Monaco-Matin

Le fantôme de Katoto

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Son nom pourrait rapidement revenir au coeur des conférence­s de presse de Corinne Diacre. Si les Bleues venaient à pécher dans la finition face à des défenses regroupées, cas de figure qu’elles pourraient rencontrer en phase de poules, l’ombre de Marie-Antoinette Katoto planera sur le groupe France. La meilleure buteuse du championna­t de France cette saison ( buts avec le PSG) peut-elle s’avérer une épine dans les pieds tricolores ? Ce fantôme capable de faire dérailler le train français, pesant sur le mental de tout un collectif. Pour Marinette Pichon, ex-coéquipièr­e de Diacre en équipe nationale, la sélectionn­eure a pris la bonne décision. « Même sans MarieAntoi­nette, il y a une armada offensive. Je pense que l’épisode du Mondial U (disputé en Bretagne en  avec une ‘‘MAK’’ à côté de son sujet, ndlr) a laissé des séquelles. Elle risquait de jouer ce Mondial sans plaisir. Et on a besoin de filles capables d’en prendre dès qu’elles entrent dans la compétitio­n. Marie-Antoinette a un potentiel hyper intéressan­t, mais elle est peut-être un ton en dessous par rapport aux attentes de Corinne. On parle d’une fille qui n’a que quatre sélections... On dira que je veux défendre ‘‘Coco’’ mais je veux surtout avoir un discours positif, souligner qu’il y a vingttrois joueuses complément­aires. » Laure Boulleau, elle, est davantage dans la nuance. La consultant­e Canal + est coordinatr­ice sportive au PSG féminin. Elle connaît très bien Katoto. « J’ai joué avec elle et je l’ai vue grandir. C’est un diamant. J’ai toujours respecté les listes, les raisons de Corinne Diacre lui sont propres, mais je suis très affectée par sa non-sélection. Ce n’est pas un mauvais élément dans un groupe. Ce n’est pas ce qu’a dit la sélectionn­eure mais il faut faire attention aux raccourcis que j’ai pu entendre. Pour elle, c’est un échec même si elle est jeune et qu’elle a le temps. J’espère qu’elle va rebondir. Ne pas jouer un Mondial à domicile, c’est très difficile. Maintenant, les filles ne méritent pas d’être parasitées par son cas. Elles n’y sont pour rien. S’il y a des défaillanc­es, on parlera de son absence, c’est obligatoir­e. »

athlétique ».

« On sent une vraie force de caractère, la rigueur, le dépassemen­t de soi et de l’abnégation. Cette équipe a une capacité à se hisser au niveau des plus grands », résume Pichon.

Gestion des émotions

C’est un paramètre prépondéra­nt dans l’évaluation des Bleues : le mental. Friables dans les têtes ces dernières années, alors qu’on leur prédisait un avenir radieux, les Tricolores ont-elles progressé dans la gestion de leurs émotions ? Boulleau répond par l’affirmativ­e.

« Je ne suis pas inquiète, pose l’ex-arrière-gauche. Ça va mieux dans ce domaine, dans le sens où l’homogénéit­é de l’équipe leur permet d’être plus sereines mentalemen­t. Tout le monde se donne de la force. Et une fois que l’appréhensi­on et le verrou du match d’ouverture auront sauté, les Bleues vont enchaîner. »

Ces derniers mois, Corinne Diacre a échangé avec le sélectionn­eur des Bleus, Didier Deschamps, qui a déjà vécu une compétitio­n en qualité de pays hôte (l’Euro 2016). De quoi mieux appréhende­r la pression médiatique

et les attentes du public. Tout en sachant qu’elle adaptera sa méthode à la psychologi­e féminine, davantage dans la rondeur. Pichon prône un certain lâcherpris­e et liste les tracas qui attendent les Bleues si elles ne parviennen­t pas à se libérer.

« Les filles vont vivre quelque chose d’exceptionn­el et il faut qu’elles le vivent. C’est difficile de s’en rendre compte dans leur position d’athlète, mais elles ne doivent pas avoir de regrets. Le risque est de jouer avec le frein à main, de se laisser embarquer dans un faux-rythme, sans dérouler son football. C’est manquer d’engagement, de vitesse, de jeu vers l’avant. Il ne faudra pas être dans la suffisance comme on peut l’être par moments. »

Le poste de gardienne

Corinne Diacre a sélectionn­é trois portières pour ce Mondial. Sans surprise, Sarah Bouhaddi partira n°1 dans la hiérarchie. Du haut de ses 140 sélections, la Cannoise est une taulière à Lyon où elle empile les trophées. Elue meilleure gardienne du monde ces trois dernières années,

l’Azuréenne suscite néanmoins quelques doutes en sélection. En raison de boulettes par-ci, par-là, à un poste exposé et en pleine évolution dans le foot féminin. Celle qui a débuté à Mouans-Sartoux a reconnu avoir « craqué » face aux critiques dont elle a fait l’objet durant l’Euro 2017. Une nouvelle défaillanc­e n’est pas à souhaiter : Pauline Peyraud-Magnin (2 capes) et Solène Durand (0) n’ont pas une immense expérience internatio­nale. Pichon et Boulleau, elles, ne lèvent pas tous les doutes.

« Je ne dirais pas que Sarah est un point faible, argue Pichon, parce qu’elle est capable de sauver les Bleues sur un match, de faire basculer la rencontre en remportant un face-à-face ou en stoppant un penalty, mais elle doit travailler sa concentrat­ion. A Lyon, elle n’est pas trop sollicitée et garder sa concentrat­ion ne serait-ce qu’à 90 % est compliqué. » « Elle est capable du meilleur comme du pire, ajoute Boulleau, qui a côtoyé Bouhaddi en Bleu. On ne peut pas trop prédire son niveau de performanc­e. Son classement de meilleure gardienne n’est pas hyper fiable selon

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