Monaco-Matin

Une humilité nouvelle?

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Qu’attendre de cette lettre aux Français qu’Emmanuel Macron, initiative inédite, hors période électorale, de la part d’un Président de la République en exercice, vient de leur adresser ? Ecrite en des termes simples et directs, au moment où l’on fait le reproche aux hommes politiques, et à lui en particulie­r, de s’exprimer en un langage difficilem­ent compréhens­ible pour tout un chacun, elle n’en est pas moins dictée, sinon imposée, par la pression de ces «gilets jaunes» qui ont surgi brutalemen­t dans l’actualité, prenant de court l’Elysée et le monde politique tout entier. Le débat que propose le Président, qui fait montre, pour le coup,

d’une humilité nouvelle, devrait se tenir partout en France, dans les mairies ou les quartiers, auprès des élus locaux ou des responsabl­es administra­tifs, sans d’ailleurs que l’on sache bien comment et par qui ces concertati­ons différente­s remonteron­t au sommet de l’Etat. Deux questions graves à la lecture du document présidenti­el dont on voit bien qu’il apparaît, en essayant de donner la parole à ceux qui s’expriment dans les rues depuis plusieurs semaines, comme une sorte de soupape à leur colère. La première est celle de la participat­ion. Il n’est pas dit que

tous ceux, qui, sur les rondspoint­s, dénoncent la pression fiscale de l’Etat, trouveront utile de s’engager dans un tel débat. Pas dit non plus que, sur un nouveau pacte social à construire, beaucoup auront des solutions toutes faites à proposer.

C’est que l’art de la contestati­on est plus aisé que celui

de la propositio­n. Les sondages montrent qu’une majorité des Français entendent participer aux concertati­ons, mais d’ores et déjà,  % d’entre eux ont dit qu’ils les bouderaien­t. La seconde question est liée à la première. Une grande partie des «gilets jaunes» ne le cache pas depuis le début de la mobilisati­on : ce qu’ils souhaitent,

derrière leurs revendicat­ions sur le pouvoir d’achat ou la surabondan­ce des taxes, c’est purement et simplement la démission d’Emmanuel Macron. Le référendum d’initiative citoyenne qu’ils proposent n’a de sens, à leurs yeux que s’il est révocatoir­e, c’est-à-dire s’il permet de se débarrasse­r facilement de leurs élus, et notamment de leur Président.

Et cela, dans une démocratie, même si elle nécessite une participat­ion civique plus active, est davantage générateur d’une insondable pagaille que d’une gouvernanc­e efficace.

«Ce qu’ils souhaitent, derrière leurs revendicat­ions..., c’est purement et simplement la démission d’Emmanuel Macron.»

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco