L’inquiétant rapprochement avec l’empire du Milieu
En lançant un emprunt en Chine et en ouvrant son plus grand port aux capitaux chinois, le Portugal a montré, hier, qu’il misait sur sa coopération avec Pékin en dépit des avertissements de Washington et des inquiétudes de Bruxelles.
Coup sur coup, le pays a annoncé qu’il allait devenir le premier de la zone euro à lancer un emprunt en yuan sur le marché chinois de la dette, puis il a invité les entreprises chinoises à investir dans le port de Sines (sud-ouest) pour en faire la « porte atlantique » du projet des « nouvelles routes de la soie » lancé par Pékin. Pendant que la Commission européenne met en place un mécanisme de contrôle des investissements étrangers dans les secteurs stratégiques, visant essentiellement la Chine, le Portugal se montre toujours aussi accueillant. L’investissement chinois au Portugal est estimé à quelque dix milliards d’euros, soit environ % du PIB, et place le pays au
e rang européen, selon des données du ministère de l’Economie. Frappé de plein fouet par la crise de la dette en , le Portugal a permis à plusieurs fleurons de son économie d’ouvrir largement leur capital aux Chinois, tels le groupe Energias de Portugal (EDP), la première banque privée BCP, la principale compagnie d’assurances Fidelidade ou le gestionnaire du réseau électrique REN.
Pendant l’OPA du groupe étatique China Three Gorges sur EDP, qui a échoué fin avril, l’ambassadeur des Etats-Unis à Lisbonne avait reproché au Portugal sa dépendance vis-à-vis de la Chine dans un contexte de rivalité croissante entre Washington et Pékin.