Monaco-Matin

Examen des tests osseux pour les jeunes migrants

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Le recours aux tests osseux sur des mineurs étrangers isolés est-il conforme à la Constituti­on ? Les « Sages » – parmi lesquels l’ex-Premier ministre Alain Juppé – se sont penchés, hier, sur ces examens très controvers­és réalisés pour déterminer l’âge des jeunes migrants. A l’origine de la question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC), un jeune Guinéen, Adama S., qui avait assuré avoir  ans à son arrivée en France en . Renvoyé vers le conseil départemen­tal de l’Ain, Adama S. avait refusé de se soumettre à ces examens radiologiq­ues. Un juge des enfants en avait déduit en  qu’il n’était pas mineur et avait levé son placement auprès de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Le jeune homme avait fait appel en acceptant cette fois les tests osseux. En juillet, la cour d’appel de Lyon avait estimé son âge entre  et  ans et confirmé qu’il ne bénéficier­ait pas de l’ASE. Il avait formé un pourvoi en cassation. A l’appui de ce pourvoi, sa défense a déposé une QPC visant l’article  du Code civil, qui encadre depuis  le recours à ces examens radiologiq­ues – souvent de la main ou du poignet – pour déterminer l’âge d’un jeune. Selon cet article, « les examens radiologiq­ues osseux aux fins de déterminat­ion de l’âge, en l’absence de documents d’identité valables et lorsque l’âge allégué n’est pas vraisembla­ble, ne peuvent être réalisés que sur décision de l’autorité judiciaire et après recueil de l’accord de l’intéressé ». « Les conclusion­s de ces examens, qui doivent préciser la marge d’erreur, ne peuvent à elles seules permettre de déterminer si l’intéressé est mineur. Le doute profite à l’intéressé. ». Pour l’avocate d’Adama S., Me Isabelle Zribi, le recours à ces tests non « fiables » « porte atteinte à la protection de l’enfance et au droit à la santé et à la dignité » des migrants mineurs. Elle pointe « la très large marge d’erreur » de ces examens et le risque que cela induit : « priver des mineurs de la protection de l’Etat [français], les livrer à la rue », voire à la délinquanc­e ou aux abus. La Cour de cassation avait transmis en décembre la question au Conseil constituti­onnel.

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