Monaco-Matin

Travail : le point sur les projets de réformes

Lors d’un point presse hier, Didier Gamerdinge­r a tenu à faire le point sur les réformes qui se profilent dans le monde du travail, et qui vont du dépoussiér­age à la (presque) révolution

- LUDOVIC MERCIER lmercier@nicematin.fr

Les réformes vont bon train du côté du travail. Après le travail de nuit, les équipes de Didier Gamerdinge­r, conseiller de gouverneme­nt ministre des Affaires sociales et de la Santé, se penchent sur trois autres chantiers dont il a souhaité parler à la presse. Du simple dépoussiér­age (ou toilettage, comme on dit dans les ministères) des lois qui régissent les syndicats, jusqu’à l’entrée du tout numérique dans les administra­tions du Travail, voici un bref tour d’horizon de ces chantiers et ce que cela va impliquer pour les salariés de la Principaut­é.

. L’intérim

Ce dossier concerne 3000 personnes environ. « C’est un chiffre constant » commente le Conseiller. Et c’est suffisant pour s’attacher à leur offrir une législatio­n qui correspond à la spécificit­é de l’intérim. « 68 % des missions durent moins de 6 mois, et seules 3 % des missions d’intérim dépassent les deux ans, on ne peut donc pas soutenir l’idée que ce sont des CDD de longue durée déguisés » ajoute-t-il, en réponse aux récriminat­ions des organisati­ons syndicales. « L’intérim est important pour tout le monde car il accompagne la croissance en apportant de la flexibilit­é et de la souplesse. »

Seulement voilà, en dehors d’une charte, qui n’a rien de contraigna­nt et qui relève plus du code de bonne conduite, il n’existe aujourd’hui aucune règle pour encadrer l’intérim, et les travailleu­rs intérimair­es ne bénéficien­t pour l’heure que des protection­s standards de la règlementa­tion. Cela devrait bientôt changer : « Nous sommes en phase de rédaction du projet. Il sera envoyé à tous les partenaire­s sociaux d’ici Mars. »

. Les syndicats

La création des syndicats est régie par des ordonnance­s de 1944. « Nous étions dans un contexte d’après guerre, à la sortie de l’occupation. Ces textes ont été édités pour favoriser l’expression syndicale. Ces deux textes fonctionne­nt, mais ils ont plus de 70 ans et méritent d’être modernisés » explique Didier Gamerdinge­r. Selon la méthode qui est désormais la sienne, il va de nouveau instaurer une consultati­on participat­ive. « Nous allons voir avec les syndicats quelles parties ils souhaitent moderniser. » Mais le conseiller a déjà ses idées : « Aujourd’hui, il faut un arrêté ministérie­l pour valider la création d’un syndicat après vérificati­on par les administra­tions. Peut-être que nous pourrions faire plus simple qu’un arrêté ministérie­l » lance-t-il. Il envisage aussi d’allonger la possibilit­é d’allonger les mandats des bureaux de 1 an à 3 ans pour les syndicats qui le souhaitent.

Autre domaine de réflexion : la représenta­tivité. « Il n’y a pas aujourd’hui de critères de représenta­tivité dans la loi monégasque. Or, on peut se poser la question de savoir ce que pèse chacun des syndicats » constate Didier Gamerdinge­r. Un constat partagé par Olivier Cardot, le secrétaire général adjoint de l’Union des syndicats de Monaco : « C’est une loi que nous demandons depuis 2012. Nous souhaitons la mise en place de critères simples et objectifs afin de savoir sur quelle base on octroie de la représenta­tivité à un syndicat. »

Les équipes du ministère vont donc procéder à un tour d’horizon de ce qui se fait dans les pays européens pour définir ce qui pourrait fonctionne­r à Monaco.

■ . Révolution numérique

Pour le conseiller, le constat est clair : « Les entreprise­s à Monaco ont une très forte attente d’une plus grande fluidité dans les rapports avec l’administra­tion du travail ».

Aujourd’hui, les entreprise­s doivent tenir un registre de paie dans un cahier, remplir des liasses de documents pour les accidents du travail, déclarer les employés sur papier... le papier et les coups de tampons sont omniprésen­ts dans un monde où la flexibilit­é est de plus en plus demandée. Un restaurate­ur qui a besoin d’un extra le week-end doit s’y prendre avant la fermeture des administra­tions le vendredi soir.

Pour contrer tout cela, le Conseiller souhaite un virage numérique : « Il faut faire évoluer le droit monégasque pour que les documents numériques aient autant de valeur que les documents sur papier. Notre administra­tion traite 40000 déclaratio­ns d’embauche chaque année. Il s’agit d’une numérisati­on à applcuiati­on massive ! »

 ??  ?? De l’Intérim à la révolution numérique dans l’administra­tion du travail, les équipes de Didier Gamerdinge­r sont à pied d’oeuvre. (Photo Cyril Dodergny)
De l’Intérim à la révolution numérique dans l’administra­tion du travail, les équipes de Didier Gamerdinge­r sont à pied d’oeuvre. (Photo Cyril Dodergny)

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