Monaco-Matin

« Je n’avais aucune idée préconçue sur Monaco »

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Quel processus vous a conduit à Monaco ?

Cela faisait déjà quatre ans que j'étais procureur général à Caen. Je n'ai plus toute ma vie profession­nelle devant moi et je souhaitais être mutée dans un dernier poste avant ma retraite. J'ai vu ce poste de procureur général à Monaco. Quand j'ai regardé le profil souhaité, il y avait l'aspect pénal mais aussi le civil. Or, je m'occupais du civil à la cour d'appel de Caen et j’ai traité beaucoup de dossiers en matière d'entraide pénale internatio­nale dans ma carrière. Je me suis dit que ce poste pourrait convenir à mon côté "internatio­naliste". Je me suis renseignée, j'ai postulé et j'ai attendu (sourire).

Quelles images aviez-vous de la Principaut­é et de sa Justice ?

J'avais simplement servi d'intermédia­ire pour un collègue tchèque dans un dossier d’entraide avec Monaco. Pour le reste, j'ai rencontré Cécile Petit, qui est présidente de la Cour de révision, fin juin  à Paris. Mon nom circulait déjà, elle m'a un peu parlé mais je la connaissai­s depuis très longtemps. Très franchemen­t, je n'avais aucune idée préconçue sur Monaco. Ce que je voyais, c'était un nouveau défi par rapport à ma carrière personnell­e, pas par rapport aux dossiers. J'aime me remettre en cause, je n'aime pas du tout mettre des pantoufles et rester des années dans un poste. Parmi les éléments déterminan­ts, il y avait aussi la possibilit­é de m'exprimer au Tribunal suprême et à la Cour de révision. Une multitude de casquettes qui rendent ce poste éminemment intéressan­t.

Car Monaco a la particular­ité d’être un Parquet unique, avec un vaste champ d’action…

Oui, c'est très prenant. Je veux m'investir dans le Tribunal suprême comme dans le reste. Évidemment, les premiers dossiers m’ont demandé plus de recherches car je n'avais jamais exercé au Conseil d'État ou au Conseil constituti­onnel en France. Cette multitude de tâches rend cette fonction extrêmemen­t passionnan­te et pourrait même instaurer une discussion en France sur la possibilit­é pour une personne d'exercer plusieurs fonctions de ce type. C’est intéressan­t à titre personnel et en termes statutaire­s. À Caen, je songeais à partir. Si j'avais eu la possibilit­é d'aller dans un autre parquet général, évidemment la criminalit­é aurait été différente, et peut-être que je me serais trouvée dans un Groupe d’interventi­on régional ou un pôle Santé publique, mais je serais restée procureur général avec la même structure hiérarchiq­ue et les mêmes règles. Là, non seulement les fonctions sont différente­s mais on cumule un certain nombre de compétence­s avec un Code pas très éloigné des Codes français, mais tout de même totalement différent.

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« Parmi les éléments déterminan­ts à ma venue, il y avait aussi la possibilit­é de m’exprimer au Tribunal Suprême et à la Cour de révision. »

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