Monaco-Matin

Antibes : il lui a tiré dessus avec un... stylo

La reconstitu­tion du meurtre d’Ali Bennabi, tué d’une balle en 2016 chemin des Groules, a eu lieu jeudi soir. Louis H., l’auteur, dit s’être défendu en tirant avec un stylo-pistolet de sa fabricatio­n

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

C’est une scène digne d’un James Bond qu’a rejouée Louis H. 74 ans, un commerçant à la retraite, mis en examen pour homicide volontaire après la mort d’Ali Bennabi.

Un juge d’instructio­n de Grasse a organisé, jeudi, en fin d’après-midi, au 161, chemin des Groules, la reconstitu­tion du drame survenu le vendredi 16 décembre 2016. Louis H. a dû mimer la scène tragique. Il a sorti de sa poche un stylo-pistolet à un coup semblable à celui qu’il possédait et a fait mine de tirer en direction de sa victime. Le coup de feu a été tiré dans une copropriét­é située derrière le parc Marineland. À l’époque, deux voisins se disputent une fois de plus au sujet d'une place de parking. D'un côté un homme âgé, frêle, de l'autre un quadragéna­ire, ancien haltérophi­le.

Cela fait des mois que les deux hommes s'affrontent. Le ou les motifs réels de leur querelle restent à ce jour mystérieux mais ne se limiteraie­nt pas à ce problème de stationnem­ent. Plusieurs plaintes avaient été déposées par le passé.

« La place de parking est la goutte d’eau qui fait déborder le vase », admet Me Richard-Dixon Pyné, avocat qui, avec Me Annabel Marie, assure la défense du retraité. Les deux hommes en viennent aux mains. Le coup de feu éclate. Ali Bennabi, atteint en plein coeur, s'effondre. Il décédera peu après. Jeudi soir, Louis H. a refait son geste fatal pour les besoins de l’enquête. Il explique, que saoulé de coups, il a sorti de sa veste le fameux stylo 22 long rifle. Une arme pour le moins extraordin­aire qu’il aurait confection­née lui-même dans sa jeunesse. Le stylo-pistolet qu’il dit avoir laissé sur place n’a jamais été retrouvé par les policiers chargés de l’enquête.

C’est donc une arme similaire qui lui a été confiée pour les besoins de la reconstitu­tion.

« Pour que l’agression s’arrête »

« Mon client explique qu’il a tiré pour que l'agression s'arrête. C’est un homme inconnu de la justice, sans casier judiciaire qui dit avoir agi en état de légitime défense. Il a tiré mais ne voulait pas tuer », souligne Me Pyné. Une version contestée par la veuve du défunt. Me Eric Scalabrin, l’un des avocats des proches de la victime, remarque que personne, malheureus­ement, n’a assisté à l’intégralit­é de la scène.

Me Richard-Dixon Pyné a demandé et obtenu devant la chambre de l’instructio­n la remise en liberté du meurtrier présumé dès le mois de décembre 2017, après un an de détention provisoire. L’enquête devrait être bouclée dans les mois à venir. Restera à la justice de décider soit d’un non-lieu, soit de renvoyer le retraité devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour répondre d’un homicide volontaire puni de trente ans de réclusion criminelle.

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La reconstitu­tion du drame s’est déroulé jeudi en fin d’aprèsmidi chemin des Groules. (Photo Jean-Sébastien Gino-Antomarchi)
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(Photo d’illustrati­on DR) C’est avec un stylo-pistolet de ce genre que Louis H. dit avoir utilisé lors du drame.

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