Les enjeux du salon de la santé connectée
L’un des co-fondateurs de e-healthWorld Monaco s’apprête à lancer la cinquième édition du Salon de la santé connectée. Un secteur qui a le vent en poupe !
Charles Nahmanovici, cofondateur de e-Healthworld Monaco, est gynécologue-obstétricien-chirurgien. Médecin passionné, il a été précurseur en lançant en 2015 le premier Salon de la santé connectée. Aujourd’hui, le secteur se développe de façon exponentielle, notamment sous l’impulsion du gouvernement princier. De quoi s’attendre à une édition bouillonnante de eHealthWorld Monaco 2019, au Fairmont Hotel Monte-Carlo, les 26 et 27 mars.
Le salon e-healthWorld s'inscrit à un tournant notamment en raison des orientations politiques soutenues de Monaco en faveur de la e-santé. Quelles conséquences pour votre salon ?
Sous l'impulsion du Prince et de son gouvernement, le virage du numérique a été pris à Monaco avec une forte dynamique apportée par Frédéric Genta et son équipe. Cela ne vous étonnera pas que nous percevions cette transition comme une exigence supplémentaire aux priorités que nous nous étions fixées : respect de l'humain et excellence de la manifestation et des intervenants !
C'est ainsi qu'après quatre éditions, la manifestation de
‘‘ Monaco est reconnue pour son haut niveau scientifique et la qualité des orateurs. Le salon e-HealthWorld a réuni à Monaco, depuis cinq ans, tous les acteurs de l'e-santé avec une forte volonté de partager avec les professionnels de santé tous les ingrédients d'une évolution inéluctable au bénéfice du patient. Je pense qu'il est bien clair maintenant que l'e-santé va permettre aux professionnels de faire encore mieux leur métier et que les craintes que l'on a pu entendre, ici ou là, ne sont pas justifiées.
Travaillez-vous directement avec le gouvernement princier pour faire avancer la e-santé à Monaco ?
Il ne nous appartient pas d'émettre des avis mais, si nous sommes consultés, nous serons heureux d'apporter notre modeste contribution. En attendant, un partenariat virtuel (rires) s'est installé puisque le Prince nous a accordé son haut patronage, le gouvernement tout son soutien, et Didier Gamerdinger, conseillerministre de la Santé fera l'ouverture du Congrès. Par ailleurs, une session est consacrée à l'Hôpital Numérique avec les directeurs du CHPG et du Centre CardioThoracique, Benoîte de Sevelinges et Guy Nervo, ainsi que le président du conseil de l'Ordre des Médecins, le Dr Jean-Michel Cucchi et le directeur de projet e-santé pour le Gouvernement, Thierry Poyet. Le Conseil National soutient également notre démarche au travers de la Commission pour le Développement du Numérique, présidée par Franck Julien. Par ailleurs, nous avons un partenariat avec la Monaco Tech et l'une des start-up qui y est incubée présentera l'outil, promis à un bel avenir me semble-t-il, qu'elle a mis au point. Enfin des professionnels de santé de Monaco interviendront au cours du congrès et nombre de ceux impliqués dans cette dynamique à Monaco participeront au congrès et pourront intervenir au cours des débats.
Quels sont les secteurs qui ont le vent en poupe ?
Je dirais que tous ! Mais nous avons fait deux axes forts sur la télémédecine et l'intelligence artificielle. Le premier va entraîner un grand nombre de changements dans nos façons de travailler. Mais face aux dérives qui pourraient apparaître, nous avons décidé de débattre sur les bonnes et mauvaises pratiques de la télémédecine pour que les participants puissent repartir avec des idées claires sur ce qu'il faut faire et ne pas faire. Ce sera également le take home message des sessions sur la télémédecine en officine qui va connaître un boom considérable.
Et partout de l’Intelligence Artificielle ?
Elle sera de toutes les sessions. La e-santé se démocratise et il est important de savoir comment, demain, nous allons l'utiliser. Mais il faut aussi comprendre qu'il n'est pas question qu'elle prenne la place du médecin. L’intelligence artificielle aidera le praticien dans les différentes étapes de la prise en charge du patient et lui libérera du temps qu'il pourra consacrer aux patients.
Précurseur il y a cinq ans, imaginiez-vous une ascension si fulgurante du numérique dans la santé ?
Tout ce qui améliore la prise en charge du patient est appelé à se développer de façon inéluctable. Regardez ce qui s'est passé avec la chirurgie mini-invasive et avec la radiologie interventionnelle. Ces deux disciplines sont à l'origine du développement de l'ambulatoire qui a amélioré les protocoles d'anesthésie et permet une récupération rapide. Demain, avec la MedTech et la BioTech, nous serons sans doute capables de déceler et traiter les pathologies aux stades les plus initiaux. Le but étant de bien soigner le malade, mais aussi d'essayer d'anticiper le plus possible la maladie de façon à ce que le sujet ne tombe pas malade ou qu'il soit pris en charge le plus tôt possible avec les meilleures chances de guérison rapide. Pensez donc qu'aujourd'hui, on peut prévoir la survenue d'un infarctus plus d'une demi-heure avant son apparition…
Cela ouvre de belles perspectives. De même il existe un projet de cartographier, à l'aide de l'IA, le système immunitaire, comme on l'a fait pour le génome, avec pour objectif d'avoir un diagnostic exact en quelques instants par une simple prise de sang au tout début de la maladie.
Une nouvelle médecine en somme ?
Les perspectives sont extraordinaires. Quand je relis l'histoire de la médecine, je suis émerveillé à chaque page. Et aujourd’hui, les avancées de la médecine connaissent une accélération exponentielle.
Les professionnels de la santé sont-ils prêts à franchir le pas ?
Comment ne le seraient-ils pas ? Aujourd'hui, la prise en charge du patient ne se conçoit pas autrement que dans l'association de tous les intervenants.
Ce n'est pas une rupture mais une évolution inéluctable, à tambour battant je vous le concède, qui va améliorer et simplifier le travail des professionnels et la qualité des soins.
Quels seront les temps forts du salon ?
À e-HealthWorld, nous privilégions toujours les débats, les échanges, les confrontations d'idées.
Cela va encore être le cas pour, outre les sujets évoqués plus haut, la coordination des soins, le parcours patient, la protection des données, l'éthique de l'IA, la nécessaire mutation de l'industrie pharmaceutique, l'utilisation des blockchains en santé, la robotique, la simulation et la réalité virtuelle, sans oublier les aspects économiques. Nous avons également des sessions destinées aux spécialistes, ceux pour lesquels le traitement de l'image par l'IA est l'objet de mutations profondes, ce sont la radiologie et la dermatologie mais aussi ceux qui bénéficient de nouveaux outils, les chirurgiens, les gynécologues, les kinésithérapeutes. Une session intitulée l'Afrique et l'e-santé est organisée en collaboration avec J. Froissart, secrétaire général de l'Amade internationale présidée par la Princesse Caroline de Hanovre qui nous avait honorés de sa présence en 2018.
Des enseignements de formation continue sont organisés pour les
médecins et les infirmiers (es).
La manifestation est reconnue pour son haut niveau scientifique ”
‘‘ Il n’est pas question que l’Intelligence artificielle prenne la place du médecin ”
Pourquoi avoir choisi le docteur Patrick Errard pour présider cette édition ?
Il est médecin spécialiste en gastro-entérologie, directeur général d'un laboratoire pharmaceutique, pastprésident du Leem (Les industries du médicament, N.D.L.R.), viceprésident de la Fédération des industries de santé (Féfis), coprésident avec Anne Lauvergeon de la Commission Innovation du Medef. Une position qui lui permettra de partager avec les participants une vue circulaire sur le présent et l'avenir de la santé.