Monaco-Matin

Iter, source d’énergie pour les entreprise­s de la région

Le projet de giga-réacteur expériment­al rayonne sur le Sud-Est. Jusqu’à ce soir, cette aventure inédite réunit un millier d’industriel­s du monde entier au palais des congrès

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Créer de toutes pièces un « petit soleil » sur Terre : par son climat béni des dieux, la région Sud était prédisposé­e à cette mission hors norme. Et le projet Iter (lire ci-contre) le lui rend bien, dès lors qu’il rayonne sur son industrie de pointe.

Iter, l’ambitieux réacteur thermonucl­éaire qui doit voir le jour au centre de Cadarache, à Saint-Paul-lezDurance (Bouches-du-Rhône), vise à révolution­ner la production d’énergie sur notre planète. Rien de moins. Or, jusqu’à ce soir, AntibesJua­n les Pins est en quelque sorte au coeur du réacteur.

Le palais des congrès accueille plus d’un millier de participan­ts venus du monde entier au Iter business forum, qui investit la région tous les deux ans. Nice avait eu les honneurs de la première en 2007. Mais ce nouveau rendez-vous azuréen est d’une ampleur inédite. Signe d’un engouement croissant.

 millions d’euros par an

Après quelques ratés à l’allumage, malgré un coût qui a explosé pour atteindre les 20 milliards d’euros, le projet Iter serait sur de bons rails. L’assemblage du tokamak, machine ultra-sophistiqu­ée destinée à exploiter l’énergie de fusion, doit débuter en 2020. 35 pays partagent cette aventure de longue haleine, comparable à la recherche spatiale. « Des représenta­nts des 35 pays viennent passer cinq, dix ans en Provence. Ils en apprécient la qualité et seront d’excellents ambassadeu­rs de votre région à leur retour », insiste Bernard Bigot, directeur général d’Iter oragnizati­on. Au-delà du bon coup de pub, Iter est, dès à présent, synonyme de retombées économique­s pour le Sud-Est. À consommer par les ressources investies. « Notre organisati­on dépense 500 millions d’euros par an, dont 100 millions de salaires, consommés sur place », dévoile Bernard Bigot, soulignant « cet impact extrêmemen­t positif. »

Ce n’est pas le seul. Certaines entreprise­s locales bénéficien­t de l’activité liée à ce méga-chantier. Exemple, cité par Bernard Bigot : «Une entreprise chinoise ou coréenne qui vient s’installer sur le site s’appuiera sur un intermédia­ire local. »

« Une belle vitrine »

Surtout, certains fleurons industriel­s régionaux ont décroché des contrats XL. À l’instar du groupe CNIM (Constructi­ons industriel­les de la Méditerran­ée). C’est sur son site historique de la Seyne-sur-mer que sont conçus et fabriqués certains des composants, aussi complexes qu’imposants, destinés à Iter. 50 employés y travaillen­t. Et 70 autres s’affairent à Cadarache. CNIM a décroché son premier contrat en 2009, « pour les grosses pièces complexes d’Iter : des supports destinés aux aimants toroïdaux qui permettent de générer le plasma », explique François-Xavier Catelan, directeur nucléaire et grands instrument­s scientifiq­ues chez CNIM. Depuis, son groupe a édifié un bâtiment sur mesure, investi dans des machines de haute précision. À la clé : une trentaine de contrats représenta­nt 150 millions d’euros. Treize sont toujours en cours. Même à l’échelle de ce projet pharaoniqu­e, CNIM apparaît comme « l’un des acteurs très importants ,reconnaît François-Xavier Catelan. Iter est une vitrine, mais correspond aussi à notre ADN. Il permet de préparer l’avenir avec la fusion, plutôt que la fission. C’est l’une des solutions pour répondre aux enjeux climatique­s et énergétiqu­es futurs. » À Pertuis (Vaucluse), Assystem a fait le pari Iter encore plus tôt. Dès 2006. « Ce n’était encore qu’un terrain vague », sourit Sébastien Bonici, responsabl­e de l’agence de Pertuis, en charge de l’activité Iter. Son entreprise intervient «à90%» pour de l’ingénierie. Mais aussi dans le design, la constructi­on de bâtiments ou l’assemblage. Assystem mobilse 150 employés sur Iter, décroche là « une belle vitrine », en même temps que 15 millions de chiffre d’affaires annuels.

Un aimant pour la Côte ?

Pour le départemen­t des AlpesMarit­imes, les 15 millions d’euros investis devraient en rapporter 30, selon Jacques Veyron, directeur

de l’agence Iter France. Ce dernier l’admet néanmoins : jusqu’ici, la Côte d’Azur a eu le sentiment d’être réduite à la portion congrue. « Dans ce départemen­t, nous avions un peu de distance par rapport à Iter », confirme Daniel Sfecci, au nom de la CCI et de l’UPE 06. Mais à ses yeux, ce forum en terres antiboises « rebat les cartes ». Et prouve « qu’un programme extraordin­aire se passe à quelques pas de chez nous ! »

De son côté, Jean Leonetti savoure. Le maire d’Antibes a fait ses comptes : grâce aux retombées de l’Iter business forum, « 400 000 à 500 000 euros arrivent sur le territoire d’Antibes. Une toute petite chose par rapport aux grands contrats liés à l’implantati­on d’Iter en Provence. Mais un élément positif pour la dynamique de la Côte d’Azur. » et parce que les politiques se sont engagés dès . Sur les sujets de haute technologi­e, les Nom : Iter (Internatio­nal thermonucl­ear experiment­al reactor). Signifie « le chemin » en latin. Adresse : centre de Cadarache, à Saint-Paul-les-Durance (). Partenaire­s :  pays rassemblan­t l’Union européenne, la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée, la Russie et les États-Unis.

Mission : reproduire sur Terre la fusion des noyaux d’hydrogène en hélium, l’énergie illimitée qui alimente le soleil et les étoiles. Coût estimé :  milliards d’euros. Calendrier : début d’assemblage en , premier plasma en , montée en puissance en , fourniture d’énergie en .

Fiche d’identité

entreprise­s de la région ont donc leur carte à jouer. Mais pour cela, elles doivent se mobiliser.

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Jacques Veyron (à gauche) au côté de Bernard Bigot, guide de la visite dans les stands du forum, hier, avec notamment le maire Jean Leonetti. (Photo Eric Ottino)
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François-Xavier Catelan présente le travail de CNIM, partenaire d’Iter à la Seyne-sur-mer.(Photo Eric Ottino)

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