Eric Huet : « Ma passion est devenue plus raisonnable »
Bien connu des fans de l’ASM pour sa passion et la justesse de ses analyses, Eric Huet, longtemps commentateur sur Canal +, est aujourd’hui au micro de RMC Sport pour vivre au plus près la Premier League et les coupes d’Europe. Son coup de foudre pour le ballon rond remonte à 1978 et la Coupe du monde en Argentine. Son coup de coeur pour Monaco suit. « Je voulais jouer au foot dès la rentrée. Je suis allé dans une boutique avec mes parents et c’est l’amour du maillot qui m’a fait aimer Monaco. Je l’ai trouvé tellement beau avec cette diagonale… » Une tunique rouge et blanche chevillée au corps par-delà les aléas… et l’âge. « J’ai perdu ce maillot (voir photo) dans un de mes nombreux déménagements. Je ne savais pas où il était donc j’ai commandé le même sur Internet en taille adulte. »
Quels sont vos souhaits pour l’ASM en ?
Remporter la Coupe de la Ligue, même si tous les clubs restants pensent que c’est la bonne année pour la gagner sans Paris. Bien évidemment, le premier voeu c’est le maintien en Ligue , mais vu la tournure que prend le mercato je pense que Monaco sera sortie de la zone de
‘‘ relégation d’ici le mars. Je préférerais donc voir Monaco soulever la Coupe de la Ligue et être dans une bonne dynamique pour finir la saison.
La Coupe de la Ligue, c’est aussi un ticket pour l’Europe…
Exactement. Même si ça fait deux parcours consécutifs en Champions League qui sont extrêmement décevants et que cette saison a été cataclysmique au niveau européen, voir Monaco encore qualifié pour une Europa League en -, ça relève presque du miracle.
Cette année sera marquée par les ans des Ultras, quel genre de supporter êtes-vous ?
J’ai commencé à être supporter en , j’avais à peine ans. J’ai été amené à vivre ailleurs qu’à Monaco, j’ai beaucoup bougé en France et c’était dur de suivre le club en déplacement et au stade Louis-II. Je suis plus un supporter qui vibre devant sa télé. En grandissant, ma passion est aussi devenue plus raisonnable. Il y a une période où la moindre défaite ruinait ma soirée, voire la nuit qui suivait. J’ai passé ce cap-là. Je suis un « casanier » qui vit sa passion en solitaire. Je ne vibre pas avec des potes car ils sont plus pour Paris, Marseille et autres, très peu sont fans de Monaco.
Se fait-on beaucoup chambrer dans la profession quand on supporte Monaco ?
Honnêtement, non. Déjà parce que je ne chambre pas et n’aime pas qu’on me le fasse. Je n’ai jamais eu de soucis par rapport à ça, j’ai beaucoup déménagé et, où que j’aille, Monaco n’était jamais aimé à fond ni détesté à fond. Ce n’est pas clivant comme être supporter de Paris ou de Marseille. Quand on soutient Monaco, on a aussi la chance de passer au travers de gros chambrages. Il y a rarement, exceptée cette saison, de déconvenues qui poussent les autres à se moquer de vous.
Vous êtes un supporter « solitaire » et « raisonnable », partagez-vous votre passion en famille ?
Ma femme n’est pas une fan de foot, elle suit les résultats de Monaco juste pour savoir de quelle humeur je vais être. En revanche, ma fille a vécu la saison - à fond avec moi, elle voulait même s’inscrire dans un club de foot après ! Parfois on est aussi tous les trois devant la télé, comme contre Rennes (Coupe de la Ligue) pour suivre la séance de tirs au but, et je trouve ça sympa.
À suivre le championnat anglais, comprenez-vous mieux pourquoi on parle du football comme d’une religion outre-Manche ?
Oui et je pense que si j’avais eu une vie en Angleterre je me serais reconnu dans cette culture, cette façon de vivre le match le samedi, à heures. Se lever en ne pensant qu’à ça et être porté toute la semaine par ce rendez-vous du week-end. En ce moment, je regarde Sunderland ‘Til I die sur Netflix, c’est un documentaire remarquable et le vrai fan de foot se reconnaît forcément dedans. L’exemple de Sunderland est parlant. C’est une ville ouvrière où les gens n’ont que le foot pour avoir une éclaircie dans la grisaille quotidienne. Ça, ça me touche. Anglais, je serais comme eux.
Le derby face à Nice attise-t-il un peu la passion quand même ?
Ce qui m’intéresse dans ce derby, c’est le duel à distance entre Thierry Henry et Patrick Vieira. Je vis ma passion de l’extérieur, j’ai une certaine distance et je ne ressens pas l’antagonisme entre Monégasques et Niçois de la même manière qu’entre Niçois et Bastiais, Parisiens et Marseillais, Lyonnais et Stéphanois. Cette rivalité a repris une certaine forme à partir du moment où Nice est redevenu la bête noire de Monaco. Il y a évidemment eu ce - de et cette façon de venir en scooter des Niçois, de montrer qu’ils sont chez eux à Louis-II. En plus, ils gagnaient à chaque fois. Je me souviens de la Coupe de la Ligue -, l’année où Nice perd en finale contre Nancy, et la victoire sur le fil en demie face au Monaco de Vieri et Di Vaio. Je ne cache pas que ce renversement de situation m’avait énervé car Monaco avait le match en main à l’heure de jeu.
Ce derby est aussi particulier que le statut de Monaco finalement…
Je reconnais une certaine jalousie légitime des Niçois par rapport à ce statut d’exonération d’impôts pour les étrangers à Monaco, qui permet d’attirer des joueurs de grande envergure comme Fabregas. Pour le reste, quand on interroge des Niçois, comme mon ancien confrère de Canal+ François Marchal – qui me chambrait d’ailleurs à l’époque, l’antagonisme le plus fort c’est avec Bastia. Ou même avec Marseille. On peut d’ailleurs regarder dans les archives, il n’y a pas d’incidents majeurs entre Monégasques et Niçois, ce qui prouve bien qu’il n’y a pas une haine ancestrale.
Remporter la Coupe de la Ligue ”
‘‘ Il n’y a pas une haine ancestrale ”
Quel est votre premier souvenir de derby ?
Fin des années , une victoire - de Monaco. Je savais à ce momentlà déjà que Monaco était supérieur à Nice.