Monaco-Matin

« Le Ray était en fusion »

Formé à Nice, Laurent Gagnier avait été l’un des artisans de la remontée du club en 2002

- VINCENT MENICHINI

Aécouter tous ceux qui ont joué avec lui, Laurent Gagnier avait «un truc en plus ». Adroit devant le but, élégant balle au pied, “Lolo” aurait sans doute pu mieux faire. Barré par le duo Diawara-Meslin, il n’a joué que cinq matchs en Division 1. La saison précédente, il avait contribué à la remontée dans l’élite. Un moment unique pour cet attaquant formé au Gym qui n’a rien oublié. « J’ai encore plein de flashs de cette soirée contre Istres (victoire 3-0). Je marque, on monte, le Ray est en fusion. Le rêve pour un Niçois ! »

Laurent, Noé Pamarot a vendu la mèche. Vous auriez dû signer à l’AS Roma, vraiment ?

Ce n’est pas une connerie. Je n’étais pas extraordin­aire, mais pas si mal (sourires).

La Roma me voulait, je devais signer mais Sandro Salvioni a mis son veto.

Il a dit à Sensi que si j’allais là-bas, il quittait le club. Du coup, il ne s’est rien passé. Je me suis fait un peu avoir, comme d’habitude. C’est un peu l’histoire de ma carrière.

Elle vous laisse des regrets ?

Non, non, on a la carrière qu’on mérite. On me voyait plus haut mais je ne me suis pas donné les moyens de franchir un cap. J’étais plus ou moins sérieux, je sortais beaucoup. Le foot, ce n’était pas un métier mais un amusement. J’avais aussi tendance à faire confiance à plein de gens. J’étais beaucoup trop gentil. J’aurais pu mieux faire, c’est sûr, mais je ne regrette rien.

‘‘ J’aurais pu mieux faire”

Vous quittez l’OGC Nice en D pour Niort. Pourquoi ?

Je ne m’entendais pas du tout avec Gernot Rohr. Quinze jours avant la reprise, je me fais une déchirure au quadriceps. Mais mon tort était d’être le grand ami de Pablo (Rodriguez). On était toujours ensemble. Rohr ne supportait pas ça et m’a demandé de m’éloigner de Pablo, qu’il voulait dégager. Je n’ai pas trahi mon ami, fait le choix du coeur. Kaba (Diawara) et Poussin (Meslin) étaient en feu. Je revendiqua­is juste d’être le troisième attaquant, mais je n’avais pas sa confiance.

Quel est le joueur le plus fort techniquem­ent avec lequel vous avez évolué ?

(Direct) Pablo ! Quelle patte gauche ! Une main à la place du pied. Au Ray, c’était le chouchou. Dès qu’il y avait une faute, le public chantait “Pablito, Pablito...” Une fois, il y a une faute sur moi à quarante mètres du but. Pablo était chaud, il voulait tirer de cette distance. J’ai dû le raisonner (rires).

Le plus fou ?

Tout le monde le sait, c’est Sammy (Traoré). Il était complèteme­nt malade. Avec lui, on se tapait des barres de rire mémorables. On avait une équipe de dingues. Quand on jouait à l’extérieur, on faisait en sorte de rester sur Paris après les matchs. On a fait quelques bonnes fêtes, vécu des choses incroyable­s.

Le plus complet ?

Romain Pitau. La machine à laver. Il savait tout faire, même s’il ne payait pas de mine.

Le plus méchant ?

José (Cobos). Il envoyait de gros tampons. Everson, aussi, était pas mal dans son style. Quand il mettait le pied dans un duel, tu pouvais être sûr que c’est lui qui ressortait avec le ballon. Tout le monde sautait face à lui. Avec ses grosses cuisses, Noé faisait peur mais ce n’était pas un méchant. Demandez à Giuly ! (rires).

Le coach que vous n’avez jamais oublié ?

Guy David. Il nous faisait croire qu’on était des Ronaldinho. Il était très paternalis­te avec moi. On a vécu de grands moments avec lui. Paix à son âme. On donnait tout sur le terrain pour le rendre fier. Un grand monsieur. En jeunes, Roger (Ricort) m’a également marqué. C’était l’école Guy David. Il nous a mis la misère avec Cubi (Cubilier). Il voulait qu’on aille le plus haut possible. Sandro Salvioni a ensuite imposé sa rigueur. Avec lui, il n’y avait pas de place pour le hasard.

Celui avec lequel vous n’irez pas en vacances ?

Gernot (Rohr)... Mais, bon, peut-être qu’un jour on discutera et que ça se passera bien. A Niort, Jacky Bonnevay manquait de franchise. Il ne protégeait pas ses joueurs. Je n’aimais pas du tout sa façon de faire.

Que reste-t-il de la remontée en Division  ?

J’ai encore plein de souvenirs en tête. La victoire contre Istres, avec un Ray en fusion, c’était mythique ! En plus, je marque. J’avais fait l’avion pour célébrer mon but, comme Poussin. Ma famille était en tribune, j’embrasse l’écusson. Inoubliabl­e pour un joueur formé au club ! Plus jeune, j’allais au stade en Brigade pour voir les Amitrano, Djelmas, Kurbos et tous les autres. Quelques années après, c’était moi à leur place. J’ai vécu ça. A l’époque, on était en mise au vert à Carros. Sur la route menant au Ray, il y avait des supporters et des drapeaux partout. Comment tu veux oublier ça ? Lors des dix dernières minutes du match contre Istres, j’ai kiffé comme jamais.

Le Gym d’aujourd’hui ?

Un club bien structuré avec de grands coachs. Vieira fait un gros boulot, alors que l’effectif a pas mal changé. Rivère et Fournier ont apporté de la stabilité. Pour l’Europe, ça va être compliqué, mais on ne sait jamais ce qui peut se passer dans le football. Alors, pourquoi ne pas y croire ?

Votre actualité ?

Je voyage encore pas mal, en Espagne, pour voir Noé (Pamarot), au Gabon, à Singapour car j’ai des connexions là-bas depuis mes expérience­s de joueur. C’est très enrichissa­nt. Je m’occupe également avec mon frère de centres d’amincissem­ent et de bien-être dans le coin. Je suis basé à Cagnes-surMer, j’ai un petit de sept mois. A l’avenir, je pourrai intégrer un club, si l’opportunit­é se présente.

Savoir +

Laurent Gagnier sera au café des Aiglons (17h30) avant le match contre Toulouse pour évoquer ses souvenirs avec les supporters du Gym.

 ?? (Photos Patrice Lapoirie et Frantz Bouton) ?? Laurent Gagnier (ici, à la lutte avec Sébastien Squillaci) a disputé cinq matchs de Division  lors de la saison de la remontée (-), avant de quitter la Côte d’Azur pour rejoindre Niort. L’année d’avant, il avait contribué, en compagnie de Pablo Rodriguez, au retour du Gym dans l’élite.
(Photos Patrice Lapoirie et Frantz Bouton) Laurent Gagnier (ici, à la lutte avec Sébastien Squillaci) a disputé cinq matchs de Division  lors de la saison de la remontée (-), avant de quitter la Côte d’Azur pour rejoindre Niort. L’année d’avant, il avait contribué, en compagnie de Pablo Rodriguez, au retour du Gym dans l’élite.
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