Monaco-Matin

DAKAR (- JANVIER) « Envie de me challenger »

Vainqueur de l’Africa Race 2018, Mathieu Serradori change de cap. Sept ans après son ultime Dakar sur deux roues, le pilote fréjusien du Buggy SRT veut se frotter au gratin de la discipline

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Mercredi, au lieu de chasser le chrono dans le désert marocain, du côté d’Agdal, il a pris la voie des airs... Au revoir Fréjus, destinatio­n Lima pour Mathieu Serradori. Douze mois après avoir décroché la lune au lac Rose, le lauréat varois de l’Africa Eco Race  franchit à nouveau l’Atlantique. Retour à la case Dakar, là où l’aventure taille XXL de ce dévoreur de grands espaces avait débuté il y a dix ans au guidon d’une Beta ( participat­ions en moto). N’ayant plus rien à prouver sur le front africain, où la concurrenc­e sonne creux, celui-ci a décidé de lancer crânement son Buggy et son équipe familiale dans le sillage des cadors du rallye-raid. Avec le numéro ... et l’ambition légitime de faire parler de lui au Pérou.

Mathieu, quand et comment a germé l’idée de remettre le cap sur le Dakar ? La décision a été prise assez tard. Choix entériné fin septembre, juste après notre participat­ion à la Turkmen Desert Race. Tout simplement, des concurrent­s qui souhaitaie­nt disputer le Dakar  ont sollicité notre team. Pour le SRT (Serradori Racing Team, ndlr), c’est donc l’occasion de se structurer. De grandir, quoi ! Au Pérou, nous alignons trois véhicules. Mon ami corse Mika Pisano, copiloté par Valentin Sarreaud, a le même Buggy LCR  que moi. Jean-Rémy Bergounhe et le très expériment­é Patrick Sireyjol évolueront quant à eux à bord d’un Polaris RZR .

Vous n’aviez pas envie de viser la passe de deux sur les tablettes de l’Africa Race ? Bon, moi, vous le savez, j’aime beaucoup cette épreuve. On a enchaîné cinq participat­ions. Mais, voilà, je voulais aussi voir autre chose, me frotter à une concurrenc­e plus affûtée. Le gratin de la discipline figure à l’affiche du Dakar. Alors, quelque part, on y va pour jauger notre potentiel par rapport à toutes ces références.

Quels souvenirs gardezvous de vos trois Dakar à moto? Que des belles images. La première fois conserve une place à part, bien sûr. Dix ans déjà ! Comment oublier ? En  ,ce fut une découverte intense et éprouvante. En arrivant, je n’imaginais pas trouver un parcours aussi difficile, aussi technique... Deux semaines, treize étapes : ça m’avait paru long. D’autant plus que je m’étais blessé à l’épaule, environ à mi-chemin. Mais pas question d’en rester là. J’y suis retourné !

Et alors ?  ? Mon meilleur résultat ! au général et

amateur. Deux ans après le baptême du feu, la progressio­n s’avérait spectacula­ire. Et puis l’année d’après, je finis De l’édition , je me rappelle notamment de la traversée du désert péruvien. Des montagnes de sable assez différente­s de celles que l’on rencontre côté africain. Michaël Pisano était déjà votre coéquipier à l’époque ? Eh oui ! En , lui et moi étions réunis sous la bannière du team auvergnat Meca’System Racing. Donc, c’est chouette de faire à nouveau un bout de route ensemble. On se connaît très bien. Je suis le parrain de son fils. Mika, lui, il est passé sur quatre roues il y a deux ans, en disputant l’Africa Race. Son projet lancé pour découvrir le Dakar a abouti. Le mien, pour y retourner , également. Tant mieux !

Vainqueur de l’Africa Race,

du Silk Way : on peut dire que le bilan de l’année  est à la hauteur de vos espérances, non ? En effet. Difficile de rêver mieux. Avec Fabian Lurquin, mon copilote, nous tenions vraiment à décrocher cette victoire à Dakar. Ensuite, notre première expérience au Silk Way n’a pas été de tout repos, d’accord. Mais on s’invite quand même sur le podium final, en décrochant une victoire d’étape. Et puis je suis content d’avoir participé à la édition de la Turkmen Desert Race. Malgré cette transmissi­on cassée qui brise notre élan le deuxième jour, on remporte la catégorie  roues motrices. De quoi aussi engranger de l’expérience et tester quelques réglages en vue de l’échéance majuscule se profilant droit devant.

Votre Buggy, il a évolué un peu ou beaucoup depuis l’Africa Race? Nous avons grappillé un peu de poids. Mais l’essentiel de notre travail conclu cet automne lors d’un test à ChâteauLas­tours a porté sur les suspension­s. Bref, normalemen­t, on devrait gagner en efficacité et en fiabilité.

Et le pilote ? A-t-il effectué une préparatio­n spéciale ? Oui, là, j’ai mis le paquet avec un coach spécialisé : CrossFit, gainage, renforceme­nt musculaire... Il fallait renforcer la caisse, comme on dit ! Mission accomplie. Je me sens prêt à enclencher la vitesse supérieure.

Au Pérou, il y aura beaucoup de sable. Un terrain taillé sur mesure pour le Buggy ? Complèteme­nt. Sur le papier, le parcours favorise les autos comme la nôtre. Mais vous savez, les dunes, le franchisse­ment, c’est compliqué pour tout le monde. Chaque jour, ce sera dur. Il y aura des surprises, des rebondisse­ments. Moi, j’y vais avec l’ambition de jeter toutes mes forces dans la bataille. En espérant réaliser des petits coups d’éclat si possible. Mais en sachant aussi pertinemme­nt que des gars comme Peterhanse­l, Loeb, Al-Attiyah, entre autres, sont intouchabl­es à la régulière.

Il paraît que le sable péruvien est plus meuble, plus vicieux. Vous confirmez ? C’est vrai que les dunes n’ont pas les mêmes caractéris­tiques qu’en Afrique. Moi, je connais bien celles de Mauritanie. Elles sont immenses mais les pentes s’avèrent assez régulières. Les profils aussi. En Amérique du Sud, nul doute qu’il faudra être hyper vigilant. Après, concernant la nature du sable, franchemen­t, s’il est plus mou qu’à Atar et Chinguetti, personne ne passera...

Selon une rumeur persistant­e, le Dakar pourrait revenir en Afrique dès l’an prochain. Info ou intox ? Moi, je pense que c’est compliqué. À si court terme, ça me semble difficile de l’envisager. Mais les gens qui veulent rouler au Maroc, en Mauritanie et au Sénégal peuvent opter les yeux fermés pour l’Africa Eco Race. Cette course se déroule sans aucun problème depuis onze ans.

L’Afrique va vous manquer, avouez-le... Oui, sûr et certain. Ce ne sera pas le même décor, pas la même ambiance. Ce qui me pousse vers le Pérou, c’est l’envie de me challenger ! Regardez mon adversaire numéro  : Vladimir Vasilyev à Dakar en , puis en ). Lui aussi franchit l’Atlantique. Il intègre le team Toyota officiel. Voilà, je veux voir où je me situe, et de quoi mon équipe est capable. Là-bas, on va chercher la confrontat­ion, la compétitio­n.

Votre objectif ? Le top  final, c’est possible ? Pourquoi pas ? Nous nous sommes préparés très sérieuseme­nt. On a les armes pour viser haut. Finir ce premier Dakar sur quatre roues en Amérique du Sud parmi les dix meilleurs, ce serait un super résultat. Mais s’il y a un bon coup à jouer un jour ou l’autre, comptez sur nous pour faire le maximum...

On a les armes pour viser haut ”

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Mathieu Serradori (ci-contre à droite) et Fabian Lurquin changent de continent. Cap sur le Pérou ! Un bac à sable taillé sur mesure pour leur Buggy.
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