Infections nosocomiales : l’hygiène des mains primordiale Prévention
Environ 5 % des patients contractent une infection à l’occasion de soins. Pour limiter encore les risques, des protocoles drastiques sont en vigueur dans les hôpitaux
C’est assez rare, mais ça arrive : on entre à l’hôpital avec une pathologie, on en ressort avec une autre. Cette « autre », c’est l’infection nosocomiale. Elle est due à un germe (lire en encadré). Pas de panique par anticipation pour autant. D’abord parce qu’elle est totalement imprévisible – même si les sujets fragiles (personnes âgées, nouveaunés, immunodéprimés, etc.) sont plus à risque ; ensuite parce que les établissements de santé mettent en place de nombreux protocoles pour limiter les risques. Le Dr Thierry Fosse, médecin hygiéniste et président du Comité de lutte contre les infections nosocomiales du CHU de Nice, explique: « Le matériel est stérilisé ou à usage unique. En revanche, le point sur lequel il faut être très vigilant, c’est l’hygiène des mains. De toutes les mains : celles des praticiens mais aussi celles des proches qui viennent rendre visite au malade. Ces dernières années, la Haute autorité de santé (HAS) a relevé les exigences en la matière. »
La référence : la solution hydroalcoolique
Dans un premier temps, il faut savoir que, pour limiter la propagation des bactéries, la technique la plus fiable est l’utilisation de solution hydroalcoolique. «Lelavage avec du savon, c’est efficace, mais il doit être correctement effectué, en frottant bien la surface des deux mains, y compris entre les doigts et avec un bon séchage. Cela prend au moins une minute. Ensuite, d’un point de vue pratique, cela implique d’avoir des points d’eau à de nombreux endroits. Dans un milieu hospitalier, c’est difficile à organiser. Pour la HAS, en raison de sa grande efficacité, l’utilisation de solution hydroalcoolique est la technique de référence », résume le Dr Fosse. Pour mémoire, ce produit ne pose pas de problème, puisqu’il ne contient pas de substance nocive. Il doit être appliqué sur peau sèche – si elle est humide, la solution est diluée et perd en efficacité. Cela peut être désagréable s’il y a des coupures sur les mains ; mais dans ce cas, on pourra opter temporairement pour des gants à usage unique. L’hygiène des mains répond à un protocole précis : il faut savoir quand le faire, c’est ce qu’on appelle les opportunités d’hygiène des mains. Pour résumer, elle doit être effectuée au plus près de chaque acte : juste avant et juste après les soins.
En entrant et en sortant de la chambre
Et pour les visiteurs, c’est à l’entrée et à la sortie de la chambre du malade. « Il y a parfois des confusions : l’environnement du patient est aussi porteur de germes que luimême, souligne le médecin hygiéniste. Par ailleurs, le port des gants n’exclut pas une friction avec de la solution hydroalcoolique, les germes pouvant proliférer sous les gants. C’est la raison pour laquelle, lorsqu’il s’agit de gestes simples comme une auscultation générale, on ne préconise pas les gants. » Pour mieux ancrer ces principes, les équipes d’hygiène (il y a en principe des référents en la matière dans chaque établissement) ont notamment pour mission d’informer le public, et surtout les professionnels des gestes, à adopter. « Les enjeux sont importants : la population vieillit, les techniques évoluent, il y a de plus en plus de pathologies chroniques qui sont autant de facteurs de risques sur le plan des infections nosocomiales. L’autre difficulté, c’est le développement de l’ambulatoire. La vigilance doit perdurer à la sortie de l’hôpital, parce que les infections peuvent toujours se déclarer au domicile. » Toutefois, le Dr Fosse se veut rassurant : « Si on respecte l’hygiène de base, le taux d’infection est limité. Ces 30 dernières années, on a fait de gros progrès. » Car au-delà des mains, les procédures sont très protocolisées : désinfection des instruments, des lieux, traitement de l’air dans les blocs opératoires, etc. Rien n’est laissé au hasard… si ce n’est le risque de contracter une infection. C’est souvent difficile à entendre mais dans la grande majorité des cas, c’est la faute à pas de chance.
Raison de plus pour maintenir la vigilance en gardant confiance en son hôpital.
«Ilfaut être vigilant avec l’hygiène des mains des praticiens et... des proches. » Dr Thierry Fosse
Médecin hygiéniste