La chambre régionale des comptes flatte la Ville
Réunis lundi, les conseillers municipaux ont pris acte du rapport de la juridiction financière, dont la municipalité a eu connaissance fin janvier. Du point de vue du maire, les conclusions sont positives
Un petit air de satisfaction planait lundi soir dans la salle du conseil – principalement au-dessus des bancs de la majorité – au moment d’aborder la première délibération. Rendant compte du rapport de la Chambre régionale des comptes, après que cette dernière a analysé les comptes et la gestion de la commune pour les années 2011 à 2018.
« Le simple fait qu’il n’y ait pas eu de contrôle depuis 2006 montre que notre ville n’est pas ciblée comme présentant des risques à court ou moyen termes, commente le maire, Jean-Claude Guibal. Je vous le dis tout de suite, le rapport est très bon. » Et l’élu d’insister sur le fait que seules les recommandations comptent – la commune ayant un an pour y répondre par les actes.
Six recommandations
Or, la Chambre n’en soumet que six. On retiendra ainsi que la juridiction somme la Ville de :
✏ Présenter un rapport sur les orientations budgétaires comportant l’ensemble des informations exigées (« Il manquait la durée et le cycle de travail des employés »).
✏ Se conformer aux prescriptions budgétaires en matière d’engagement de la dépense (« Nous avions tendance à payer avant de passer commande – pour les urgences »). ✏ Respecter strictement la durée annuelle de travail de 1 607 heures. ✏ Respecter le principe de parité avec la fonction publique de l’État concernant le régime des autorisations d’absence.
✏ Supprimer le mois de congés supplémentaire accordé aux agents partant à la retraite.
✏ Contrôler la gestion des délégataires publics («Certains avaient pour manie de faire des copier-coller de leurs rapports annuels d’activité d’une année sur l’autre »).
De ce copieux rapport, le maire retient au fond ce que la Chambre ne dit pas. « Vous remarquerez qu’il n’y a pas de recommandation concernant les marchés publics. Or dieu sait que nous en avons passé, entre autres pour de gros chantiers comme les Sablettes, Cocteau ou Sciences Po… Il n’y a pas non plus d’observation sur les questions financières. » Jean-Claude Guibal mentionne par ailleurs un avis, qu’il juge pour sa part infondé. La Chambre pointant du doigt l’absence d’étanchéité entre le cabinet et la direction générale des services. « Ils estiment que ce n’est pas au cabinet de gérer la communication et le protocole. Or, nous leur avons sorti la fiche-métier qui précise bien que le directeur de cabinet supervise l’activité de communication et les relations extérieures – donc le protocole. Heureusement que l’on se parle ! »
Au fond de la salle, l’opposant Philippe Briand (Modem) fait la moue : « Vous qualifiez ce rapport de “très bon” mais nous, nous le trouvons plutôt sévère sur certains points. Sur la confusion entre les membres du cabinet et de la communication nous ne partageons pas le même point de vue que vous. Il doit y avoir plus d’étanchéité : par nature, l’un est politique, l’autre technique. » L’élu remarque par ailleurs que le rapport pointe le recours systématique à des employés non titulaires.
« Nous aimerions que soient privilégiées les embauches pérennes, et payées comme il faut… Quant aux délégataires, il n’y a pas que les plages qui pêchent, mais aussi le camping et les parkings. »
Le maire feint l’étonnement : «Sur ces sept années, ce sont les seules choses que vous arrivez à trouver… Seules les recommandations importent. Le reste, c’est l’avis d’un magistrat et de l’assemblée plénière. » L’adjoint à l’urbanisme, Yves Juhel, se montre plus corrosif. «Denombreuses villes aimeraient avoir un rapport comme celui-là. Je comprends qu’il soit difficile de trouver des points de détails pour pouvoir critiquer – ce qui est, j’en conviens, le rôle de l’opposition – mais le rapport donne raison à notre gestion ! », clame-t-il. Invitant au contraire la majorité à (s’) applaudir.
« Je dis juste qu’il y a des choses à entendre. C’est bien que la Chambre régionale dise que l’opposition n’a pas toujours totalement tort… », rétorque Philippe Briand.
Le bâton de parole revient à l’autre groupe d’opposition, en la personne
de Patrice Novelli : «Jesuis d’accord avec vous pour ce qui est de l’organisation des services, c’est logique. Ce qui l’est moins, ce sont les contrats renouvelés constamment. 23 vacations en un mois, tout de même ! » On lui répond qu’entretemps, lesdites vacations ont été très considérablement réduites. Lors d’une interruption de séance, le directeur général des services, Alain Riquet – un brin facétieux – souligne auprès de Philippe Briand que « la Ville de Pau a le même organigramme que nous ». Une ville aux mains… du Modem. Piqué au vif après avoir été rabroué par le maire, Claude Calvin explose : « Tout ce que vous dites, tout ce que vous faites est parfait. Et quand ce n’est pas le cas, vous dites qu’il faut interpréter différemment… »