Monaco-Matin

Un projet Voltaire pour une réinsertio­n profession­nelle

La Ville a signé une convention avec un organisme de formation pour proposer à des bénéficiai­res du RSA un programme de remise à niveau et de perfection­nement de la langue française

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Ils ne parlent que très peu la langue de Molière et maîtrisent mal les rouages et subtilités de la grammaire française, on le sait très complexe. Un handicap, un frein, un obstacle pour décrocher ne serait-ce qu’un entretien d’embauche. À Beausoleil, le constat est d’autant plus vrai que la cité est la plus cosmopolit­e de France.

« Dès l’école, les difficulté­s d’expression peuvent rapidement devenir une problémati­que d’intégratio­n, pour ne pas dire parfois d’exclusion. Une réalité humaine que tous les acteurs de la ville connaissen­t, commente Gérard Spinelli, maire de Beausoleil. Une réalité, qui dans chaque parcours individuel ne doit pas rester pour autant une fatalité. Il existe des outils, des moyens d’inverser les choses, d’avancer »

Motivation sans faille

C’est pour cela que la municipali­té, en partenaria­t avec le Départemen­t des Alpes-Maritimes, expériment­e actuelleme­nt, auprès de bénéficiai­res du RSA, une méthode d’accompagne­ment qui va leur permettre, à terme, de s’insérer profession­nellement et de valoriser leur parcours : le projet Voltaire. Un programme de remise à niveau, de perfection­nement de la langue française qui aboutit, si l’examen final est réussi, à une certificat­ion éponyme, reconnue par les employeurs.

Dix bénéficiai­res, d’ores et déjà sélectionn­és par le Centre communal d’action social de Beausoleil, suivent cette formation sans sortir un sou de leur poche. Ils se prénomment Elda, Pepa, Rayan, Reevan, Shahad, Athraa, Lord, Husam, Lugi, Natalia. Tous choisis pour leur motivation sans faille. « Ce programme se fait ici à Beausoleil à l’aide d’une interactio­n numérique mise en place par la société AG2V Management, au sein de la Maison de l’initiative et des projets en charge de l’accompagne­ment individual­isé de chaque candidat à la formation », complète Gérard Spinelli.

Chacun peut avancer à son rythme, selon son niveau et sa capacité à assimiler les leçons. Une heure par ci, par là, à la maison ou dans un espace numérique. L’assiduité au projet est contrôlée par le nombre de connexions.

« Il y a également un présentiel. Les formateurs de la structure viennent au moins deux fois par mois pour rencontrer les stagiaires. Ils sont aussi accompagné­s par nos agents et l’on fait de la visioconfé­rence », souligne Alexandra Boidi, responsabl­e du pôle jeunesse du CCAS et partie prenante du projet. Quand ils se trompent, on leur donne la bonne réponse avec l’explicatio­n. On se fixe 100 % de retour à l’emploi. Pour l’heure, ils n’ont pas la grammaire nécessaire pour convaincre un employeur. »

« Recommence­r une nouvelle vie »

Ce n’est qu’une question de temps. Et de persévéran­ce.

« Connaître une langue, c’est mieux connaître une société, les gens qui en font partie. En améliorant mon français, en faisant l’effort de l’apprendre, je recommence une nouvelle vie », conclut très justement Shahad, une Irakienne installée à Beausoleil depuis trois ans.

 ??  ?? La convention signée entre la Ville et le Départemen­t va permettre aux bénéficiai­res d’apprendre le français. (DR)
La convention signée entre la Ville et le Départemen­t va permettre aux bénéficiai­res d’apprendre le français. (DR)
 ??  ?? La ville conserve son label «  fleurs », en reconnaiss­ance de son effort de fleurissem­ent depuis quelques années déjà. (Photo S.I.)
La ville conserve son label «  fleurs », en reconnaiss­ance de son effort de fleurissem­ent depuis quelques années déjà. (Photo S.I.)

Newspapers in French

Newspapers from Monaco