« La France a un avenir dans l’industrie »
On vous a vu avec Emmanuel Macron. Dans quelle condition avez-vous fait sa connaissance ?
Je l’ai connu lorsqu’il était jeune banquier chez Rothschild. Au sein de la French american Foundation, nous avons un programme intitulé young leaders, qui détecte des trentenaires pour leur potentiel. Le patron de la banque de fonds d’investissement m’avait appelé en en attirant mon attention sur les qualités d’Emmanuel Macron. Nous l’avons évidemment sélectionné. Il a été tout de suite à l’Élysée puis au ministère des Finances. J’admire la personnalité de quelqu’un qui, à ans, comprend, dans le système politique français, qu’il y a un vide gigantesque et un couloir pour s’y engouffrer. Sa personnalité est exceptionnelle. Et sa gestion de la crise des « gilets jaunes » ? C’est le passage du rêve à la réalité ! La conscience aiguë du rôle qu’il avait à jouer dans le monde a probablement un peu laissé en second plan ce qui était en train de monter dans le pays. Le phénomène des gilets jaunes est le révélateur d’une révolte d’une partie de la population qui n’arrive plus à vivre d’une façon suffisamment décente. Cette réaction est logique. Elle a été évitée tant que l’État avait les moyens de financer des aides sociales et des rémunérations sans réelles contreparties économiques. Aujourd’hui, c’est devenu un mouvement hybride difficile à analyser, qui ralentit, mais et qui se redéploiera certainement sous une autre forme. Ceci est malheureux car la France dispose de l’énergie phénoménale de jeunes entrepreneurs créateurs, comme nous venons d’en voir des milliers au salon Viva
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La France dispose de l’énergie phénoménale de jeunes entrepreneurs créateurs”
Technology à Paris. Il faut parvenir à ce que cette énergie et cette capacité de créer se traduisent en réels résultats économiques et en emplois. Or la croissance est à peine supérieure à %, ce qui est nettement insuffisant.
La France a-t-elle encore des atouts dans l’industrie ?
Bien sûr ! En une dizaine d’années, avec Apollo, nous avons fait, en France, plusieurs opérations significatives : le rachat d’une ancienne branche de Lafarge, la recréation de l’exPéchiney, le sauvetage de Latécoère, le rachat de Verallia... Toutes ces industries ont leurs origines, leurs centres de recherche et l’essentiel de leur production en France. Pourtant, en trente ans, l’industrie est passée de à % du PIB (quand elle est de % en Allemagne). Il y a une ou deux lueurs. L’année dernière, pour la première fois, l’industrie a été créatrice d’emplois et en nombre d’usines. Par ailleurs, la France a gardé des centres de recherche d’exception et n’a pas perdu ses sièges sociaux, donc ses centres de décision. Je pense, par conséquent, qu’elle a un avenir dans ce domaine. Il n’y a absolument rien d’inéluctable. Il y a juste des mesures incitatives à développer.