Quand le fruit d’or devient
L’Esat Léo-Mazon accueille l’une des deux stations de conditionnement certifiées IGP Citron de Menton. C’est là que les agrumes sont stockés, calibrés et triés par des travailleurs en situation de handicap. Visite guidée
Au centre de l’atelier de l’ESAT (Établissement et Service d’Aide par le travail, N.D.L.R.) Léo-Mazon, niché dans la vallée de Gorbio à Menton, trône une étrange machine bleue circulaire, pourvue de plateaux. On appelle ça une calibreuse. Autour d’elle, Vincent Duvernois, moniteur d’atelier, Gianluca et Stéphane s’activent.
La veille, ils ont reçu plusieurs cagettes de citrons du verger communal de La Casetta, situé sur les hauteurs de Garavan. L’équipe est à présent chargée de trier les fruits pour déterminer ceux qui recevront, ou non, l’appellation IGP Citron de Menton. C’est la dernière étape du processus, avant la commercialisation. Soudain, un vrombissement presque assourdissant emplit la pièce. La calibreuse est prête.
Peser et calibrer
Tout au bout du tapis roulant, Stéphane est chargé de disposer les citrons. Un à un, les fruits tombent dans une sorte d’immense roue composée de coupelles amovibles. C’est dans ces petites tomettes que le citron est pesé et mesuré. Selon son calibre, le fruit est automatiquement versé dans un des six plateaux qui entourent la machine. Chaque plateau correspond à un calibre (de 5 à 0). Le dernier accueille les fruits dits « déclassés », ceux qui mesurent moins de 53 mm ou plus de 93 mm.
Un tri visuel
C’est ensuite au tour des travailleurs de l’Esat d’intervenir. Par un tri visuel, ils peaufinent le travail de la machine. Les plus beaux citrons, environ 10 % d’un lot, iront en catégorie « Extra ». La majeure partie sera classée en catégorie 1. Les citrons les moins beaux, iront rejoindre les fruits déclassés et sortiront sans appellation. « C’est un challenge de reconnaître les Extras. Ça me plaît », confie Gianluca, un des travailleurs de l’atelier.
Après la pesée, chaque caisse sortant de la station est étiquetée, pour des questions de traçabilité. Celle-ci mentionne le nom du producteur, la station de conditionnement, la catégorie de citrons et le calibre. Chacune est aussi associée à un numéro de lot précisant, entre autres, l’année et la date à laquelle les fruits ont été reçus par la station.
« L’étiquetage est une étape obligatoire. En l’absence d’étiquette, il faut se dire qu’il ne s’agit pas de Citrons de Menton », précise le moniteur Vincent Duvernois. Si aujourd’hui, l’Esatitude accueille cette majestueuse calibreuse, l’activité
a démarré beaucoup plus modestement.
« Comme en entreprise »
« Au départ, on avait une grande table avec des trous de différents diamètres pour déterminer les calibres. Les travailleurs étaient assis autour et triaient les fruits manuellement », détaille Julien Dallet. En 2016, grâce à l’IGP et l’augmentation des cadences, l’Esat a investi dans cette nouvelle machine. « Le but est de proposer aux travailleurs en situation de handicap les mêmes conditions de travail qu’en entreprise. » Tout en restant compétitif pour les clients.