L’espace public est-il sexué ? Idées
On le voudrait en mixité totale, accessible à tous de la même manière. C’est faux. L’espace public est sexué et sa conception reste masculine. Comment rééquilibrer les choses ?
Idée reçue numéro 1 : l’espace public est public, il appartient à tout le monde, chacun peut y circuler librement. Idée reçue n° 2 : les motifs de déplacement des femmes et des hommes sont semblables car, aujourd’hui, le temps consacré au travail domestique est également partagé entre femmes et hommes. Idée reçue n° 3 : aller faire un jogging, n’importe où et à n’importe quelle heure est juste une question de volonté. On pourrait égrainer encore un chapelet d’idées reçues qui circulent communément sur l’espace public. On aimerait d’ailleurs y croire. Mais elles sont fausses. Une étude commandée par la Ville de Paris en 2016 a démontré que cette perception de l’espace public avait un biais : elle est genrée, elle est masculine. Eh oui ! L’espace public est sexué. Hommes et femmes n’en ont pas le même usage. Deuxième vérité criante : ce sont majoritairement des hommes qui aménagent l’espace public. Comment rééquilibrer les choses ? Quel regard les femmes portent-elles sur l’espace public ? Six dirigeantes azuréennes partagent leurs initiatives.
Catherine Le Lan, maire de Vence : « L’aménagement territorial et d’espace public est majeur pour un maire. Il y a nécessité de faire évoluer la ville selon les besoins de ses résidents et d’ériger des boucliers contre tous les diktats (tutélaires, immobiliers, économiques). Il faut tenir compte de l’environnement, limiter la consommation de ressources, promouvoir la cohésion sociale et l’attractivité, la qualité de vie et la santé tout en réduisant l’étalement urbain. L’essentiel est de partir de l’usage. Faire de la veille, regarder la concordance des besoins, des possibles et des finances et avoir une vision. Ma méthode est participative et tout-terrain avec des marches exploratoires, des ateliers pour réussir à faire vivre le projet aux Vençois. »
Catherine Mehu, présidente de Villa Le Rêve : « Le changement viendra des femmes. J’ai découvert au cours de mon parcours que le développement individuel favorise le collectif intelligent. C’est pour cela que j’ai créé la Villa Matisse Le Rêve, association vençoise qui, à travers l’art, développe des valeurs d’inclusion et de faire ensemble. La démarche vaut pour l’espace public. » Gaëlle Léandri, directrice adjointe de l’EHPAD La Vençoise et Cantazur : «Les EHPAD ont une longue histoire derrière eux. Si j’avais à en créer un, les principaux aménagements porteraient sur le bien-être des résidents et personnels. Ce qui veut dire avoir une capacité d’investissement suffisante pour entretenir, renouveler et adapter les espaces aux besoins. Je suppose que les espaces publics participent du même principe. Les EHPAD doivent tisser des liens forts avec leur commune. » Hélène Journeaux, kinésithérapeute spécialisée dans la rééducation de la femme après un cancer du sein : « J’ai exercé en libéral comme en salarié au moment d’avoir mes enfants. Et je me suis rendu compte que les lieux d’implantations des crèches étaient cruciaux. Il est essentiel d’aménager des services adaptés à la vie des actifs. » Christine Petitpas, fondatrice de Cartouche Vide : « J’ai installé mon entreprise à Vence pour la qualité de vie. J’offre un vélo électrique aux salariés pour leurs déplacements domicile-travail et certains ne peuvent en profiter pour des raisons de sécurité. L’espace public doit inclure des déplacements doux et être adapté aux fortes vagues de chaleur qui vont s’intensifier. » Claire Abrudeanu, directrice de CFM : « Dans le travail social et la formation professionnelle, les carrières y sont ouvertes aux femmes mais elles subissent le plafond de verre. Au niveau espace public, j’aimerais plus d’espaces d’échange et de solidarité entre les femmes, indépendamment de leur âge ou situation professionnelle. Avec un meilleur accès à l’information pour les femmes en situation de précarité. »