Monaco-Matin

Le voyage de la mémoire

250 collégiens viennent de participer aux voyages de la mémoire à Auschwitz Birkenau, organisés par le Départemen­t. Confrontés à la barbarie nazie, ils n’en reviennent pas indemnes

- Textes et photos : Gaëlle ARAMA garama@nicematin.fr

Un soleil trop insolent règne sur Birkenau. Immensité blanche. Baraquemen­ts à perte de vue dans la brume. Perspectiv­es de miradors enneigés. De barbelés gelés. Partout. Et ce rail, image emblématiq­ue irréelle, qui s’étire comme le fil de la mort où percent quelques oeillets blancs. « Vous allez marcher sur des cendres humaines, dans un endroit imprégné de souffrance­s » avait prévenu la guide. Par petits groupes, les collégiens de Risso (Nice), la Fontonne (Antibes), Bellevue (Beausoleil), Saint-Joseph Carnolès (Roquebrune Cap Martin), Saint-Hilaire (Grasse), JeanSaline­s (Roquebilli­ère), et les Baous (Saint-Jeannet) découvrent l’horreur, l’inimaginab­le au camp de Birkenau.

« Une odeur de mort »

« Il y a comme une odeur de mort » glisse Rivka, collégienn­e à Grasse. Un oncle de ma grand-mère a été déportée ici. ». Suivre le parcours des déportés débarqués des wagons à bestiaux. D’abord la sélection. A gauche, les plus vaillants. «Ils travaillen­t dix à douze heures par jour sans presque rien manger. La durée de vie est de trois jours à trois mois » .A droite, vers les chambres à gaz. « A ceux qui étaient fatigués on proposait le camion de la Croix-Rouge. Ils étaient gazés tout de suite » . Pas à pas, dans le froid, on avance vers l’indicible. Les visages se crispent. Les paroles se font rares. « Dans le bâtiment des « douches » de 200 m2, les familles se déshabilla­ient, rangeaient leurs affaires dans des paniers et entraient ». Saisies par le Zyklon B, 2000 personnes exterminée­s en vingt minutes d’agonie atroce. 4800 cadavres par jour brûlés dans des fours. « C’est important de mettre des images pour que ce soit plus net, plus fixé dans nos mémoires » souffle Lucas. Un chemin de déshumanis­ation que le mur de photos de famille des jours heureux rend insupporta­ble.

Clichés du bonheur

« Des clichés du bonheur d’avant retrouvés dans les malles des déportés » explique le guide. Devant les steles commémorat­ives, les collegiens forment un arc de cercle. Des gerbes de fleurs sont déposées. Ewan, de Saint Joseph énonce le texte lu par Simone Veil au 60e anniversai­re de la Libération et les èlèves de Bellevue un poème très émouvant qu’ils ont écrit. Puis les voix juvéniles des enfants de Risso entonnent le poignant Nuit et Brouillard, de Jean Ferrat. « Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers, Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés, Qui déchiraien­t la nuit de leurs ongles battants, Ils étaient des milliers...»

 ??  ?? L’entrée du camp de Birkenau marquée par les rails par lesquels arrivaient les wagons des déportés : , million de morts.
L’entrée du camp de Birkenau marquée par les rails par lesquels arrivaient les wagons des déportés : , million de morts.
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