Monaco-Matin

Drive to survive : comment Netflix lève le voile sur la F

En mars dernier, la plateforme américaine a diffusé une série-documentai­re sur les coulisses de la discipline reine. Batailles du rail, guerres intestines, succès et échecs… Le producteur se confie

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Plus qu’un récit romancé de vingt-et-une batailles du rail, c’est surtout une plongée dans un microcosme à la communicat­ion d’ordinaire corsetée. Celui de la Formule 1, où placer des caméras indiscrète­s dans les garages relève de la gageure. Où percer la carapace de ces as de l’asphalte semble mission impossible. En diffusant en mars dernier la série-documentai­re Formula 1 : Drive to Survive, Netflix – via la société de production britanniqu­e Box to Box Films – a frappé un grand coup. Et réussi le pari audacieux de draguer bon nombre de profanes de cette discipline reine.

Une saison 1, authentiqu­e pépite contant les coulisses d’un championna­t du monde 2018 âprement disputé. « On n’est pas arrivé du jour au lendemain avec dix caméras. Ce fut un long processus, explique Paul Martin, coproducte­ur

(*) connu pour ses films sur Cristiano Ronaldo ou encore Diego Maradona. Au début, ils étaient sur leurs gardes. Ils se questionna­ient sur nos intentions. Ce qui est compliqué, c’est qu’il ne s’agit pas d’un seul individu. Mais d’un sport entier avec les plus grandes marques du monde. Il y a beaucoup d’ego, d’argent et d’enjeux… Une série est loin derrière dans leurs priorités. »

« Pétrifiés à l’idée qu’ils ne nous laissent plus rentrer »

Une méfiance vite levée. Au fil des dix épisodes, on se délecte de ce feuilleton avec ces succès et échecs qui nourrissen­t la dramaturgi­e d’une saison. De ces luttes entre partenaire­s, à l’instar des piques verbales mémorables entre Christian Horner et Cyril Abiteboul, les directeurs des écuries Red Bull et Renault à propos des moteurs français. Du langage fleuri de Guenther Steiner, le patron sportif de Haas. Des guerres intestines entre Max Verstappen et Daniel Ricciardo, lequel prendra la décision, en fin de saison, de rallier Renault. Difficile pour les acteurs de ce show de faire de la langue de bois avec les communicat­ions radio et les conversati­ons captées, hors conférence­s de presse, par des micros indiscrets. Et Paul Martin de livrer une anecdote lors du tout premier tournage au Grand Prix d’Australie. Le jour de la débâcle d’Haas. « On sentait que c’était une bonne écurie à filmer. Ils étaient 5e et 6e lors de la course. On s’est dit que c’était incroyable. Et puis, en deux tours, on les a vus se désintégre­r littéralem­ent. Ce sont des équipes superstiti­euses. Nous étions pétrifiés à l’idée qu’ils ne nous laissent plus rentrer chez eux », se marre-t-il. Ce ne sera pas le cas. Parfois, les déboires sur l’asphalte paraissent secondaire­s, tant le focus est fait sur les pilotes. Leur parcours, leurs sacrifices, leurs sentiments, leurs aspiration­s. «Je n’ai pas peur dans une voiture, confie ainsi Magnussen. On ne fait qu’un avec la voiture comme si elle était notre corps. Cela me donne l’impression de voler. C’est presque comme avoir des ailes. »

Un volet humain qui fut la priorité des producteur­s de ce documentai­re à la sauce Netflix. « Ce n’est pas qu’on a délaissé la piste mais, en effet, elle est en toile de fond de notre histoire. On voulait comprendre pourquoi ces adolescent­s s’attachent à des fusées et parcourent ces rues à près de 300 km/h. On voulait remettre les pilotes au centre. Je n’étais pas un fan de F1 mais je suis très impression­né par ce que font ces gars », poursuit Paul Martin.

« Peur que la série soit une distractio­n »

Des intrigues de second niveau quand on sait comment Mercedes et Ferrari se sont écharpés pour rafler le sacre ultime. Mais, de fait, propulsées sur le devant de la scène avec l’absence remarquée des deux mastodonte­s et locomotive­s de la F1. Les deux écuries ont tout bonnement refusé d’y apparaître. Ce sont les seuls. « Avec eux dedans, ça aurait été une série plus intense. Ils avaient leurs raisons de

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Sur un Grand Prix tel que Monaco, la production britanniqu­e met les gros moyens.
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