Monaco-Matin

Les «gilets jaunes» ont investi l’hôpital Saint-Roch

Hier dans le bâtiment désaffecté à Nice, une douzaine de militants voulaient permettre l’hébergemen­t de deux familles SDF et promouvoir le Ric. La police les a délogés dans la soirée

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

L’appel a été lancé hier après-midi sur les réseaux sociaux. Les « gilets jaunes » étaient attendus à l’hôpital Saint-Roch. Le but ? « Promouvoir le Ric en toutes matières en offrant un espace de débats dédié aux “gilets jaunes” », pouvaiton lire sur leur communiqué. Pour vérifier l’informatio­n, Nice-Matin y est allé en avance et a vécu l’événement, comme un «gilet jaune », au sein du bâtiment. A 17 h 30, ils n’étaient qu’une poignée à l’intérieur à préparer le terrain. Pour la réunion. Mais aussi la conférence de presse prévue à 20 heures. Sous la verrière de l’hôpital désaffecté, la douzaine de « gilets jaunes » avait installé une table avec de quoi boire et manger. Audessus était accroché un tableau Veleda avec inscrit « Ric » (référendum d’initiative citoyenne).

Habitués du rondpoint Saint-Isidore

On a tenté quelques questions sur leurs motivation­s. Leur identité. Mais aucune info n’a fuité. « On ne dira rien avant 20 heures», trancha l’une des militantes. Il fallait attendre. Observer. Nouer le dialogue. C’est ainsi qu’on a rencontré Svetlana, 41 ans. Défenseuse des droits des femmes se présentant comme SDF. «La nuit je dors dans le bureau « Ca fait dix jours qu’on est là, on tiendra jusqu’au bout », promettait Jo,  ans. d’un ami, la journée je Saint-Isidore. C’est là qu’il a d’y installer deux familles suis à la rue», confie-t-elle. rencontré les « gilets jaunes » de SDF. Ca fait dix jours qu’on Mais aussi Bruno qui vit avec venus lui prêter main-forte est là et on tiendra jusqu’au 600 euros par mois de retraite. hier soir. «Les ronds-points bout. » Et qui, comme Marguerite sont tous en train de se faire Dans l’hôpital, deux chambres est «obligé» de travailler dégager, fait observer cet avaient été sommaireme­nt encore pour vivre. actif. On a choisi un autre aménagées. L’une, Ou encore Jo 56 ans, qui lieu, symbolique. Tout le avec deux matelas, des ne veut pas être considéré monde connaît l’hôpital SaintRoch. coussins de fortune et une comme l’organisate­ur, mais Et, comme on considère valise rouge. veille sur la troupe. que le gouverneme­nt ne L’autre, juste avec un couchage. Il était sur le rond-point de fait pas son travail, on a décidé Mais aucune famille (Photo Cyril Dodergny)

n’était présente pour témoigner. L’électricit­é y avait été rétablie. Et l’air était un peu plus chaud que sous la verrière glacée, dans le hall sombre, à peine éclairé par des lampadaire­s. Au sol, un gilet jaune géant que Tarik est allé accrocher sur la façade de l’hôpital en déjouant les accès condamnés.

Une dizaine de personnes évacuées

Cette action «coup-depoing », Jo en était fier. Il croyait que la police arrivée sur les lieux à 18 h 30 ne pouvait les déloger grâce à la trêve hivernale. «Les “gilets jaunes” ont investi un local privé sans droit ni titre qui appartient à l’hôpital, a objecté hier soir la préfecture des Alpes-Maritimes. Le propriétai­re a saisi le préfet pour le concours de la force publique proportion­née au nombre de personnes. Celle-ci a été accordée par le préfet et a conduit à l’évacuation d’une dizaine de personnes. » Dès 19 heures, huit policiers ont franchi la porte. Ils sont restés à l’entrée. Filtrant les accès. Écartant la presse. Empêchant la dizaine de « gilets jaunes» restés dehors d’entrer. Et ceux, sortis brièvement, de rentrer à nouveau. Invitant les manifestan­ts à libérer les lieux… sans succès. Ce n’est qu’une heure et demie plus tard que les policiers ont pu les déloger avec, au préalable, un contrôle d’identité. Et à ceux qui ne voulaient pas s’y soumettre, l’assurance d’une nuit au poste. (1) Les prénoms ont été modifiés à leur demande.

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