Pénaliser l’antisionisme : pas une solution pour Macron
Emmanuel Macron s’est prononcé, hier, contre la pénalisation de l’antisionisme, avis partagé par le président de l’Assemblée nationale et des responsables de groupes, très réservés sur la proposition émise en ce sens par des députés.
« Je ne pense pas que pénaliser l’antisionisme soit une solution », a déclaré le président de la République devant la presse, alors que le philosophe Alain Finkielkraut a subi des insultes, samedi, lors d’une manifestation de « gilets jaunes ».
« Mais je confirme que ceux qui, aujourd’hui dans le discours, veulent la disparition d’Israël sont ceux qui veulent s’attaquer aux juifs. Je pense néanmoins que lorsqu’on rentre dans le détail, la condamnation pénale de l’antisionisme pose d’autres problèmes », a ajouté le chef de l’Etat.
Le président de l’Assemblée Richard Ferrand (LREM) a lui estimé que « l’arsenal législatif » était « tout à fait au point » pour lutter contre l’antisémitisme. Il a appelé sur BFMTV et RMC àune « réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives ». L’idée émane de députés membres du groupe d’études sur l’antisémitisme, présidé par Sylvain Maillard (LREM). « C’est une initiative personnelle » et « il faut en débattre entre nous », a estimé lors de la réunion du groupe majoritaire son patron Gilles Le Gendre, selon des propos rapportés.
« Une opinion n’est pas un délit »
« Le juge a déjà la possibilité de condamner au cas par cas un antisionisme qui s’apparenterait à de l’antisémitisme », a estimé devant la presse Isabelle Florennes, porte-parole MoDem. Le chef de file des députés LR Christian Jacob considère que la loi « condamne [déjà] aussi bien l’antisémitisme que l’antisionisme » et il n’y a pas « besoin d’un texte législatif supplémentaire ». Pour Jean-Christophe Lagarde, président du groupe UDI-Agir, « c’est vrai qu’il y a une part de l’antisémitisme qui se cache derrière l’antisionisme ». « Mais l’antisionisme, c’est en réalité être contre une politique » et « c’est une opinion, pas un délit », a-t-il poursuivi, en « accord » avec le chef de l’Etat.
A gauche, le porte-parole des socialistes Boris Vallaud a jugé qu’un tel texte « ne serait pas la bonne réponse » en « cette période troublée ».
« Rarement dans l’émotion une loi aussi importante, aussi sérieuse ne peut être efficace et opérante », a aussi estimé Sébastien Jumel (PCF).
« L’instrumentalisation à des fins politiciennes de la lutte contre l’antisémitisme, c’est la rabougrir et la mettre en danger », a considéré Adrien Quatennens (LFI) auprès de LCP.