Monaco-Matin

Condamné pour avoir utilisé le nom « Monaco »

- JEAN-MARIE FIORUCCI

En général, le sacrosaint principe de territoria­lité engendre des droits de propriété intellectu­elle étroitemen­t liés à une nation qui les a concédés. On comprend qu’en Principaut­é le gouverneme­nt veille également au grain. Ou plutôt aux royalties versées par les utilisateu­rs des produits estampillé­s « Monaco » et « Monte-Carlo ». Son bras armé ? Sa filiale « Monaco Brand » (MEM), dont l’objet est de valoriser et défendre le portefeuil­le de marques protégées et déposées de l’autorité souveraine dont elle est propriétai­re. Au moindre écart, la sanction tombe. C’est la raison pour laquelle l’État monégasque a conduit devant le tribunal correction­nel une société parisienne qui commercial­isait depuis 2014 des pièces et porte-clés frappés aux célèbres vocables monégasque­s. Pas au coin du bon sens au vu des photos présentées...

Outre le côté financier, l’action en justice vise également, sans le cacher, à porter

un coup d’arrêt à l’essor de la contrefaço­n. À renforcer la lutte contre la copie frauduleus­e frôlant le « pastichage apocryphe ».

« Flou juridique européen »

Au cours de l’audience, le président Jérôme Fougeras Lavergnoll­e, sans se lancer dans une investigat­ion proche de l’analyse forensique, rappelle quelques manquement­s aux représenta­nts légaux. « Il y a eu des tentatives de pourparler­s : ils n’ont jamais abouti. Entendus à Paris, vous avez évoqué une décision de justice européenne qui déboutait la MEM de ses demandes. Vos produits étaient même vendus dans les commerces de Monaco. Pourquoi avoir poursuivi cette fabricatio­n illicite de souvenirs ? » Du côté de la barre, la réponse oscille entre résistance et la préférence à « plaider coupable. Nous avons pris cette décision à la suite de l’infraction sanctionné­e par le tribunal civil. Toutefois, nous n’avons eu aucune réponse à nos mails sur la modificati­on du contrat. Le flou juridique européen évite le délit sur le caractère descriptif et géographiq­ue. En fait, aucune jurisprude­nce ne confirmait le droit du plaignant. Si nous étions sûrs de leurs droits, toute fabricatio­n aurait cessé. » La partie civile, représenté­e par Me Régis Bergonzi, met en exergue le difficile bras de fer de l’État pour se défendre dans une longue bataille extrêmemen­t compliquée. « Dans ce combat, estime l’avocat, il faut préserver l’image de la Principaut­é. L’exploitati­on concernée est autorisée moyennant licences. Or, à la barre, des contrevena­nts essaient d’éviter la redevance de 8 %. On se cache derrière des contestati­ons sur un article concernant le genre de bibelots. On ergote pour faire durer et prendre de l’argent… avec une particuliè­re mauvaise foi. Les produits litigieux et les moules ont été cédés pour une ultime plus-value au moment de la vente de cette société. L’addition ? 11 652,64€ de redevances ; 15 000€ de frais d’avocat depuis 2014 ; 5 000€ de préjudice moral plus 15 000€ pour la résistance morale. »

  € d’amende avec sursis

Dans ses brèves réquisitio­ns, le premier substitut Olivier Zamphiroff demeure logique : « Pour tout achat où figurent Monaco et Monte-Carlo, il y a une part de l’attrait de la Principaut­é. Dans ces circonstan­ces, prévoyez une amende assortie du sursis. » Quant à la défense, Me Xavier-Alexandre Boyer s’étonne « des négociatio­ns qui échoueront par le silence et se concluront par une mise en demeure. Pourtant, il y avait de quoi se méprendre sur l’étendue des droits de la MEM. La peine doit le prendre en compte. Que de temps perdu pour un simple litige commercial ! Enfin, aucun préjudice ne peut être évoqué aux vues du contexte et des incertitud­es. Déboutez la partie civile. » Si le tribunal limite la peine à 3 000€ d’amende avec sursis, il octroiera 11 652€ de dommages et 3500€ de frais de procédure au plaignant.

 ?? (Archive N.-M.) ?? La société parisienne commercial­isait des pièces et des porte-clés frappés de la marque Monaco depuis .
(Archive N.-M.) La société parisienne commercial­isait des pièces et des porte-clés frappés de la marque Monaco depuis .

Newspapers in French

Newspapers from Monaco