Monaco-Matin

« Une question de langages »

IAM EN CONCERT AVEC L’ORCHESTRE PHILHARMON­IQUE DE MONTE-CARLO

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Attention, événement ! Les virtuoses de la prose cadencée s’allient à la puissance de l’Orchestre Philharmon­ique de Monte-Carlo. Le 27 novembre prochain, les rappeurs d’IAM monteront sur la scène de la Salle Garnier à grand renfort de cuivres et de cordes. Une symphonie de douceurs – qui affiche déjà complet – et un nouveau défi pour la crème des musiciens de Monaco, qui devront s’accorder sur le tempo unique des Marseillai­s (lire cicontre).

En attendant, Akhenaton, Kheops et Kephren étaient membres du jury du concours internatio­nal de cosplay – fans se déguisant et incarnant des personnage­s virtuels sur scène –, ce samedi, lors du 5e Monaco Anime Game Internatio­nal Conference­s (MAGIC) organisé par la société monégasque Shibuya Production­s, au Grimaldi Forum.

Une présence qui n’avait rien du hasard pour ces apôtres de la pop culture. « On se retrouve sur beaucoup de points avec les organisate­urs du MAGIC. On a été bercé par les premiers mangas et les Marvel sont hyper importants dans l’histoire du groupe. On a tous grandi avec des magazines de super-héros comme Strange, Spécial Strange, Titans, Nova …»

Avec quels dessins animés avez-vous grandi ?

- Kheops : Goldorak ! - Kephren : C’est le premier. - Akhenaton : Pour nous, c’est la référence des mangas. J’ai le souvenir de me faire mal au dos avec le cartable, de rentrer en courant de l’école pour ne pas rater le début.

- Kheops : En plus, après c’était Candy… [rires].

- Akhenaton : Et Albator, Capitaine Flam, Cobra…

Olive et Tom ?

- Akhenaton : Ouais ! Avec le terrain qui mesure , km et l’action qui commence à un épisode et finit à l’autre. [rires]

Cette passion pour la pop culture est omniprésen­te dans vos textes.

- Akhenaton : Oui, on a même fait des morceaux qui ne sont pas sortis comme Division Ruine, qui est la division des Golgoths (Albator )qui attaque la Terre. La culture hip-hop en général, et le rap en particulie­r, utilisent et absorbent les autres cultures. Ça ressort dans la création comme les graffs quand on voit des murs entiers de héros Marvel. Nous, quand on fait des morceaux comme Marvel ou Division Ruine, les personnage­s nous influencen­t. Il n’y avait encore eu aucun film X-Men quand on a tourné le clip de La Saga [, album L’École du Micro d’Argent, N.D.L.R.] pourtant quand Shurik’n monte sur le ring, il sort les griffes de Wolverine ! La force des oeuvres présentées au MAGIC, c’est leur intemporal­ité, leur universali­té. C’est la quête de tout artiste de chercher à toucher le plus grand nombre dans le temps, non ?

- Akhenaton : C’est normal puisqu’au bout d’un certain moment ils ont réussi à adapter certaines valeurs, ou quêtes, universell­es. Quelque part le manga a fait découvrir d’autres cultures à des gens en France. En cours d’histoire, quand on était gamin, on étudiait ni la Chine, ni le Japon, c’était complèteme­nt étranger. Maintenant ils commencent à les apprendre. Mes enfants savaient comment manger des ramen et ce qu’il y avait dedans bien avant d’aller au Japon, parce qu’ils regardaien­t Naruto, Yu-Gi-Oh ! Et Dragon Ball, je t’en parle même pas ! Ils sont adultes mais ils sont toujours à fond. Ils refusent d’aller le voir en français par exemple. Ils veulent le voir en japonais, pour eux c’est une hérésie d’aller le voir doublé.

Et ils connaissen­t le générique en japonais par coeur ?

- Akhenaton : Écoute moi, quand je rentre à la maison j’entends des cris incroyable­s ! [rires] Ça fait partie de leur culture, comme les dessins animés de l’absurde. Les Adventure Time, Gumball, ces trucs où il y a le soleil qui se lève et qui hurle pendant tout l’épisode [rires] .OuLe “Cheval de la Fête”, alors celui-là j’ai regardé un épisode et je pense que South Park a ouvert des portes pour des tas de trucs. Je pense que les auteurs, ils ne sucent pas que les glaçons [rires]. Et le cosplay, ça vous branche ?

- Akhenaton : C’est moins dans notre culture parce que c’est apparu beaucoup plus tard. Mais je peux comprendre la passion.

- Kheops : Il y a eu une tentative sur un anniversai­re d’un membre du groupe. - Akhenaton : Oh l’enfoiré ! Il sort les dossiers comme ça ! [rires]

- Kheops : Mais il y en a beaucoup qui n’ont pas voulu jouer le jeu… - Akhenaton : Les photos, elles, restent pour la vie et tu peux te retrouver partout en truc moulant. [rires]

L’univers manga est partout dans vos textes, regrettez-vous de ne pas l’avoir plus inséré dans vos clips ?

- Akhenaton : En fait, il faut bien le faire. Aujourd’hui il y a vraiment des connexions chez les jeunes génération­s. Quand Maître Gims fait son manga, il se connecte avec des vrais dessinateu­rs au Japon. Je pense que si on avait voulu le faire il aurait fallu se connecter avec le Japon. On l’a fait mais pas dans l’image, dans la musique. Par exemple sur le morceau Comme vous, sur l’album de Shurik’n, on a samplé un thème de Naruto avec l’accord de l’auteur-compositeu­r.

Vous aviez signé la bande originale de Comme un aimant, ça vous dirait de refaire un tel projet ?

- Akhenaton : J’adorerais composer pour un bon manga !

Le seul vrai rapprochem­ent entre le hip-hop pur et la culture japonaise, pas nécessaire­ment manga, c’est le ronin, l’assassin solitaire. C’est Ghost Dog, c’est Jim Jarmusch avec Rza [pour la bande originale]. Faire quelque chose comme ça, c’est quelque chose qui ferait sens. Il y a des choses extraordin­aires à faire en mélangeant les musiques traditionn­elles japonaises et le hip-hop.

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Les auteurs ne sucent pas que les glaçons ”

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Je rentrais en courant de l’école pour Goldorak ”

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(Photo Cyril Dodergny) IAM en dédicaces ce samedi au Grimaldi Forum.

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