Monaco-Matin

Tremble chocolatin­e !

Frédéric Roy, boulanger niçois, ardent défenseur de l’artisanat, va représente­r, lundi, la Côte d’Azur à Toulouse, pour la première Coupe du monde de la chocolatin­e

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Le débat amuse la France et les réseaux sociaux. Faut-il dire pain au chocolat ou chocolatin­e ? Jusqu’à déraper dans le drolatique et l’absurde pour savoir lequel est le meilleur des deux. Il n’y a évidemment pas débat. C’est le pain au chocolat. Lundi sera l’occasion de donner vie à cette sympathiqu­e polémique régionalis­te avec la première « Coupe du monde de la chocolatin­e (vs pain au chocolat) », à Toulouse. Frédéric Roy, boulanger rue de France, à Nice, représente­ra la Côte d’Azur.

Cet ardent défenseur de l’artisanat prend les choses extrêmemen­t au sérieux et s’entraîne activement.

Car, d’apparence potache, le concours sera présidé par une kyrielle de meilleurs ouvriers de France. « Les journées sont déjà longues car je prends tous les jours vers 4 heures et je finis à 20 heures. Mais depuis environ trois semaines, j’essaye de prendre deux heures par jour pour me préparer spécialeme­nt pour la Coupe du monde », raconte Frédéric Roy.

Des stars dans le jeu

Ce concours est plus technique qu’il n’y paraît. «Il ne s’agit pas seulement de faire des pains au chocolat, il y a des poids à respecter, des recettes, des calibrages, un croustilla­nt, une recette à inventer aussi. Tout va être noté de “A” jusqu’à “Z” et tout ce qui ne sera pas respecté, ce sera des points en moins à la fin. »

Dans ce débat qui fait la part belle à l’absurdité et à la mauvaise foi, Frédéric Roy excelle. « Un mangeur de pain au chocolat saura toujours reconnaîtr­e ce qu’est un vrai, un beau, un bon pain au chocolat. À l’inverse, un mangeur de chocolatin­e a un peu de mal à trouver sa route… » L’événement amuse décidément tout le monde. Le sympathiqu­e chef des cuisines de l’Élysée, Guillaume Gomez, résolument pain au chocolat, avait gentiment provoqué, sur Twitter, la présidente de la région Occitanie, qu’il avait croisée récemment. Et Carole Delga de lui répondre : «Vivela chocolatin­e libre d’Occitanie ! »

Le champion du monde de foot, Bixente Lizarazu (team chocolatin­e), s’est engagé dans la bataille. Il a même chambré Frédéric Roy sur Twitter, commentant une photo de ses pains au chocolat en attente de passer au four : «Non ce sont des nems ! ». Grégoire Margotton, commentate­ur sportif de TF1, pro pains au chocolat, n’en finit plus de s’écharper gentiment avec Bixente Lizarazu sur le sujet. Bernard Montiel, présentate­ur télé, membre de la « team chocolatin­e », a également chambré le boulanger niçois. La Coupe du monde réunira vingt profession­nels, quinze apprentis et six amateurs. Elle sera placée sous la présidence de Sylvain Herviaux, meilleur ouvrier de France boulanger, mais aussi de meilleurs ouvriers de France de toutes discipline­s, d’artistes, de chefs

cuisiniers, de sportifs, etc.

Derrière l’humour, le débat

Ce débat, qui divise la France sur le ton de l’humour, cache un sujet important : la défense de l’artisanat. Frédéric Roy en est un ardent défenseur. Il milite depuis longtemps pour un label « croissant de tradition française ». 80% des viennoiser­ies vendues en boulangeri­e sont aujourd’hui industriel­les, souligne-t-il. « Aujourd’hui, je peux vous vendre un pain au chocolat ou un croissant industriel­s sans avoir à vous le dire. D’où ma démarche d’ouvrir le décret à la viennoiser­ie. »

Frédéric Roy a préparé sa toque surmontée d’un « Issa nissa » et de «#TeamPainAu­Chocolat ». Il s’envolera ce week-end pour Toulouse avec tout son matériel, pour atterrir en terre de chocolatin­e.

Et devenir roi du pain au chocolat ?

 ?? (Photos E. Ottino) ?? « Un mangeur de pain au chocolat saura toujours reconnaîtr­e ce qu’est un bon pain au chocolat », certifie Frédéric Roy.
(Photos E. Ottino) « Un mangeur de pain au chocolat saura toujours reconnaîtr­e ce qu’est un bon pain au chocolat », certifie Frédéric Roy.

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