broyeur de Derichebou­rg à Carros et de cinq sites périphériq­ues dans la région niçoise : «L’État ne veut plus qu’on enfouisse nos déchets ultimes. Les quotas seraient atteints.» Le broyeur étant contraint à l’arrêt, une quarantain­e de salariés ont été priés de solder leurs congés. « Nous allons devoir mettre du personnel en chômage partiel» ,se résout David Ferraro. Il n’y a pas si longtemps, six à sept camions sortaient chaque jour du site de Carros chargés de résidus de broyage.

 entreprise­s au ralenti

Même inquiétude à la Sneg, la société exploitant la fourrière à Nice. «Si la situation ne s’arrange pas, dans dix jours, nous serons saturés », prévient Serge Luciano. Un délai légal contraint les fourrières à garder les épaves au minimum un mois. La Prom’Classic, course pédestre niçoise, et son afflux de voitures enlevées approchent à grand pas. La Ville a été alertée, à (Photo Cyril Dodergny) l’instar de la Région et de l’État sur cette situation kafkaïenne. Les fédération­s des entreprise­s de recyclage, de la filière déchets et des activités de dépollutio­n, soit 400 sociétés, ont rencontré un représenta­nt du conseil régional et exposé leurs propositio­ns en fin d’année pour décrocher 35 000 tonnes complément­aires de capacité de stockage. Mais aucune autorisati­on n’a été délivrée pour que d’autres sites accueillen­t ces 5 % de déchets ultimes alors que le reste de la ferraille est revendu aux aciéries. Les opérateurs évaluent « le déficit de capacité de stockage sur la région à 350 000 tonnes pour 2019. » « Les restrictio­ns que nous subissons conduisent déjà à des dangers d’incendie », déplore un casseur automobile. « C’est absurde : avec les primes à la conversion, on pousse les gens à troquer leur vieille voiture contre une neuve. Mais on n’a plus les moyens de gérer cet afflux de véhicules. » Un autre casseur confie avoir refusé vingt véhicules, hier. La filière de recyclage du petit électromén­ager est également affectée par ces centres d’enfouissem­ent saturés. Machines à laver au rebut et réfrigérat­eurs hors service ne vont pas non plus tarder à s’accumuler.

 ??  ?? Conséquenc­e de la fermeture des centres d’enfouissem­ent des déchets dans les Bouches-du-Rhônoe, deux des sites de la fourrière de Nice sont saturés. Le troisième, route de Grenoble (notre photo), est en passe de l’être.
Conséquenc­e de la fermeture des centres d’enfouissem­ent des déchets dans les Bouches-du-Rhônoe, deux des sites de la fourrière de Nice sont saturés. Le troisième, route de Grenoble (notre photo), est en passe de l’être.

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