La chasse à la glu confortée dans les Alpes-Maritimes
Le Conseil d’Etat l’a validée dans presque toute la région à la suite d’un recours déposé par la Ligue de protection des oiseaux. L’association vient de saisir la commission européenne
Le Conseil d’État a validé la chasse à la glu dans la quasi-totalité de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur: dans les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse. C’est la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui avait déposé un recours contre cette technique de chasse dans la région qui utilise de la glu pour attraper certains petits oiseaux, comme les grives et les merles noirs. Des volatiles capturés grâce à de la « colle » enduite sur les branches d’arbre ou sur des baguettes. Mais la LPO a perdu une bataille, pas la guerre. « Nous avons saisi la commission européenne qui s’est déjà retournée vers la France pour demander des comptes en ouvrant un précontentieux », révèle Yves Verilhac, directeur général de la Ligue de protection des oiseaux. Du côté de l’ANDCTG, l’association de défense des chasses traditionnelles à la grive, en revanche, on se réjouit. « Le Conseil d’État met ainsi fin à une période extrêmement pénible pour tous les passionnés de ce mode de chasse très usité dans la région ».
« De l’essence pour les nettoyer»
Pour la LPO, cette chasse menace les oiseaux et surtout les espèces protégées, certificats de vétérinaire à l’appui. La glu, mais aussi les diluants – de l’essence – utilisés pour « nettoyer » les volatiles « ont des conséquences néfastes », également sur l’environnement. « Penser qu’une fois délivrés et relâchés, les oiseaux sont sauvés et peuvent réintégrer leur environnement sans dommage est illusoire : l’argument des chasseurs c’est de dire qu’ils nettoient les oiseaux. Ils le font avec une essence très forte et cela a des effets mortifères », explique Yves Verhilac.
Un faucon victime dans le Var
« Nous avons retrouvé un tas d’oiseaux de la garrigue englués, comme des mésanges, des fauvettes, des rouges-gorges », dit-il encore. Et pour la première fois dans le Var en novembre dernier : «Un faucon ! Cette technique est aussi (Photo Frank Muller) très dangereuse pour les rapaces, c’est une vraie catastrophe ». C’est donc évident pour lui, « cette pratique n’est pas sélective ». Le directeur général de la LPO s’insurge : «Le Conseil d’État a refusé d’examiner les nouveaux éléments fournis à savoir l’arrêté de la Cour de justice de l’Union européenne du 9 décembre 2004 condamnant l’Espagne pour la pratique des “parany” (gluaux) sur la communauté de Valence. Mais aussi les rapports d’experts vétérinaires confirmant les dommages irréversibles sur les espèces ainsi capturées ».