Brexit : nouvelle défaite pour Theresa May
Nouvelle plongée dans l’incertitude au Royaume-Uni : à dixsept jours de la date fixée pour le Brexit, les députés britanniques ont rejeté massivement, hier soir, l’accord de divorce avec l’Union européenne. Au total, 391 députés se sont prononcés contre l’accord, et 242 pour. La Chambre des communes l’avait déjà rejeté massivement une première fois le 15 janvier. Pour cette deuxième tentative, Theresa May a échoué à obtenir la majorité dont elle avait besoin, avec des garanties décrochées à la dernière minute. En effet, cette nouvelle version de l’accord était pourtant renforcée d’ultimes engagements juridiques, signés par le président de la commission européenne, Jean-Claude Junker, dans la soirée de lundi. Après le vote, la Première ministre a répété que cet accord était « le seul et meilleur accord possible ».
Le chef de l’opposition travailliste lui a aussitôt répondu : « Leur accord, celui de la Première ministre, est clairement mort », a lancé Jeremy Corbyn.
Cinglant désaveu
Ce vote est donc un cinglant désaveu pour la Première ministre conservatrice qui a âprement négocié ce texte de près de six cents pages pendant de longs mois, et pose la question de sa survie à la tête de l’exécutif. C’est toujours l’avenir de la frontière irlandaise qui concentre l’opposition du Parlement, refusant toute démarcation physique entre la République d’Irlande du RoyaumeUni, tout en craignant de rester dépendant aux réglementations européennes en l’absence d’une telle séparation. Theresa May n’est pas arrivée à les convaincre de la pertinence du dispositif de backstop (1), imaginé à Bruxelles et contenu dans l’accord.
Le spectre du«nodeal»
L’accord de divorce ainsi rejeté, les députés voteront, aujourd’hui, sur la possibilité de sortir de l’Union européenne (UE) sans accord, un scénario redouté par les milieux économiques. C’est le fameux no deal, agité comme un chiffon rouge par Theresa May devant les députés depuis plusieurs mois. Si cette option est exclue, le Parlement votera à nouveau demain, cette fois sur une proposition de report «limité » du Brexit, fixé pour le moment au 29 mars. Hier soir, l’Union européenne était « prête à considérer » un report de la date du Brexit, si le Royaume-Uni en faisait une demande « motivée », a déclaré Mina Andreeva, porte-parole de la Commission européenne.
1. Dans l’accord conclu en décembre 2017, le Royaume-Uni et l’UE promettent de tout faire pour éviter le rétablissement de contrôles le long de la frontière entre les deux pays.