Antarctica prêt pour l’aventure
À Auron, les ingénieurs de Venturi ont effectué des essais sur cet engin « zéro émission » capable d’évoluer en milieu hostile. Une première étape avant la Colombie-Britannique puis l’Antarctique
C’est un véhicule pour le moins atypique. Autant par son design robuste et ses lignes épurées que par son dessein scientifique et écologique. Antarctica, développé par Venturi, est le premier engin « zéro émission » capable d’évoluer en milieu hostile. Comprendre, des températures avoisinant les moins 50 degrés. La genèse de ce véhicule sur chenilles ? Un constat du prince Albert II en 2009. Alors qu’il visite quelque 21 stations de recherches scientifiques en Antarctique, il se rend compte que, sur place, il n’existe point de moyens de mobilité propre pour travailler, transporter du matériel ou se déplacer. Presque une hérésie.
L’idée a donc germé. Un premier prototype est né. Puis une deuxième version, plus élaborée techniquement.
Après la phase de promotion – avec la présentation en grande pompe au Palais princier le 30 novembre dernier – Antarctica a été récemment testé à Auron. À deux heures de route à peine de la Principauté.
« Nous sommes confiants »
« Pendant trois jours et quatre nuits, ces essais ont permis de confronter l’engin à chenilles à des températures négatives sur des terrains similaires à ceux de l’Antarctique. Le staff d’ingénierie a également validé les installations à bord, la gestion batterie et moteur, les fonctions d’éclairage et de dégivrage mais aussi la charge et le stationnement du véhicule en extérieur à froid », détaillet-on du côté de Venturi. Bref, une batterie de tests qui, semble-t-il, s’avèrent tout à fait prometteurs pour l’avenir.
Dans la foulée de ces essais, Antarctica a passé trois jours en chambre climatique du côté de Modène, en Italie. Là, le staff en ingénierie a validé d’autres points dans des conditions extrêmes : moins 40 degrés au mercure. Le système de charge, le système antigel et de dégivrage, les ouvertures et fermetures mécaniques et électriques des ouvrants mais aussi le fonctionnement de l’écran d’affichage et du joystick ont été passés au crible.
« Nous sommes confiants car nous possédons tous les éléments techniques et humains nécessaires pour permettre au véhicule de fonctionner de manière optimale, précise Valerio Amadio, responsable des essais. Jusqu’à présent, nous avons été capables de répondre rapidement aux soucis qui ont émergé. L’attention est désormais portée sur des détails comme la correction et l’amélioration de l’esthétique et du confort d’Antarctica. La prochaine phase de tests au Canada permettra de continuer sur cette lancée positive. »
Le prince Albert II aux manettes en mars
Début mars, en effet, une nouvelle phase d’essais débutera du côté de la Colombie-Britannique. Là-bas, en cette période de l’année, les températures frisent les moins 35 degrés. Des valeurs similaires à celle de l’Antarctique.
Dans la foulée, l’équipe de Venturi rendra un hommage symbolique à « La Croisière Blanche » de 1934, ce fameux raid ayant marqué l’histoire de l’automobile avant la guerre. Une mission, « Back to Telegraph Creek », prévoit qu’Antartica emprunte la portion de 42 km entre Dease Lake et Telegraph Creek que cette dite croisière n’avait pu parcourir à l’époque. En raison, d’abord, de l’état déplorable du terrain mais aussi des conditions climatiques dantesques. Lors de cette expédition unique, le prince Albert II, Chris Hadfield, un astronaute canadien, et Xavier Chevrin, président de Venturi North America, se relaieront aux commandes du véhicule.
« Merveilleuse aventure »
Viendra alors le temps de l’expédition purement scientifique. Celle en Antarctique. Antarctica déboulera là-bas et apportera aux scientifiques une solution leur permettant l’accès aux zones d’études tout en évitant les pollutions inhérentes aux véhicules thermiques.
« À mesure que le but ultime se rapproche, je me réjouis de plus belle de l’ampleur de ce challenge que nous nous sommes lancé : Antarctica est une merveilleuse aventure “made in Monaco” qui allie innovation, haute technologie et participation à la protection de l’environnement et à la recherche scientifique », conclut, ravi, Gildo Pastor, le président délégué de Venturi Automobiles.