La drôle d’idée de Xavier Garcia
V.A.L. Trois lettres pour désigner un Véhicule autonome léger – et même Villeneuve d’Ascq-Lille, du nom du premier projet de ce type. Un acronyme qui débarque sans crier gare à Monaco pour aider à résoudre le casse-tête de l’engorgement des accès en Principauté aux heures de pointe.
L’idée du VAL est posée sur la table par celui que l’on attendait le moins, Xavier Garcia, le premier secrétaire du Parti socialiste des Alpes-Maritimes. Un Niçois qui travaille à Nice, même pas concerné par les trajets entre la capitale azuréenne et la Principauté et leurs embouteillages quotidiens.
« Un enjeu majeur »
Le politique niçois est parti d’un constat simple, évident ici. « Chaque matin de semaine, le tunnel reliant l’A8 à Cap-d’Ail et le village de La Turbie se transforment en enfer routier, écrit-il dans sa proposition. Immuablement, aux heures de pointe, le tunnel situé après la sortie de l’A8 vers Monaco est fermé pour éviter la saturation, et les véhicules des salariés de la Principauté se déversent sur La Turbie et des routes secondaires qui redescendent vers la Moyenne Corniche et qui ne sont pas du tout adaptées à ce trafic de masse. » Interrogé, Xavier Garcia se fait plus direct : «Çanepeut plus durer ! Ces bouchons quotidiens sont un enfer pour les Turbiasques et les automobilistes. Et pour les entreprises de Monaco, ça représente des pertes économiques importantes. Bref, c’est en enjeu majeur. »
Grosse capacité
Et voilà qu’arrive sa proposition de VAL, un mode de transport en commun à la fois rapide et fiable – le plus célèbre est l’Orlyval, qui relie l’aéroport d’Orly à Paris. « Comme il est inconcevable d’assurer une liaison directe entre La Turbie et Monaco en défigurant un paysage d’une beauté exceptionnelle, la solution du tunnel apparaît la seule acceptable. Et pour un trafic pendulaire massif aux heures de pointe, le VAL offrirait toutes les garanties de fiabilité, de rapidité, de souplesse et de coût de fonctionnement. »
De quoi s’agit-il ? « C’est un métro léger sans conducteur. Entièrement automatisé, il circule en sous-terrain, tranchée couverte ou viaduc, et ne traverse donc jamais la circulation automobile. Une salle de contrôle permet de mettre en route autant de rames que nécessaire, suivant les heures de pointe ou événements déplaçant du public. Sa fréquence peut être inférieure à la minute et peut permettre de transporter jusqu’à 30 000 personnes par heure. » Plus efficace qu’un funiculaire, idée toujours envisagée à Monaco.
Cher, mais rentable
En outre, le système est ultrafiable : « Il n’y a pas d’accident car un VAL ne croise pas de circulation automobile et les voies sont protégées par des portes vitrées automatiques pour éviter accidents et suicides. »
«Jeposeçalà»
Xavier Garcia ne lance pas une idée en l’air comme ça, sans avoir travaillé dessus avec des spécialistes. Il arrive avec des chiffres. Selon lui, l’investissement de départ est important, de l’ordre de 120 millions d’euros par kilomètre. Soit, pour relier La Turbie à Fontvieille, un investissement d’environ 250 M€. Mais l’avantage du VAL, c’est sa rentabilité. « Comme il n’y a pas de chauffeur, le coût d’exploitation est un tiers moins élevé que pour un autre mode de transport en commun, assure Xavier Garcia. C’est un enjeu pour les investisseurs. »
Et la question du nécessaire parking relais ? « Ce n’est pas un problème, il y a suffisamment de terrains après la sortie de l’A8 à La Turbie. Il suffirait alors de mettre en place des navettes entre ce parking et la station de départ » , répond-il, imperturbable. Et voilà. L’idée est lancée. Xavier Garcia jure n’avoir aucun intérêt là-dedans, si ce n’est celui de contribuer à améliorer la vie des Azuréens qui viennent travailler à Monaco. « Je pose ça là. Maintenant, les institutionnels peuvent se saisir de cette idée. »