Maires ou «gilets jaunes», à chacun ses doléances Région niçoise
Les remontrances des Français doivent êtres envoyées au gouvernement. Une initiative des maires ruraux, suivie par d’autres communes. Mais aussi sur les ronds-points…
En ce début d’année, la boîte aux lettres du gouvernement risque d’être chargée. Il devrait recevoir sous peu de nombreux cahiers de doléances, envoyés de partout en France. En premier lieu, ceux des maires ruraux, qui sont passés à l’action le 5 décembre. En pleine explosion du mouvement « gilets jaunes », leur association appelait ses élus à ouvrir leurs portes. Histoire de récolter et transmettre les remontrances de ceux qui ne sont jamais entendus. Mais aussi rappeler au pouvoir central l’importance des communes, « socles de la démocratie, en particulier lorsque les institutions sont contestées », souligne Jean-Paul David, maire de Guillaumes et président de l’Association des maires ruraux des Alpes-Maritimes (Amram). Ce que l’État a tendance à oublier, selon lui : « Cela fait des années que nous, les maires, disons que la situation se dégrade. Cette souffrance des territoires, on ne l’a pas découverte avec les “gilets jaunes”. »
Moteur à hydrogène
Une vingtaine de communes du département ont déjà relayé des remontrances allant jusqu’à une trentaine de contributions dans certaines mairies. L’important, c’est que « le débat a eu lieu » ,retient Éric Ottino) Jean-Paul David et que les citoyens se sont « réappropriés la démocratie. » Pour ce qui est du contenu, «Peu de sujets locaux, relève l’Amram. Il est un peu question du pouvoir d’achat, mais c’est clair : les deux gros thèmes de la ruralité sont la mobilité et la santé. » On peut par exemple lire dans la synthèse qui a été envoyée à Nice-Matin : « Prix du carburant en milieu rural intolérable [qui] étrangle les professionnels de santé exerçant en libéral, les étudiants et toute la population rurale d’une manière générale ». Pour le reste, le document est à l’image des revendications des « gilets jaunes », hétéroclites : modification du trajet du bus NiceEntraunes, suppression de la loi contre la fessée, développement du moteur à hydrogène, baisse des taxes, recours au référendum pour les lois, la fin des « privilèges » des parlementaires… Ou encore : «L’élu rural en a assez d’être considéré uniquement comme le larbin de l’État. Nous souhaitons moins de centralisation.» «Ce n’est pas moi qui l’ai écrite, sourit Jean-Paul David, mais je le pense. Les habitants perçoivent que le maire a perdu son pouvoir. Aujourd’hui, il lui est impossible d’agir au quotidien à cause de tel texte ou telle norme. C’est pour ça que la loi ne peut pas être la même partout, il faut une réforme constitutionnelle pour y inscrire la différenciation.» À voir si le gouvernement sera réceptif…
L’élu rural en a assez d’être le larbin de l’État ”