Suspense en profondeur
Sous-marinier spécialisé dans l’analyse acoustique, Chanteraide (François Civil) a le don rare de reconnaître chaque son qu’il entend. Il est « l’Oreille d’Or » d’un sous-marin nucléaire français. Réputé infaillible, Chanteraide commet pourtant une erreur qui met l’équipage en danger de mort. Pour retrouver la confiance de ses camarades, il cherche à prouver qu’il ne s’est pas trompé, mais sa quête de vérité entraîne les sous-mariniers dans une situation encore plus dramatique. Dans le monde de la dissuasion nucléaire, du terrorisme et de la désinformation, ils se retrouvent tous pris au piège d’un engrenage incontrôlable…
Notre avis
Ancien diplomate reconverti dans le scénario (on lui doit notamment celui de Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier), Antonin Baudry signe sa première réalisation avec Le Chant du loup. Et c’est une sacrée réussite ! Filmer dans un espace aussi étroit qu’un sous-marin et tenir le spectateur en haleine pendant près de deux heures n’était pas une mince affaire. Baudry s’en tire avec les honneurs. Visuellement, son film n’a rien à envier aux productions US du genre (USS Alabama ou À la poursuite d’Octobre rouge) et il est beaucoup plus réaliste. On découvre le métier d’analyste acoustique (les fameuses « Oreilles d’or ») et toutes les procédures montrées à l’écran sont véridiques. L’équipe du film a pu embarquer à bord d’un sous-marin de la marine nationale pour se familiariser avec. Et plusieurs scènes d’immersion et de remontée à la surface ont été filmées dans le Var, aux abords de la base aéronavale de Toulon, où le réalisateur dit avoir eu l’idée du film en voyant évoluer un sous-marin. Si on pouvait avoir quelques craintes sur le casting, elles sont rapidement levées : Omar Sy en commandant en second et Mathieu Kassovitz en amiral (un sacré contre-emploi !) sont aussi crédibles que Reda Kateb en commandant et François Civil en acousticien.
Le suspens est tenu jusqu’au bout autour de l’hypothèse d’un tir nucléaire déclenché sur la base d’une information erronée. On frémit en apprenant qu’il n’existe, dans la réalité, aucune procédure d’interruption de tir une fois que l’ordre en a été donné par le Président de la République...