Belvédère: il était une fois Alain Grinda et la nature
Cet ancien inspecteur de l’Éducation nationale est devenu écrivain. Son amour de la montagne l’a poussé à revenir sur les terres de son enfance et alimente son oeuvre
Il était une fois, là-haut, dans les montagnes du Mercantour, l’arrivée d’un petit d’homme dans le village de Belvédère. Maman vivait là depuis toujours, comme ses aïeux avant elle, papa avait quitté La Croix-sur-Roudoule pour rejoindre sa bien aimée et élever des chèvres. Il se nommait Alain Fournier et c’était le début des années 1940. Le petit Alain grandit au village, joue avec ses copains et surtout accompagne son oncle Ernest. « Je le suivais quand il fauchait le foin avec la faux, j’allais au moulin à farine… », raconte le Belvédérois.
Retour aux origines
Dans ces prés où l’oncle travaillait, à côté du torrent, se trouvait une jolie grange en pierres. Le jeune Alain pouvait-il savoir qu’il finirait par l’acheter, des décennies plus tard ? Mais, bien avant d’en arriver là, le jeune garçon apprit le baverenc (le belvédérois) avec ses parents. « Avant les années 1960, chez les commerçants, on parlait plus le baverenc que le français. » Par la suite, il devint instituteur en poste dans le village voisin de Lantosque, puis inspecteur de l’Éducation nationale et quitta ses montagnes pour Lyon, Vénissieux, Miramas, Aix-en-Provence. Mais ses douces montagnes l’appelaient, lui criaient de revenir, ce qu’il fit à sa retraite. Entre-temps, Alain est devenu artiste et porte le nom de Grinda. Ici, en pleine nature, sur les hauteurs de Belvédère, il trouve l’inspiration. Il écrit, conte, dessine, s’occupe de ses chèvres et partage de nombreuses passions avec son épouse Denise. Amoureux de la nature, il parcourt le Mercantour. « J’ai l’amour de la nature, la montagne, les Alpes. Le parc du Mercantour est une chose magnifique, c’est une protection de la nature. »
Gardien du passé
Depuis de nombreuses années, Alain a écrit plus d’une douzaine d’ouvrages et conté dans de nombreux festivals. Plusieurs de ses livres sont des hommages à son village et certains de ses villageois ; Pour n’en citer que quelquesunes : Une semaine de contes dans le Mercantour (coécrit avec François Barré, aux éditions de l’Harmattan), Terres hautes (aux éditions Giletta), Les racontars du Mercantour (aux éditions Baies des Anges), Les signes (éditons Baies des Anges). La grange de l’oncle est devenue un lieu de rencontre pour les conteurs, sans électricité, avec seul accès pédestre, entourée d’hectares protégés, elle témoigne d’une vie disparue. « Je ne conte pas ce que j’écris, l’oral et l’écrit sont deux choses parallèles. Conter c’est un filet d’amour que le conteur tisse sur son public. Quand on conte on peut changer le débit, l’intonation mais pas les mots. Je me sers des réactions des gens, je regarde l’expression de leurs visages, leur regard. C’est le public qui fait le conte», explique l’artiste. Avec son ami Roger Roux, agriculteur bio à La Tour-sur-Tinée, il crée des contes musicaux. Alain écrit les textes et Roger compose musique et chansons. Un chapeau de feutre toujours vissé sur la tête caractérise ce conteur. Tient-il au chaud son imagination fertile ? Il y a un lieu qu’Alain s’attache à faire vivre, c’est son village, Belvédère. En lien avec l’office du tourisme, il a participé à la création d’une boîte à livres sur l’une des placettes, l’organisation de la nuit du conte, les journées du livre de montagne, le festival Lire les Montagnes. Et quand on parle de projets… Alain, s’est lancé dans l’écriture d’un polar !