km/h : vers la fin d’une controverse ?
La fenêtre ouverte par le Sénat mardi soir, laissant entrevoir un assouplissement de la limitation à 80 km/h sur certaines portions de routes, donnera-t-elle un bol d’air aux automobilistes des Alpes-Maritimes ? Il est encore un peu tôt pour se réjouir, mais sans avoir le pied trop lourd, on peut espérer un changement de régime. De quoi s’agit-il ? D’une proposition autorisant les présidents des conseils départementaux, les préfets et les maires concernés à moduler le règlement en fonction de la réalité du terrain. L’abaissement à 90 km/h de la vitesse maximale autorisée aurait permis de sauver plus de cent vies.
Mais le dispositif ne s’est pas fait que des amis. « Depuis son entrée en vigueur, le 1er juillet dernier, cette mesure ne suscite que polémiques et controverses », constate Christian Estrosi qui « souhaite vivement » que le Parlement entérine ce retour en arrière. « Aujourd’hui, il apparaît plus qu’urgent d’être à l’écoute des citoyens et de redonner aux élus locaux [...] une part de décisionnel » afin d’apaiser le contexte « grâce à une intelligence collective et collaborative » ,déclare le président de la Métropole NiceCôte d’Azur. Cette collectivité avait dû installer ou changer une cinquantaine de panneaux, contre une douzaine pour le réseau routier relevant de la responsabilité du Département. L’usager, dans tous les cas, étant supposé adapter sa cadence à la nature de la voie. Double : 90 km/h. Simple : 80. Le zébra faisant
foi. Satisfaction au Département
Le Conseil départemental des Alpes-Maritimes avait voté le 18 mai 2018 une motion par laquelle l’assemblée manifestait son opposition à la mise en oeuvre indifférenciée de cette mesure. Son président Charles-Ange Ginésy est donc satisfait. L’amendement du Sénat répond à la demande qui avait été formulée sur la base d’une analyse de l’accidentalité au cours des cinq dernières années. Celle-ci montrant que, sur 104 « mortels » recensés sur les routes départementales, 25 % « seulement » s’étaient produits sur des sections où la vitesse maximale autorisée était de 90 km/h. D’autres facteurs pouvant être mis en cause, dont l’alcool, les stupéfiants ou encore l’usage du téléphone.
« Aucun impact en terme de sécurité routière »
Le Département rappelait également qu’il avait fait de la lutte contre l’insécurité routière l’une de ses priorités. Dans les faits, on peut rappeler que, depuis le 1er juillet dernier, sur 1 705 km de RD, quelque 1 106 km font l’objet d’une limitation à 80 km/h. « Aucun impact en terme de sécurité routière n’a pu à ce stade être constaté sur ces réseaux », assurent les services de M. Ginésy. Le président concluant : «Jenepeuxque me réjouir de cet amendement qui replace la collectivité en responsabilité, comme elle a toujours su le faire. » Alors, 80 ou 90 km/h ? Pas de précipitation. L’arbitrage du gouvernement sur un éventuel aménagement ne devrait pas intervenir avant l’épilogue du « Grand Débat ». Il n’est même pas exclu que rien ne bouge avant la fin de la période d’évaluation, fixée au mois de juillet 2020. Il ne serait donc pas prudent d’anticiper en appuyant un peu trop fort sur le champignon.