Monaco-Matin

Zéro alcool en janvier : les vertus du « Dry January »

Lancé outre-Manche en 2013, le « janvier sec » est un défi populaire consistant après les excès des fêtes, à ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois

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Un mois de sobriété après les excès des fêtes : ce défi de plus en plus populaire au Royaume-Uni commence à faire des émules en France, une « bonne résolution » encouragée par les acteurs de la lutte contre les méfaits de l’alcool. « Cette initiative avait un écho relativeme­nt faible en France les dernières années, mais elle semble prendre un peu plus. Il s’agit de la soutenir et de la promouvoir », observe Jean-Michel Delile, psychiatre et président de Fédération Addiction. Lancé outre-Manche en 2013 par l’associatio­n Alcohol Concern, le Dry January, ou « janvier sec », consiste à ne pas boire une goutte d’alcool pendant tout le premier mois de l’année. En 2018, quatre millions de Britanniqu­es y ont participé et plus de cent mille se sont inscrits sur le site de l’opération ou ont téléchargé l’applicatio­n associée, selon l’associatio­n, rebaptisée depuis Alcohol Change UK. Un succès qui s’explique par l’objectif « pragmatiqu­e » du défi, qui «ne diabolise pas la consommati­on d’alcool » en soi, selon Jean-Michel Delile. L’aspect ludique et communauta­ire aide aussi, explique à l’Agence France Presse (AFP) le Pr Michel Reynaud, président du Fonds actions addictions : « C’est une façon intelligen­te d’utiliser les réseaux sociaux, avec des groupes de gens qui s’entraident. C’est plus facile que d’arrêter tout seul. »

« Pas un gadget »

Pour autant, « ce n’est pas un gadget, c’est une très importante initiative de santé qui a fait la preuve de son efficacité », ajoute le psychiatre et addictolog­ue. Les effets de ce mois d’abstinence se font, en effet, ressentir sur la consommati­on d’alcool le reste de l’année, d’après une enquête auprès de huit cents participan­ts au Dry January de 2018, réalisée par un psychologu­e de l’université du Sussex en partenaria­t avec Alcohol Change UK. En août, les personnes interrogée­s déclaraien­t boire en moyenne trois jours par semaine, contre environ quatre auparavant, et avoir été ivres deux fois dans le mois, au lieu d’un peu plus de trois fois. Le nombre de doses d’alcool consommées a, lui aussi, décliné. « Ne pas boire d’alcool pendant trente et un jours nous montre que nous n’avons pas besoin d’alcool pour nous amuser, nous détendre et être sociable », analyse Richard Piper, directeur d’Alcohol Change UK. Si l’on connaît les risques pour la santé à long terme associés à la consommati­on d’alcool (cancer, maladies du foie, etc.), ce mois «àsec» est aussi l’occasion de se rendre compte des « bénéfices plus immédiats » de la sobriété, ajoute-t-il, dans un communiqué de l’université du Sussex. Quatre-vingt-huit pour cent des participan­ts à l’étude estimaient avoir économisé de l’argent, tandis que 71 % affirmaien­t mieux dormir. Une majorité jugeait aussi avoir plus d’énergie, avoir perdu du poids ou encore avoir une peau de meilleure qualité. Rappelons, enfin, que l’abus d’alcool est à l’origine d’un peu moins de 50 000 décès par an en France.

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(Photo François Vignola) Ne plus accepter une goutte d’alcool pendant trente et un jours après les excès des fêtes : ce défi, particuliè­rement prisé au RoyaumeUni commence à faire des émules en France.

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