Cap sur la tradition !

Hier, les Mentonnais ont rendu hommage au patron des pêcheurs. Messe solennelle, procession, bénédiction des bateaux... Toutes les générations étaient rassemblées autour de cette fête populaire

Dans les ruelles ombragées de la vieille ville, les curieux attendent avec impatience une rock star très populaire à Menton. Hier, les flashs ont crépité pour immortaliser le patron des pêcheurs, à l’occasion de la traditionnelle Fête de la Saint-Pierre. Jamais au creux de la vague, le protecteur des « gens de la mer » a toujours autant le vent en poupe ! Après la messe solennelle – donnée par le Père Philippe Guglielmi – la statue de Saint Pierre quitte la basilique Saint-Michel pour une procession dans les rues de la cité. Aussi majestueuse que stoïque, la célébrité du jour est portée par un cortège des « Anciens de la place du Cap ». Le groupe folklorique La Mentonnaise, mais aussi l’association musicale La Garde et la chorale des Anciens de La Garde escortent l’impassible Saint-Pierre en musique jusqu’au Monument des Péris en Mer. Dans un silence, cinq gerbes sont déposées (1). Puis, une minute de silence est respectée

‘‘ pour rendre hommage à tous ceux qui ont péri en mer ou qui ont risqué leur vie. Car la mer Méditerranée sait être aussi dévastatrice que bienveillante. Depuis toujours, les pêcheurs vénèrent Saint-Pierre et lui demandent de contrer la fureur des éléments.

Puis, la procession se poursuit en direction de la capitainerie du Vieux-Port. La statue de Saint-Pierre est délicatement déposée à l’avant du navire baptisé Le Brigantin.

À bord, les membres des « Anciens de la place du Cap » – bande de copains du quartier – sont presque tous réunis. Avec le tee-shirt rayé – bleu et blanc – de marin. Dress code obligé. « En 2005, nous avons voulu relancer la Fête de la Saint-Pierre pour faire perdurer la tradition. Mais aussi pour nous permettre de réunir

les Mentonnais de la place du Cap, relate Richard. Nous sommes tous de vieux amis et certains sont partis loin, mais ils reviennent toujours pour la Saint-Pierre. »

À côté de lui, son acolyte Georges a parcouru... 12 000 kilomètres pour être avec ses amis d’enfance ! « Je vis en Thaïlande depuis dix ans. Mais, je ne loupe jamais la Saint-Pierre. C’est une tradition ! » Alors que Le Brigantin continue à voguer près du port de Garavan et que le Père Guglielmi procède à la bénédiction des navires, les « Amis de la place du Cap » se remémorent quelques souvenirs en chuchotant. « Quand nous étions petits, nous partions de la plage pour nager jusqu’à la capitainerie. Il n’y avait ni digue, ni commerces, ni restaurants... nous étions comme seuls au monde », relate Richard. Les fous rires à la sortie des cours, les mariages des uns et des autres... Les « Anciens » du Cap » badinent comme des enfants alors que Le Brigantin regagne le port pour la suite des festivités. Même la Saint-Pierre fait l’objet d’une discussion enflammée. « La première année, la statue était en plâtre et donc très lourde. Nous marchions pieds nus pour la transporter, c’était horrible. Nous avons eu les pieds complètement brûlés par le goudron ! », se souvient François.

Les retrouvailles des Mentonnais se sont poursuivies jusqu’à la nuit tombée. Aubade du groupe folklorique « La Mentonnaise », dégustation de soupes de poissons, soirée dansante sur l’esplanade Francis-Palmero puis embrasement de la barque sur la plage du Fossan… encore des souvenirs qui alimenteront les discussions animées lors de la prochaine SaintPierre.

J’ai fait   km pour voir mes amis d’enfance ”

1. Les gerbes de la ville de Menton, de la SNSM, des Anciens marins et marins anciens combattants, de la prud’homie des pêcheurs et de l’association «A Ciocoula».