Monaco-Matin

Du sursis pour avoir refusé depayerlan­oteauMCBay

Ivre au volant, il est réveillé par la police

- JEAN-MARIE FIORUCCI J.-M.F.

Ce 11 novembre 2018, deux adultes ont décidé de dîner au MonteCarlo Bay. Bouteilles d’alcool et mets succulents rassasient ces gourmets.

Mais vers 23 h 30, au moment de payer la note de 548 euros, l’homme de 24 ans, téléconsei­ller à Cagnes-sur-Mer, est dans l’impossibil­ité de payer. L’autre, un médecin urgentiste niçois quinquagén­aire, refuse carrément de régler l’addition. Certes, ils sont un peu pompettes. Mais pas au point de délirer. On ne peut pas parler non plus d’existence précaire… Alors par quels moyens vont-ils se tirer d’embarras ? Car le palace de la SBM a fait appel aux policiers !

« J’étais invité et donc censé ne pas payer le repas »

À la barre, seul le citadin cagnois est présent. Il est « cuisiné » par le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e afin de connaître les raisons de cette filouterie. « On ne vient pas en Principaut­é sans argent, lance le magistrat. Et encore moins quand on a l’intention de fréquenter un restaurant gastronomi­que huppé. N’aviez-vous pas recours à une carte bancaire ? »

Le prévenu essaie de convaincre les juges de sa bonne foi. « Je n’avais pas de monnaie sur moi. J’étais invité par le médecin niçois et donc censé ne pas payer le prix du repas. Ce dernier a refusé, car il n’avait pas les moyens. Jamais je ne me serais permis pareil comporteme­nt en Principaut­é. Je sais trop les risques encourus quand on commet un délit. Je n’y pensais pas d’ailleurs un seul instant… » Le président regarde son casier judiciaire. « Le monégasque est vierge. En revanche sur le français il y a des condamnati­ons pour stupéfiant­s, violences, conduite en état d’ivresse, vol. Votre ami a deux mentions. À l’issue d’un examen psychiatri­que, il apparaît un peu mégalo avec une altération du discerneme­nt. » Dans ses réquisitio­ns, le premier substitut Cyrielle Colle se conduit avec raison et sagesse dans son discerneme­nt de la vérité.

« Atténuer la sanction au vu de ses altération­s »

« Le doute doit profiter au prévenu présent limité par ses faibles moyens financiers. Vous prononcere­z la relaxe. En revanche, pour le second personnage, absent, l’infraction est caractéris­ée quand on vient à Monaco sans moyen de paiement. Toutefois, vous devrez atténuer la sanction au vu de ses altération­s qui limitent ses possibilit­és d’adaptation. Une peine juste devrait tourner autour de quinze jours avec sursis. »

Le tribunal suivra les réquisitio­ns du ministère public sur la relaxe du téléconsei­ller cannois. Pour le médecin niçois, il prononcera une peine de huit jours d’emprisonne­ment assortie du sursis. Pourquoi a-t-il autant bu : trois mojitos et quatre verres de rhum ? Malgré les interrogat­ions réitérées du président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e, le prévenu, un maçon portugais, ne livrera aucune raison sur son excès de boisson devant le tribunal correction­nel. Qu’importe après tout. L’essentiel est d’être présent à l’audience. Car le Lusitanien a échappé au pire le  septembre . Avec une alcoolémie de , mg/l – rappelons qu’à partir d’un taux de , mg/l c’est un délit –, vers  h , cet entreprene­ur s’est endormi au volant de sa Mercedes, sur le boulevard d’Italie, au niveau du chantier Testimonio.

« Comme vous aviez un véhicule automatiqu­e, rappelle le magistrat, il s’est immobilisé dès l’instant de votre somnolence. Vous avez franchi la ligne continue. Or, vous veniez de croiser à la seconde près une voiture roulant en sens inverse. Entre-temps, les policiers sont alertés qu’un automobili­ste a été pris d’un malaise. En fait, quand ils viennent pour vous secourir, vous dormiez au volant de votre berline. Non seulement vous conduisiez en état d’ivresse, mais vous possédiez un joint et , grammes de résine de cannabis dans vos poches. Le drame a été évité de justesse. »

« Au moment où un véhicule arrivait en face »

Le prévenu reconnaît son erreur. « Je croyais avoir encore la force de conduire. Concernant le haschisch, je l’avais acheté la veille dans le quartier des Moulins, à Nice. Je n’ai jamais été condamné… » « Il est heureux de voir que tout cela finit bien. Monsieur doit comprendre qu’à partir de deux verres d’alcool on ne peut plus prendre le volant. C’est dangereux pour celui qui conduit ivre, comme pour les autres. De plus, cet homme s’est assoupi au moment où un véhicule arrivait en face… », note le premier substitut, Cyrielle Colle, dans ses réquisitio­ns.

Une peine d’une dizaine de jours assortie du sursis et  € d’amende sont réclamés. Sans avocat défenseur, le tribunal, après en avoir délibéré, a condamné le maçon portugais à  euros d’amende, plus la contravent­ion.

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Les deux clients avaient laissé une ardoise de  euros. (Photo J.-F.O.)

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