La chapelle Saint-Hospice à Saint-Jean bientôt rénovée
L’association créée en 1984 pour la sauvegarde de l’édifice religieux a récolté les fonds nécessaires pour entamer les travaux en septembre
Il est une chapelle, dressée au bout d’une presqu’île balayée par la brise marine, dont l’origine du nom s’est perdue dans l’oubli : saint Hospice. En 1984, était créée l’Association pour la restauration et la sauvegarde de la chapelle Saint-Hospice, qui organise, depuis, concerts et événements afin de récolter les fonds nécessaires à la rénovation. Un but qui sera enfin concrétisé cette année. Le début des travaux est en effet prévu pour fin septembre 2019. Ils devraient durer huit mois, pour un coût estimé à 650 000 euros. En attendant, petit retour historique, pour mieux comprendre l’importance du site.
Chronologie de l’histoire de saint Hospice
VIe siècle, pointe de Saint-JeanCap-Ferrat : « Un reclus nommé Hospicius, homme d’une grande abstinence, qui serrait son corps à nu dans des chaînes, portait pardessus un cilice [tunique d’étoffe rude ou de crinn NDLR] , et ne mangeait rien d’autre que du pain et quelques dattes, vivait enfermé dans une tour du monastère. Dieu, pour le récompenser de sa piété, fit venir à lui l’Esprit sain, qui lui dit : “Les Lombards viendront dans les Gaules et dévasteront sept cités” .» Une punition voulue par le Seigneur, pour un peuple « infidèle, adonné au parjure, livré au vol (et) prompt à l’homicide ». « L’anachorète rapporte ces paroles
(1) aux moines, et les exhorte : “Partez de ce lieu et emportez avec vous tout ce que vous avez, car voilà que s’approchent les peuples que je vous ai prédits” ». Resté seul, il voit arriver les Lombards, dévastant tout sur leur passage. Lorsque ces impies découvrent l’homme nu et enchaîné, ils pensent : « C’est un malfaiteur. Il a commis quelque meurtre. » L’un des assaillants brandit alors son épée, mais son bras se raidit et il lâche son arme. Le saint lui impose alors de faire le signe du salut et libère son bras. L’homme se convertit sur l’instant, se fait tonsurer et devient le plus fervent des moines. Quant aux autres, qui ont écouté les paroles du saint, ils rentrent sains et saufs dans leur patrie. Mais ceux qui ont méprisé ses enseignements, périssent misérablement. Cette invasion a eu lieu vers 571. En 568 des Scandinaves, les Lombards « passèrent en Italie, sous la conduite d’Alboin, leur roi. Il emporta Pavie, après un siège de trois ans et fut proclamé roi d’Italie par son armée en 571. Au fil des ans, l’épée se transforma en hache, puis en cimeterre lorsque les Lombards furent remplacés par les Sarrasins, qui traumatisèrent la région par leurs brigandages et leur cruauté de 729 à 973. L’épisode fut ensuite oublié et n’en subsista qu’une mention cartographique. »
Une église au XIe siècle
Le chartrier de Saint-Pons indique
(2) qu’une « “ecclesiam Sancti Ospicii” (église Saint-Hospice) a été construite en 1075, au cap de Saint-Hospice entre Villefranche et Saint-Jean, à la place de la chapelle actuelle. En 1615, celle-ci est absorbée au coeur d’un fort bâti par Charles-Emmanuel Ier de Savoie pour protéger la côte des nombreux pillages. Le recueil note encore qu’en 1655, Charles-Emmanuel II de Savoie ordonne au gouverneur du fort, Balthazar Simeone, de la reconstruire. Gravement endommagée pendant la période révolutionnaire, la chapelle est restaurée sous le Consulat et rouverte au culte en 1801. Le roi Charles-Félix de Savoie lui adjoint un portique côté nord en 1826, qui devient l’entrée actuelle. Une grande ferveur populaire a toujours accompagné le saint, et sa fête donnait lieu à une procession annuelle le dimanche suivant le 16 octobre, réunissant, au bout du cap, les fidèles de tout le canton et de Monaco. Exceptionnellement, d’autres processions avaient lieu, comme lors des sécheresses de 1806 et 1869, ou de l’épidémie de choléra qui s’abattit sur la population en 1834. La chapelle Saint-Hospice est inscrite au titre des Monuments historiques depuis 1929 et le site depuis 1932. 1. Un anachorète est une personne qui s’est retirée de la société séculière pour des raisons religieuses. 2. Un recueil du comte E. Ciais de Pierlas, publié par ordre de SAS le prince Albert Ier.
Autres sources : Gustave Simons Au pays des enchantements : Antibes à S.Remo, Tome II.
Traduction de M.Guizot de l’« Histoire des Francs » de Grégoire de Tours (538-594), 1874.
Louis Moreri : Le grand dictionnaire historique ou le mélange curieux de l’histoire sacrée et profane.
Panneaux informatifs situés dans la chapelle.