Monaco, son refuge
Il se définissait comme « résident privilégié » de la Principauté. Au début des années 80, le couturier fait de Monaco l’un de ses repères où il a longtemps vécu et travaillé
Karl Lagerfeld aura, à sa façon, marqué la vie culturelle monégasque. La Principauté, il commence à la fréquenter au début des années 80, date à laquelle il prend les rênes de la maison Chanel. « C’est mon paradis, moi qui suis un papillon international. J’ai été accueilli à Monaco comme nulle part ailleurs », confiait-il en 2000, à MonacoMatin, en pleins préparatifs d’un Bal de la Rose. « Et puis, j’ai le sentiment qu’ici au moins, je ne risque pas d’être saucissonné », plaisantait-il, jamais avare d’une bonne saillie verbale.
Pour autant, outre ses liens avec la famille princière, le couturier développe un attachement particulier au pays. Au magazine Vogue, qui lui demandait où se trouvait sa planque secrète pour être tranquille, il citait son appartement « immense tout en haut du Millefiori avec une vue à 360°».
Le kaiser de la mode a eu plusieurs adresses en Principauté, en plus de la villa, la Vigie, qui fut un temps son refuge (lire cidessous). Dans un de ses appartements monégasques, il avait expliqué avoir reconstitué sa chambre d’enfant à Hambourg, avec le mobilier exact. Culturellement, dans les années 90, il crée des costumes pour l’Opéra, collabore plusieurs fois avec la compagnie des Ballets de Monte-Carlo de son ami Jean-Christophe Maillot.
Les habitués des soirées monégasques se souviendront aussi qu’il a été l’artisan de nombreux Bals de la Rose. D’abord exceptionnellement en 1999, à la demande du prince Rainier III. Puis annuellement, depuis 2013, mandaté par son amie la princesse Caroline pour souffler de l’originalité et de l’élégance à ce rendez-vous qui marque le début de la belle saison à Monaco. Le prochain Bal de la Rose, annoncé le 30 mars sur le thème de la Riviera, devrait être chargé d’émotions, dans son souvenir.
Film au Casino, fresque au Métropole
Au cours de la dernière décennie, Lagerfeld a multiplié les projets en Principauté, dans divers domaines. Montrant son éclectisme et sa débordante création.
En 2006, il choisit la scène de la salle Garnier comme podium pour un défilé mettant en lumière les métiers d’arts de la maison Chanel. L’année suivante, il dessine le logo de l’oeuvre de Soeur Marie. En 2011, c’est à nouveau à Monte-Carlo qu’il installe cette fois-ci ses caméras dans les salles de jeux du Casino pour la réalisation d’un court-métrage promotionnel – toujours pour Chanel – qui met en scène deux de ses égéries : Anna Mouglalis et Baptiste Giabiconi. En 2013, il réalise une fresque photographique en verre qui sertit la piscine de l’hôtel Métropole Monte-Carlo. Une oeuvre matérielle qui restera comme son ultime témoignage artistique à la Principauté.