L’exécutif en quête d’un nouveau souffle
Déterminés à relancer les réformes après la tempête des « gilets jaunes », Macron et Philippe vont fixer les priorités, aujourd’hui, lors d’un Conseil des ministres
Comme le veut la tradition, les membres du gouvernement se réuniront dans la matinée au ministère de l’Intérieur, place Beauvau, avant de rejoindre à pied l’Elysée, tout proche, pour tenir leur premier Conseil des ministres de l’année.
Dans quel état d’esprit ?
Emmanuel Macron a été clair en présentant ses voeux lundi : « Je suis au travail » et « déterminé à mener tous les combats présents et à venir ». Une détermination relayée par la majorité présidentielle : « On a reçu un mandat de manière très claire de la part des Français pour réformer, il faut continuer à le faire », plaide la porte-parole des députés LREM Aurore Bergé. La tâche est cependant rendue plus ardue par la forte impopularité de l’exécutif. Et le fait d’avoir donné en partie satisfaction aux « gilets jaunes » pourrait encourager d’autres résistances (soignants, enseignants, etc.)
Quelles réformes ?
Dans ses voeux, Emmanuel Macron a listé trois axes de réforme : « changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin d’inciter à la reprise du travail », organiser « le secteur public pour le rendre plus efficace » et réformer « notre système de retraite pour le rendre plus juste ». Elles s’annoncent cependant difficiles politiquement et socialement à mettre en oeuvre. Le quinquennat va « entrer véritablement dans le dur », a estimé, hier, le ministre des Finances Bruno Le Maire. Pour lui, « 2019 doit être l’année des choix décisifs pour notre pays ». Pour l’assurance chômage, les points de friction restent nombreux entre syndicats et patronat, qui ont jusqu’au 22 février pour trouver un terrain d’entente. La réforme de la fonction publique a également pris du retard, repoussée à février avec un discours d’Emmanuel Macron devant les 1 800 plus hauts fonctionnaires. Quant au dossier « retraites », la concertation a là aussi pris du retard et le texte ne devrait pas être déposé avant les élections européennes de mai.
Quid de la réforme de la Constitution ?
Repoussée en juillet à cause de l’affaire Benalla, elle devrait attendre la fin du « Grand Débat » pour tenir compte des revendications des « gilets jaunes » pour une démocratie plus directe et représentative, notamment avec l’instauration de référendum d’initiative citoyenne (Ric). Le calendrier reste également flou pour l’examen de deux dossiers délicats : la bioéthique, avec la question de la PMA, et les relations entre l’Etat et les religions (financement de l’islam, laïcité).
Quelle place pour l’international ?
Très actif sur la scène internationale depuis le début de son mandat, Emmanuel Macron devrait réduire le nombre de ses déplacements à l’étranger en ce début d’année pour se consacrer à la gestion de l’après-« gilets jaunes ». Mais, à l’approche des élections européennes, il entend proposer « dans les prochaines semaines » aux Français « un projet européen renouvelé ».