Monaco-Matin

St-Jeannet : du petit étal artisanal à la grosse machine

C’est un banc de fruits et légumes riquiqui, tenu par une mamie, qui est en libre-service au niveau de la route qui relie Saint-Laurent à La Gaude. En coulisse, c’est aussi un immense terrain agricole

- SAHRA LAURENT slaurent@nicematin.fr

Une petite table est installée au niveau de la route de SaintJeann­et, à quelques pas d’une maison.

Un étal riquiqui où s’exposent les oranges, clémentine­s, citrons et quelques bouquets de fleurs. Un bout de carton sur lequel il est inscrit : «2 € la barquette. Mettre la monnaie dans la boîte aux lettres » .Lejoli bouquet coûte, lui, 3€. Derrière le banc : personne. C’est en libre-service.

D’Audiard à James Cameron

Un « commerce » comme on n’en fait plus. À l’ancienne. Hors temps. Ambiance à la Audiard, père. Une mémé flingueuse sort de son garage, qui fait office de réserve. Grinçante. Touchante. Pleine de gouaille, elle n’a pas envie de jacter sur sa pomme... « Allez voir mon fils, il est en bas ». Catherine Dessus, 89 ans, montre avec sa canne le terrain et les serres qui s’étalent, en contrebas sur 5000m2 [Lire ci-dessous]. Une grosse machine. Superprodu­ction la barquette de fruits ou légumes. € le bouquet. Mettre la monnaie dans la boîte aux lettres ». à la James Cameron.

Son fiston, c’est Michel Dessus, président de la chambre d’agricultur­e des AlpesMarit­imes qui a vu son mandat renouvelé hier, également premier adjoint de Bruno Bettati, maire de La Gaude. « C’est ma mère qui s’occupe de ce banc. Elle va et vient de la maison à l’étal tous les jours. C’est sûr, elle, ne vous parlera pas », confie-t-il. Alors, c’est lui qui se remémore le temps où il vendait « les pêches, l’été, au bord de la route avec une balance romaine ». C’était dans les années 1970, il n’avait pas 10 ans. Depuis, « on a gardé cette façon de vendre en direct, on fait ça depuis des années ».

Sur cette route qui relie La Gaude à Saint-Laurent, il y a plusieurs étals artisanaux, notamment pendant la saison estivale. « Chez nous, à l’année, ça marche bien le samedi et dimanche matin ».

« Système fondé sur la confiance »

Ici, l’été, les cyclistes s’arrêtent souvent pour déguster quelques fruits, déposer des sous et repartir. Une véritable institutio­n dans le coin réalimenté par la jolie mémé Catherine. Elle ne dira qu’une chose : «Des fois, il y en a qui n’ont pas l’appoint, mais c’est très rare ».

Ce jour-là, une habituée se gare sur le bas-côté. Mets les warnings pour faire le plein de produits frais. Oranges, choux-fleurs, courges. Elle met 8 euros dans la boîte aux lettres. « Je viens ici depuis au moins 20 ans. Je consomme local et ça permet de donner un petit pécule à cette famille d’agriculteu­rs locaux. C’est génial d’avoir ce système d’achat fondé sur la confiance. Ça devrait être le cas de partout ! », résume la cliente, le sourire jusqu’aux oreilles.

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(Photos Sébastien Botella) « étal, c’est un « drive-in » de fruits et légumes qui est proposé depuis des décennies. Sur cet

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