Iter, source d’énergie pour les entreprises de la région
Le projet de giga-réacteur expérimental rayonne sur le Sud-Est. Jusqu’à ce soir, cette aventure inédite réunit un millier d’industriels du monde entier au palais des congrès
Créer de toutes pièces un « petit soleil » sur Terre : par son climat béni des dieux, la région Sud était prédisposée à cette mission hors norme. Et le projet Iter (lire ci-contre) le lui rend bien, dès lors qu’il rayonne sur son industrie de pointe.
Iter, l’ambitieux réacteur thermonucléaire qui doit voir le jour au centre de Cadarache, à Saint-Paul-lezDurance (Bouches-du-Rhône), vise à révolutionner la production d’énergie sur notre planète. Rien de moins. Or, jusqu’à ce soir, AntibesJuan les Pins est en quelque sorte au coeur du réacteur.
Le palais des congrès accueille plus d’un millier de participants venus du monde entier au Iter business forum, qui investit la région tous les deux ans. Nice avait eu les honneurs de la première en 2007. Mais ce nouveau rendez-vous azuréen est d’une ampleur inédite. Signe d’un engouement croissant.
millions d’euros par an
Après quelques ratés à l’allumage, malgré un coût qui a explosé pour atteindre les 20 milliards d’euros, le projet Iter serait sur de bons rails. L’assemblage du tokamak, machine ultra-sophistiquée destinée à exploiter l’énergie de fusion, doit débuter en 2020. 35 pays partagent cette aventure de longue haleine, comparable à la recherche spatiale. « Des représentants des 35 pays viennent passer cinq, dix ans en Provence. Ils en apprécient la qualité et seront d’excellents ambassadeurs de votre région à leur retour », insiste Bernard Bigot, directeur général d’Iter oragnization. Au-delà du bon coup de pub, Iter est, dès à présent, synonyme de retombées économiques pour le Sud-Est. À consommer par les ressources investies. « Notre organisation dépense 500 millions d’euros par an, dont 100 millions de salaires, consommés sur place », dévoile Bernard Bigot, soulignant « cet impact extrêmement positif. »
Ce n’est pas le seul. Certaines entreprises locales bénéficient de l’activité liée à ce méga-chantier. Exemple, cité par Bernard Bigot : «Une entreprise chinoise ou coréenne qui vient s’installer sur le site s’appuiera sur un intermédiaire local. »
« Une belle vitrine »
Surtout, certains fleurons industriels régionaux ont décroché des contrats XL. À l’instar du groupe CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée). C’est sur son site historique de la Seyne-sur-mer que sont conçus et fabriqués certains des composants, aussi complexes qu’imposants, destinés à Iter. 50 employés y travaillent. Et 70 autres s’affairent à Cadarache. CNIM a décroché son premier contrat en 2009, « pour les grosses pièces complexes d’Iter : des supports destinés aux aimants toroïdaux qui permettent de générer le plasma », explique François-Xavier Catelan, directeur nucléaire et grands instruments scientifiques chez CNIM. Depuis, son groupe a édifié un bâtiment sur mesure, investi dans des machines de haute précision. À la clé : une trentaine de contrats représentant 150 millions d’euros. Treize sont toujours en cours. Même à l’échelle de ce projet pharaonique, CNIM apparaît comme « l’un des acteurs très importants ,reconnaît François-Xavier Catelan. Iter est une vitrine, mais correspond aussi à notre ADN. Il permet de préparer l’avenir avec la fusion, plutôt que la fission. C’est l’une des solutions pour répondre aux enjeux climatiques et énergétiques futurs. » À Pertuis (Vaucluse), Assystem a fait le pari Iter encore plus tôt. Dès 2006. « Ce n’était encore qu’un terrain vague », sourit Sébastien Bonici, responsable de l’agence de Pertuis, en charge de l’activité Iter. Son entreprise intervient «à90%» pour de l’ingénierie. Mais aussi dans le design, la construction de bâtiments ou l’assemblage. Assystem mobilse 150 employés sur Iter, décroche là « une belle vitrine », en même temps que 15 millions de chiffre d’affaires annuels.
Un aimant pour la Côte ?
Pour le département des AlpesMaritimes, les 15 millions d’euros investis devraient en rapporter 30, selon Jacques Veyron, directeur
de l’agence Iter France. Ce dernier l’admet néanmoins : jusqu’ici, la Côte d’Azur a eu le sentiment d’être réduite à la portion congrue. « Dans ce département, nous avions un peu de distance par rapport à Iter », confirme Daniel Sfecci, au nom de la CCI et de l’UPE 06. Mais à ses yeux, ce forum en terres antiboises « rebat les cartes ». Et prouve « qu’un programme extraordinaire se passe à quelques pas de chez nous ! »
De son côté, Jean Leonetti savoure. Le maire d’Antibes a fait ses comptes : grâce aux retombées de l’Iter business forum, « 400 000 à 500 000 euros arrivent sur le territoire d’Antibes. Une toute petite chose par rapport aux grands contrats liés à l’implantation d’Iter en Provence. Mais un élément positif pour la dynamique de la Côte d’Azur. » et parce que les politiques se sont engagés dès . Sur les sujets de haute technologie, les Nom : Iter (International thermonuclear experimental reactor). Signifie « le chemin » en latin. Adresse : centre de Cadarache, à Saint-Paul-les-Durance (). Partenaires : pays rassemblant l’Union européenne, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les États-Unis.
Mission : reproduire sur Terre la fusion des noyaux d’hydrogène en hélium, l’énergie illimitée qui alimente le soleil et les étoiles. Coût estimé : milliards d’euros. Calendrier : début d’assemblage en , premier plasma en , montée en puissance en , fourniture d’énergie en .
Fiche d’identité
entreprises de la région ont donc leur carte à jouer. Mais pour cela, elles doivent se mobiliser.