Monaco-Matin

«Ilfautêtre­réaliste»

- PROPOS RECUEILLIS PAR VIVIEN SEILLER

Il ne tient pas en place. Frotte les mains sur ses jambes. S'agite. Schématise ses paroles avec les bras. Après deux ans loin des bancs, Nikola Antic a de l’énergie à revendre. Arrivé ce week-end à Antibes pour remplacer Julien Espinosa, le nouvel entraîneur des Sharks est revenu lundi matin sur la mission qui se présente à lui et son passé d’entraîneur. Décrit comme un homme droit et impliqué par ceux qui l’ont cotoyé, le Monténégri­n a douze journées pour sauver le club de la relégation. A  ans, le coach tient un discours mêlant prudence et sincérité.

L'annonce de votre arrivée sur le banc a pu surprendre par son timing...

Il y a toujours des avantages et des inconvénie­nts, je respecte la décision du président (Freddy Tacheny). Il voulait donner encore une chance à Julien (Espinosa), c'est peut-être pour ça que ça a “trainé”. Il était conscient de la situation mais il voulait montrer aux sponsors et au public qu'il respectait Julien. Ce n'est pas à moi de dire si c'est tard ou non. Ça me complique la tâche mais j'ai accepté et je suis conscient de la difficulté.

A quand remontent les premiers contacts ?

A quatre jours. C'est une décision que j'ai dû prendre rapidement, le club voulait une réponse pour l'annoncer à Julien. Ils se sont renseignés, on a parlé longuement. Beaucoup de coachs vous diront :

« Le discours du président m'a plu » parce que c'est un cliché mais on a eu un bon feeling. J'ai accepté certaines choses en très peu de temps. Ça ne veut pas dire que j'ai tout lâché et que je voulais à tout prix le boulot, mais je suis réaliste et je sais que changer beaucoup de choses aujourd'hui coûte cher. A commencer par mes assistants : ce sont mes armes et je suis venu sans mes armes. C'est difficile.

Le club vous a imposé de venir seul ?

Oui. Il faut être réaliste.

Si je viens avec deux assistants, il faut payer les anciens, accueillir les nouveaux, les loger... et peut-être que dans deux semaines on ne sera plus en Pro A !

Si tu n'es pas fou tu comprends ! Si on était au début du championna­t je n'aurais pas compris mais là c'est un cas spécial. Cholet m'a contacté au moment de changer de coach et finalement ils ont choisi (Erman) Kunter parce qu'il avait déjà été champion de France avec eux. Antibes est une autre équipe qui voulait changer de coach. Je pense que j'ai une bonne cote et si j'avais refusé ça voudrait dire que j'étais un coach de Pro B ou de Nationale .

Les échanges avec vos nouveaux adjoints ?

Ça va ! Je suis très réservé au début, le temps reste le meilleur juge.

Les conditions ici ?

Vous savez, dans mon ancien club (Châlons-Reims) on s'entrainait un jour à Châlons, un jour à Reims, cinq joueurs étaient à Châlons, cinq à Reims... Il fallait anticiper les choses. Ici on a tout sur place avec une belle salle. Il y a aussi le climat, même si c'est le même chez moi au Monténégro. Mais ce n'est pas ça le plus important. J'ai envie de faire quelque chose qui va rester. La mission maintien semble compliquée...

J'ai coaché deux équipes en difficulté mais je ne connaissai­s pas ce challenge-là. Dix journées avant la fin du championna­t, ça change beaucoup de choses. C'est à moi de trouver les solutions. Si je réussis tant mieux mais je ne serai pas un dieu. Si je ne réussis pas j'aurai plus d'expérience. Le coach peut motiver, donner quelques informatio­ns mais si les joueurs sont comme ils étaient jusqu'à présent on gagnera plus d’un match.

Il faut redonner confiance ?

Oui. La dernière victoire m'aide un peu mais quand vous n’avez que quatre victoires, la confiance manque et c'est plus difficile de travailler dans ces conditions. Je n'aime pas les clichés des coachs qui disent : «Je ferai tout pour réussir. » Le temps nous en dira plus, on verra.

Vous avez analysé l'équipe ?

J'ai vu les matchs contre Le Portel et Gravelines mais je n'ai pas encore vu le match contre Bourg-en-Bresse, il y avait un bug informatiq­ue sur le site (sourire) .Jel'ai enregistré, je vais le regarder mais j'avais tellement de choses à gérer... Je vais être prudent avant de critiquer ou de faire une analyse. Je connais certains des problèmes de l'équipe.

Vous venez pour une mission à court terme ou pour préparer la suite ?

Quatre mois ! Quatre mois ! (Il répète) La suite, on verra après. Si je ne me concentre pas sur ces quatre mois, comment je peux espérer autre chose ? Pour être un bon coach il faut vivre différente­s situations, pas toujours dans le confort. Mon destin, ce n'est pas le confort ! Quand je suis Nikola Antic

Né le  juillet  à Mitrovica (ex--Yougoslavi­e).

Clubs entraînés : Charlevill­e-Mézières (), Châlons-Reims (-).

Palmarès : Meilleur coach de Pro B (-)

arrivé à Charlevill­e-Mézières il n'y avait rien, même pas un bureau ou un téléphone !

Quel genre d’entraîneur êtes-vous ?

Je maîtrise le terrain, j'ai été joueur donc je peux aider les joueurs techniquem­ent et pas seulement tactiqueme­nt. J'ai travaillé onze ans dans deux clubs, ça veut dire que j'ai montré des qualités sur le terrain mais aussi des qualités humaines. L'humain seul ne suffit pas. J'aime bien les joueurs gentils mais il faut qu'ils jouent !

Julien Espinosa a marqué le club. Lui succéder ajoute de la difficulté au défi ?

(Il réfléchit) Je mesure mes mots, c'est très délicat. Est-ce que c'est plus difficile ou pas, je ne sais pas. J'ai accepté parce que le club et Julien se sont séparés correcteme­nt. Ça me soulage sinon il pourrait y avoir un refus des supporters parce qu'ils seraient malheureux pour lui. Julien est jeune, pour lui c'est une bonne occasion d'aller ailleurs, de rencontrer des problèmes s'il veut devenir un coach complet. Tu peux être un bon coach en travaillan­t toute ta vie dans un club, mais pour être un coach complet, il faut rencontrer d'autres problèmes.

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Mon destin, ce n’est pas le confort ! ”

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(Photos Eric Ottino)
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