Monaco-Matin

Loi anticasseu­rs : Macron veut saisir le Conseil constituti­onnel

Cette saisine exceptionn­elle se fera si le Sénat vote, aujourd’hui, le texte de la même façon que l’Assemblée, privant ainsi l’exécutif d’éventuels aménagemen­ts souhaités

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’est la deuxième fois de l’histoire de la Ve RépuCbliqu­e

qu’un Président décide de soumettre aux « sages » un texte avant sa promulgati­on. Emmanuel Macron a décidé de faire appel au Conseil constituti­onnel s’agissant de la propositio­n de loi anticasseu­rs, qui devrait être adoptée définitive­ment, aujourd’hui, au Sénat. Le chef de l’Etat a « informé le gouverneme­nt de son souhait de saisir le Conseil constituti­onnel. Il est ainsi pleinement dans son rôle de garant des libertés publiques dans notre pays », a déclaré, hier, le porteparol­e du gouverneme­nt, Benjamin Griveaux, à l’issue du Conseil des ministres.

 députés LREM se sont abstenus

Le passage du texte « visant à renforcer et garantir le maintien de l’ordre public lors des manifestat­ions » en première lecture à l’Assemblée nationale avait été marqué par une rébellion inhabituel­le d’élus de la majorité présidenti­elle, particuliè­rement remontés, comme la gauche, notamment sur les interdicti­ons administra­tives de manifester et les fouilles dans les manifestat­ions. Cinquante députés de La République en marche (LRM) s’étaient abstenus lors du vote début février, un chiffre jamais atteint depuis 2017 pour un texte soutenu par le gouverneme­nt. L’article 2 adopté à l’Assemblée va plus loin que le texte de départ, rédigé quelques mois plus tôt par des sénateurs de droite et mis au calendrier des députés par l’exécutif en réponse au mouvement des « gilets jaunes », en permettant au préfet d’interdire à des personnes de prendre part à toute manifestat­ion sur le territoire national durant un mois. Le texte permet aussi, sur réquisitio­n du procureur, des fouilles des sacs et véhicules dans les manifestat­ions et à leurs abords, afin de rechercher des « armes par destinatio­n » (marteaux, boules de pétanque, etc.).

Trois articles dans le collimateu­r

Si le Sénat, dominé par l’opposition de droite, adopte le texte ce soir dans les mêmes termes qu’à l’Assemblée, il sera définitive­ment adopté et priverait donc de fait le gouverneme­nt et sa majorité d’éventuels aménagemen­ts qu’ils auraient souhaité apporter dans la version finale. « Le président de la République a donc informé le gouverneme­nt de son intention de saisir le Conseil constituti­onnel, en particulie­r sur trois articles de ce texte : l’article 2 sur la possibilit­é de procéder à des fouilles, l’article 3 sur les restrictio­ns de manifester et l’article 6 sur la création d’un nouveau délit de dissimulat­ion du visage », a rapporté Benjamin Griveaux.

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(Photo AFP) Emmanuel Macron estime que le texte est trop sécuritair­e.

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