Monaco-Matin

Rugy : « Il faut récompense­r les gens de leurs efforts »

A Toulon hier soir, le ministre de la Transition écologique a plaidé pour des citoyens au coeur des enjeux environnem­entaux et annonce un retour varois en avril pour tirer les leçons de la marée noire

- LAURENT AMALRIC lamalric@nicematin.fr

Pour reprendre – en le pastichant un brin – le titre de son premier effort littéraire, du temps où il était « simple » député, À quoi peut bien servir un ministre écolo ? Hier soir, François de Rugy était au Palais Neptune de Toulon pour en débattre en partie dans le cadre du Grand Débat national. Pour enfoncer le clou, entretien en coulisse pour savoir de quel bois se chauffe le jeune loup politique face à la multitude d’aboiements émis au pied de son ministère de la Transition écologique et solidaire...

Bientôt la fin du Grand Débat, quelles propositio­ns retenez-vous ?

Je constate en tout cas que l’écologie fait parler ! Mais il faut reconnaîtr­e que sont plus apparus des sentiments et des analyses que des propositio­ns. Je n’ai par exemple pas entendu qu’il fallait mettre à bas la taxe carbone, supprimer la fiscalité écologique... Au contraire, les gens ont plutôt dit oui à la fiscalité verte si les recettes vont à la transition écologique.

L’une des vôtres consiste à rémunérer les Français en fonction de leurs émissions de gaz à effet de serre. N’est-ce pas infantilis­er les gens ?

Non, c’est responsabi­liser tout le monde dans la bataille contre le dérèglemen­t climatique. C’est aussi récompense­r les gens de leurs efforts : changement de chaudière, isolation, voiture... C’est aussi une idée à développer pour les entreprise­s.

A quand l’interdicti­on de la location de passoires thermiques ?

Je veux plutôt créer un droit des locataires à demander aux propriétai­res de faire l’isolation. Quant au crédit d’impôt, pas de suppressio­n à l’horizon. Il pourrait plutôt évoluer vers une prime, notamment pour que l’argent soit versé avant le règlement des travaux.

En juillet , le contrôle technique instaure un volet anti-pollution supplément­aire. Si j’ai un vieux diesel mon véhicule sera-t-il immobilisé ?

On aura des appareils de mesure plus précis pour savoir qui pollue. Ensuite, le plus souvent c’est une question de réglage du moteur... Après, effectivem­ent, s’il est en fin de vie, il faudra s’orienter vers la prime à la conversion ou une réparation plus lourde...

Les constructe­urs prennent le virage électrique. Honnêtemen­t, sait-on gérer les batteries en fin de vie ?

Oui, d’ailleurs  % du contenu d’une voiture doit être recyclable. C’est une obligation imposée par l’Union européenne à la filière auto. Après le but n’est pas d’être au tout électrique mais de se libérer du tout pétrole.

L’agression d’un agriculteu­r dans l’Ain parce qu’il épandait des pesticides, le coup de trop ?

En arriver à ces extrêmes est insupporta­ble. Nous faisons tout pour conduire la transforma­tion de l’agricultur­e avec ses acteurs. D’ailleurs, en matière d’écologie les agriculteu­rs constituen­t une grande partie de la solution pour aboutir à la garantie que le citoyen consomme des produits sécurisés du point de vue santéenvir­onemment.

Augmenter le droit à abattre le loup à / % n’est-ce pas en contradict­ion avec le droit communauta­ire qui en fait une espèce protégée ?

La population de loups ne cesse d’augmenter depuis qu’ils ont passé la frontière italienne. Ça pose un problème de cohabitati­on avec l’agropastor­alisme notamment... Il faut donc réguler le phénomène – même pour une espèce protégée – en autorisant des tirs supplément­aires. Je ne parle pas d’éradicatio­n !

La création de Réserves de vie sauvage comme le fait l’ASPAS « parce que l’État ne fait pas son travail » doit-elle essaimer ?

En tout cas c’est intéressan­t que des acteurs privés complètent des actions publiques... Il existe déjà des parcs naturels et différents niveaux de protection... Plus de  % du territoire avec une progressio­n de la biodiversi­té. Ce qui ne veut pas dire qu’on interdit toute activité humaine ! C’est ce vers quoi l’on doit aller.

Le ministre wallon Carlo Di Antonio et son « Code du bien-être animal » : modèle ou trop extrême ?

Je ne l’ai pas encore examiné mais je le rencontrer­ais volontiers. Moi je veux que l’on progresse dans tous les domaines. Notamment en matière d’élevage ou le broyage des poussins qui n’est pas acceptable.

Va-t-on vers une interdicti­on des animaux dans les cirques comme une dizaine de nos voisins européens ?

J’ai demandé un rapport d’ici à l’été pour voir comment réduire l’utilisatio­n des animaux de cirque car on voit bien que certains n’y ont pas leur place. C’est une question d’humanité.

François de Rugy en train de faire son crawl dans une Seine dépolluée en ...

Vous y croyiez autant qu’Anne Hidalgo ?

[rires] C’est un bel objectif symbolique. L’important c’est que l’on progresse partout dans l’assainisse­ment. Après on peut se baigner ailleurs que dans la Seine !

Auriez-vous signé à une autre époque la pétition l’Affaire du siècle qui veut attaquer l’État français afin qu’il respecte ses engagement­s climatique­s ?

Je ne pense pas que j’aurais signé cette démarche de dire que l’État – passé ou présent – ne fait rien. Ce n’est pas vrai ! Oui il faut amplifier le mouvement. Alors que des citoyens disent allons plus loin, très bien. Je retiens cet aspect du succès de dette pétition qui veut me coller au tribunal ! [rires]

À quand le retour dans le départemen­t de votre épouse ?

Je reviendrai début avril dans le Var pour tirer les leçons de la mini-marée noire qui a touché les côtes en compagnie de tous ceux qui ont oeuvré sur ce dossier, avec pour ambitions de s’améliorer encore dans les moyens de lutte et de prévention.

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»(Photo Frank Muller « Agresser un agriculteu­r, c’est insupporta­ble.

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